Les bistouris oubliés dans l'abdomen et les histoires de jambe gauche
amputée alors que c'était la droite qui était gangrénée
ne sont malheureusement pas que des mauvais scénarios de série télé.
Les erreurs médicales sont courantes, mais heureusement rarement aussi
graves.
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Intervenir sur le mauvais bras ou la mauvaise jambe:
une erreur qui survient parfois. © Images
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» Définition : peut être
considérée comme erreur médicale toute complication postopératoire
sans commune mesure avec l'acte pratiqué et les suites qu'on pouvait attendre.
"Les erreurs sont plus fréquentes dans certaines disciplines telles
que la chirurgie ou la radiothérapie. Elles surviennent également
dans la prescription ou l'administration de médicaments", énumère
le Dr Dominique Courtois, président de l'Association d'aide aux victimes
d'accidents corporels (AAVAC).
» Les erreurs médicales répandues
: parmi les erreurs les plus courantes qui engendrent des conséquences
parfois désastreuses, on retrouve l'opération pour hernie discale.
Cette intervention chirurgicale consiste à retirer tout ou partie d'un
disque vertébral qui appuie sur le nerf sciatique. Si un saignement n'est
pas pris à temps, cet acte peut entraîner une paralysie de la jambe.
Les accidents sont assez nombreux également dans la spécialité
gynécologique. Certaines interventions ont lieu par célioscopie
et il arrive que des organes soient perforés si les instruments sont mal
manipulés à un moment donné. "Ce n'est pas une faute
technique en soi, mais il faut diagnostiquer et traiter aussitôt, ce qui
n'est pas toujours le cas", précise le Dr Courtois. Le cas échéant,
ce type d'erreur peut entraîner une péritonite qui peut elle-même
conduire à la mort.
"J'attire également l'attention sur les erreurs iatrogènes
médicamenteuses , c'est-à-dire dans la prescription ou l'administration
de médicaments, souligne Claude Rambaud, du Lien. Beaucoup de patients
décèdent parce qu'on leur a administré un médicament
auquel ils étaient allergiques ou parce que le dosage n'était pas
correct."
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Les erreurs de prescription ou de dosage d'un médicament
sont assez courantes et souvent graves.
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» Comment savoir qu'on a été
victime d'une erreur médicale ? "Lorsque des complications surviennent
après l'intervention, qui ne sont pas celles que nous a indiqué
le médecin avant l'intervention, ces complications peuvent être considérées
comme les conséquences d'une erreur médicale, explique Dominique
Courtois. Aujourd'hui, le médecin a l'obligation de vous avertir au moins
15 jours avant l'intervention de toutes les complications possibles, y compris
celles qui sont considérées comme exceptionnelles. Le patient signe
alors un document de consentement éclairé. Bien sûr, ce délai
de 15 jours ne s'applique pas lorsqu'il s'agit d'une urgence."
» Combien y a-t-il d'erreurs médicales
? C'est là le hic. Pour l'heure, une seule étude récente
a été menée en France pour tenter d'en savoir un peu plus
sur la quantité d'erreurs médicales. Cette Enquête nationale
sur les événements indésirables liés aux soins a montré
que la France avait un taux d'erreurs médicales comparable à la
Grande-Bretagne. Entre 350 000 et 460 000 "effets indésirables
graves" surviendraient chaque année au cours d'une hospitalisation.
Soit 3,5 % des admissions en chirurgie et 4,5% en médecine. L'AAVAC dit
quant à elle recevoir environ 10 000 dossiers à traiter
chaque année.