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La mauvaise conduite des automobilistes est une source
de colère importante. ©
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"La colère se définit
comme une réaction à la frustration" |
Emotion secondaire
Une grève de bus, une réflexion désobligeante faite par
une amie, un trousseau de clef oublié au restaurant, votre
enfant qui casse votre vase préféré
Comme le dit si bien
Stéphane Rusinek, professeur de psychologie clinique, "à
moins d'être roi d'un pays", nous sommes tous confrontés
au quotidien à des situations désagréables qui peuvent
provoquer en nous des émotions négatives et plus particulièrement
des colères. Nous en vivons tous, plus ou moins régulièrement
et avec une intensité variable. La colère est avant tout
une émotion instantanée et secondaire. "Elle est déclenchée
par d'autres émotions comme la peur et la tristesse", souligne
Stéphane Rusinek. La colère est cependant fondamentalement
différente de la tristesse. Elle se définit comme une réaction
à la frustration. C'est une émotion simple qui traduit l'insatisfaction.
On peut éprouver de la colère envers soi-même et envers
autrui. Selon l'importance de l'insatisfaction, la colère
se décline en une palette d'émotions qui va du mécontentement
à la fureur en passant par l'exaspération et l'irritation.
C'est, par ailleurs, le degré d'agressivité qui détermine
la puissance d'une colère. La rage, par exemple, est déclenchée
en partie par l'impuissance à se soustraire à la situation
non désirée. La révolte est spécifique aux situations où
on perçoit une injustice.
Les Français face à la colère
TNS Sofres a réalisé une étude sur les 7 péchés capitaux
et sur la perception qu'ont les gens de la colère. Selon
cette étude, 2 % des gens se disent quotidiennement
en colère, 21 % souvent, 48 % de temps
en temps, 20 % rarement, 8 % jamais. Ces chiffres
nous amènent à la conclusion que les Français ne sont pas
particulièrement colériques. Par contre, près de 50 %
d'entre eux trouve cette émotion grave ou très grave. Pour
15 % des gens interrogés, la colère est le péché le
plus représentatif de notre société derrière l'envie
et la paresse. A la question "Imaginez que vous envisagiez
de vivre à deux. Parmi les sept péchés capitaux, lequel
pourrait vous dissuader de vivre ensemble, si la personne
de votre choix le commettait fréquemment ?", 17 %
ont répondu la colère, juste derrière l'avarice et la
paresse.
* Enquête réalisée en face à face du 12 au 13 mars 2003
pour Zitrocom auprès d'un échantillon national de 1000 personnes
représentatif de l'ensemble de la population française âgée
de 18 ans et plus. Méthode des quotas (sexe, âge, profession
du chef de ménage PCS) et stratification par région et catégorie
d'agglomération.
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Stéphane Rusinek, auteur
du livre "Les émotions"
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Les femmes sont-elles plus colériques
?
L'avis de Stéphane Rusinek, professeur de psychologie
clinique : "Il n'y a pas de différence émotionnelle
entre les hommes et les femmes sauf en cas de modifications
hormonales (ménopause, grossesse, thyroïde
) Pour preuve,
chez les bébés on ne note pas de différence. Ce sont la
culture et l'éducation qui amènent à ce qu'hommes et femmes
ont des réactions différentes face à leurs émotions. Pour
preuve, on dira d'un petit garçon qui se met à pleurer,
qu'il fait un caprice, alors qu'on dira que c'est de la
tristesse pour une petite fille. L'interprétation émotionnelle
est différente selon les sexes. Il semblerait aussi que
la colère soit mieux acceptée chez les hommes que chez les
femmes. Chez l'homme, cette colère peut être traduite comme
une réaction viscérale. Alors que les femmes qui se mettent
en colère sont considérées comme suspectes.
Je suis persuadé qu'il y a eu une petite évolution mais
il y a encore une grande différence de représentation sexuée
dans le monde. Si l'on prend le cas du débat Sarkozy / Royal
(référence à la colère de Ségolène
Royal sur la scolarisation des enfants handicapés),
il est certain que la réaction des téléspectateurs aurait
été différente si la situation avait été inversée. Une colère
de la part de Sarkozy aurait été mieux acceptée.