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Les conséquences d'une surirradiation n'apparaissent
généralement que plusieurs mois après l'accident. ©
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L'affaire d'Epinal, décortiquée par l'Autorité de sûreté
nucléaire et l'Inspection générale des affaires sociales,
est une succession de tant d'erreurs qu'elle constitue presque un cas d'école.
L'accident "résulte d'une méconnaissance ou d'un oubli des
règles élémentaires d'assurance-qualité :
traçabilité des pratiques, validation des doses, vérification
d'une formation adéquate du personnel pour accomplir la tache confiée."
A l'origine de l'erreur, un nouveau logiciel pour faire fonctionner l'appareil
de radiothérapie. Les utilisateurs ne disposent d'aucun guide d'utilisation
quotidienne en français, il n'ont reçu qu'une demi-journée
de formation, imparfaite qui plus est.
Le tout survient dans un contexte défavorable : les locaux de l'hôpital
d'Epinal sont exigus et vétustes, les mauvaises relations entre la direction
et le personnel font régner un climat néfaste aux bonnes pratiques.
Certains services de l'établissement posent problème et ont fait
l'objet de réserves lors que l'accréditation par la Haute autorité
de santé. Ce n'est toutefois pas le cas du service de radiothérapie.
C'est alors que l'erreur survient : une erreur de programmation dans le logiciel
de dosimétrie. Les patients sont irradiés avec des doses supérieures
à la prescription de 20 % à 30 %. La gestion de la
crise, qui éclate environ un an après le début des traitements,
n'est pas meilleure. Si les deux radiothérapeutes et le radiophysicien
qui ont repéré le surdosage signalent la faute à la direction,
celle-ci ne la relaie qu'auprès d'instances régionales. Les autorités
nationales ne sont prévenues qu'un an plus tard, alors qu'elles auraient
du être averties aussitôt. Même chose pour les patients, pour
lesquels la loi prévoit qu'ils doivent être convoqués et mis
au courant dans les deux semaines suivant la découverte de l'accident.
Certains l'apprennent par la presse !
Le rapport de l'Igas et de l'ASN relève que "les effets de l'accident
ont été constamment minimisés : les personnels hospitaliers
ont considéré que tout malade dont on n'avait pas de nouvelles allait
forcément bien et que, lorsqu'ils étaient informés d'une
complication, il n'y avait rien de plus à faire. (
) Les malades sont
restés livrés à eux-mêmes, sans organisation sanitaire
d'ensemble."
Toulouse aussi dans le flou
Le cas des irradiés de Toulouse est a priori beaucoup moins grave, selon
les autorités sanitaires. "Au total 145 personnes ont reçu
des doses de 25 % à 225 % supérieures à la dose prescrite,
rappelle toutefois Christophe Léguevaques, avocat de l'association SOS
irradiés 31, qui regroupe près de la moitié des surirradiés.
Sachant que les doses prescrites à la base sont toujours à la limite
du seuil supérieur autorisé, on imagine aisément que les
doses reçues peuvent faire de très importants dégâts."
" 145 patients trop irradiés
à Toulouse " |
Six mois après la découverte de ces erreurs, on ne connaît
pas encore bien les causes de l'accident. "A priori, il s'agit plutôt
d'une erreur d'organisation et d'un problème de formation des équipes
médicales, précise Christophe Léguevaques. Nous attendons
le rapport de l'Igas, d'ici un mois, pour en savoir plus. L'hôpital reconnaît
qu'il y a eu un cafouillage, mais pas forcément ses conséquences."
"Parmi d'autres questions, il s'agit surtout d'un problème de matrériel",
tempère le professeur Mornex.
Pour l'heure, l'ASN reproche surtout à Rangueil de ne pas avoir trouvé
les bonnes personnes pour faire fonctionner cet appareil de radiothérapie
très complexe, à la pointe de la technologie. L'ironie du sort,
c'est qu'il existe dans la région le centre Claudius Regaud, spécialiste
de traitement du cancer, notamment par radiothérapie. Mais le nouvel appareil
aurait été installé à Rangueil car il n'était
pas destiné à soigner uniquement des malades du cancer.
Les malades ont-ils été prévenus dans le délai de
deux semaines imparti par la loi ? "Sans doute, mais par une lettre type
et impersonnelle, sans qu'on prenne la peine de les appeler", souligne
Christophe Léguevaques. Difficile de dire comment cela s'est précisément
passé à Rangueil, mais la procédure habituelle veut que les
patients soient convoqués un par un, dès que l'on s'aperçoit
du surdosage. Chacun se voit expliquer le problème, ses conséquences
et proposer un suivi par des spécialistes.