"La radiothérapie est une technique très efficace dans le
traitement du cancer," explique le professeur Françoise Mornex, Secrétaire
Générale de la Société Française de Radiothérapie
Oncologique (SFRO). Elle peut également être utilisée dans
le traitement de certaines tumeurs bénignes ou de pathologies des artères.
Quelque 200 000 patients reçoivent un traitement par irradiation,
chaque année, en France.
Le principe est simple et a été découvert il y a plus
d'un siècle par un médecin lyonnais. Les rayons envoyés à
une certaine dose (mesurée en Gray) à la tumeur endommagent les
chromosomes des cellules. Ainsi, elles meurent aussitôt ou survivent quelques
temps mais, incapables de se reproduire à nouveau, finissent par disparaître.
Problème : pour atteindre les cellules tumorales, les rayons doivent
traverser les cellules saines du corps. Leurs chromosomes se trouvent ainsi
également cassés mais la cellule saine est capable, grâce
à un enzyme, de réparer ces cassures. "Pour cela, il ne faut
pas administrer une trop forte dose de radiations, même si une dose supérieure
permettrait de mieux éradiquer la tumeur. On délivre ce qu'on peut
et non ce qu'on veut", indique Françoise Mornex.
Effets secondaires
Même totalement contrôlée et dans des dosages normaux, la
radiothérapie risque d'entraîner quelques effets secondaires bénins.
"Ils sont normaux, attendus et font partie du traitement. Ils disparaissent
quelques jours après la fin du traitement et sont sans gravité",
insiste le professeur Mornex. Tout dépend de la zone à traiter.
Dans le cas d'une tumeur de la prostate, on pourra par exemple noter une rectite,
c'est-à-dire une irritation du rectum. S'il s'agit d'une tumeur au poumon,
le patient pourra ressentir une irritation de l'oesophage ou de la trachée.
"Parfois, notamment dans les traitement de la zone ORL, la peau peut également
être irritée, comme un coup de soleil ou une brûlure cutanée
transitoire." Lorsque des effets secondaires anormaux apparaissent, c'est
soit que le patient fait une réaction violente aux rayons (très
rare), soit qu'il y a eu surdosage. Dans certains cas, comme à Epinal,
ces effets secondaires peuvent aller jusqu'à entraîner la mort. Pour
mesurer et surveiller ces effets, une échelle existe, gradée de
0 à 5. "Quatre désigne un effet secondaire majeur. Les effets
"normaux" de la radiothérapie ne dépassent pas 1 ou 2."
Des contrôles rigoureux
Toute une structure de surveillance existe autour de la radiothérapie.
"Les services de radiothérapie sont placés sous la responsabilité
de l'Autorité de sûreté nucléaire et doivent donc obéir
à des règles de sécurité similaires à celles
de centrales nucléaires. Nous sommes beaucoup plus contrôlés
que l'immense majorité des autres services des hôpitaux." Ainsi,
chaque appareil est contrôlé et surveillé quotidiennement
par le physicien et les dosimétristes du service. Il fait l'objet d'une
maintenance préventive obligatoire et régulière. De même,
l'ASN procède souventà des vérifications. "Nous avons
bien conscience que le matériel est de plus en plus sophistiqué
et doit donc être contrôlé d'autant plus étroitement",
insiste Françoise Mornex.