|
|
La radiothérapie obéit à des techniques
ultra-précises qui nécessitent une grande spécialisation.
© Images
|
|
"L'accident d'Epinal est plus grave que prévu." C'était
il y a quelques semaines : Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé,
annonçait avec appréhension que 300 autres patients avaient été
identifiés comme victimes de surirradiations à l'hôpital d'Epinal,
portant ainsi le nombre de victimes à 721, dont cinq personnes décédées.
Qualifiant cet accident d'"affaire sanitaire d'une ampleur rarissime",
la ministre avait alors promis que la lumière serait faite sur les circonstances
de cette catastrophe et que les victimes seraient indemnisées rapidement.
L'affaire des irradiés d'Epinal constitue une sorte de cas d'école,
avec une accumulation d'erreurs différentes. Ce que confirme le
professeur Françoise Mornex, Secrétaire Générale de
la SFRO. "Ce qui s'est passé à Epinal est un véritable
drame qui a bouleversé toute la communauté des oncologue radiothérapeutes
de France et d'Europe. L'affaire est en cours d'analyse et il semble que des erreurs
aient eu lieu à plusieurs niveaux, notamment humain. Nous somme très
choqués et préoccupés par ce qui s'est passé et
nous souhaitons apporter notre concours aux patients, à leurs familles
et aux équipes soignantes concernées."
C'est au cours de l'été 2005 que les deux médecins radiothérapeutes
et le radiophysicien de l'hôpital se rendent comptent qu'ils ont surdosé
les radiations prodiguées à 23 patients atteints de cancers
de la prostate. Cela pourrait expliquer les symptômes anormaux qui sont
apparus chez certains patients depuis le début de la même année.
En septembre, les autorités régionales sont alertées et seulement
sept patients contactés. Les seize autres ignorent encore qu'ils ont été
victimes d'une erreur de dosage. Ce n'est qu'en juillet 2006, soit près
d'un an plus tard, que les autorités nationales seront mises au courant
du problème.
Entretemps, quatre patients sont morts et l'on a pu constater que dix malades
au moins présentent des symptômes sévères : douleurs
intenses, hémorragies nécessitant des transfusions, etc. Au fil
de l'enquête, on découvre que ce ne sont plus 23 mais bientôt
400 et finalement 721 patients de l'hôpital d'Epinal qui ont été
trop irradiés. Aujourd'hui, cinq d'entre eux sont décédés
et 24 sont gravement atteints.
Toulouse, beaucoup moins grave
Les tristement célèbres irradiés d'Epinal ne sont pas les
seules victimes de rayons trop puissants. Plus récemment, le CHU Rangueil
de Toulouse a reconnu un dysfonctionnement de l'appareil, qui a conduit à
la surirradiation de 145 patients. "Mais cet accident n'a aucune mesure
avec celui d'Epinal, souligne Françoise Mornex. D'abord, il s'agit apparemment
d'un problème de matériel plutôt que d'une erreur humaine.
Ensuite, les surirradiations sont moins importantes et semblent avoir entraîné
des conséquences beaucoup moins graves."
"D'autres incidents sans gravité" |
D'autres accidents plus isolés ont également été
rapportés à l'Autorité de sûreté nucléaire.
Ainsi en 2003, déjà, un accident du même type a eu lieu au
CHU de Grenoble. La victime avait alors dû être opérée
pour une nécrose tissulaire. Plus grave encore, au CHU de Lyon-Sud, une
patiente surirradiée en 2004 est finalement décédée
de complications en 2006. Des signalements qui ne signifient pas pour autant que
le nombre d'incidents a augmenté ou qu'il est anormalement élevé.
"Suite à l'affaire d'Epinal, la décision a été
prise de signaler à l'Autorité de sûreté nucléaire
le moindre incident, même sans conséquences, au niveau d'un service
de radiothérapie, explique le Professeur Mornex. Le nombre de signalements
a donc augmenté et la presse s'est affolée, mais cela ne signifie
rien. Le but est avant tout de prévenir en analysant les dysfonctionnements
pour éviter les dérapages."