Pandémie de grippe humaine

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Trente millions de morts, des millions de personnes malades, une génération traumatisée par ces douloureuses pertes qui viennent s'ajouter aux millions de victimes de guerre. Non, ça n'est pas le scénario du prochain blockbluster hollywoodien, mais les conséquences bien réelles de la terrible pandémie de grippe de 1918.
Bien que les chiffres varient selon les estimations - les plus rassurantes parlent de 20 millions de morts et les plus alarmistes de 100 - la grippe de 1918 fut l'une des pandémies les plus meurtrières à ce jour.

Décembre 1918, Seatlle, policiers portant des masques pour se protéger de la grippe.
 
Décembre 1918 , policiers à Seattle portant des masques de la croix-rouge pour se protéger de la grippe.
Photo © National Archives at College Park
 

La grippe de 1918 est souvent appelée à tort grippe espagnole : les journaux espagnols, libres de censure, étaient les seuls à parler de cette épidémie. Les pays comme la France, l'Allemagne ou l'Angleterre passaient sous silence le nombre de victimes pour ne pas que l'ennemi soit au courant de leurs faiblesses.
Le virus de 1918 (virus A H1N1) serait parti de Chine pour conquérir toute la planète. Foudroyant virus qui colonisa les Etats-Unis en une semaine environ, il ne lui aura fallu que quelques mois pour infecter plusieurs pays de tous continents.
Cantonée au départ à quelques foyers, l'épidémie s'est donc propagée à travers le monde pour gagner ses galons de pandémie. Car pour prétendre au titre de pandémie, une épidémie se doit de s'étendre à une population entière, à un continent, voire au monde entier. Ainsi, la vitesse fulgurante de propagation du virus de 1918 a fait prendre conscience de la nature internationale de ce type de menace.

Contagion et virulence

Tous les virus ne sont pas à l'origine de pandémies : celui de 1918 par exemple réunissait les deux conditions nécessaires pour devenir une menace mortelle : il était à la fois contagieux et virulent.
Ces deux paramètres sont essentiels pour évaluer la force de propagation d'un virus. La contagiosité désigne la capacité du virus à se propager au sein d'une population ; la virulence correspond, elle, à la létalité du virus, c'est-à-dire la proportion de décès par rapport au nombre de personnes infectées.
Concernant la grippe avaire, certains scientifiques estiment par exemple que si le virus mutait et devenait transmissible d'homme à homme, il infecterait de 50 à 60% de la population mondiale, soit environ 2 milliards d'individus. Pour la virulence, impossible de donner une estimation sans connaître la souche virale en question. Par exemple, la plupart des pandémies ont des taux de virulence de 0,4%. La grippe de 1918 culmine à 3% de taux de létalité.

Virus de 1918 = virus actuel ?

Bien qu'il soit éradiqué depuis de nombreuses années, le virus de 1918 intrigue les chercheurs, notamment en raison de certaines similitudes troublantes avec le virus qui nous menace : il serait également d'origine aviaire (porcine selon certaines hypothèses).
Référence en matière de pandémie, les chercheurs tentent donc de réanimer le virus de 1918 afin d'en tirer les enseignements nécessaires pour contrer une éventuelle nouvelle pandémie. Sauf qu'à l'époque, le nombre de voyageurs était beaucoup moins important et pour faire un Paris-New York, plusieurs jours étaient nécessaires. Mondialisation des échanges et avancées technologiques obliges, la situation est bien différente aujourd'hui : six heures suffisent pour traverser l'Atlantique et rien que dans les aéroports de Paris, 64 506 000 voyageurs internationaux (1) ont transité en 2006. Des chiffres qui donnent la mesure de la menace qui pèse sur nous si une nouvelle pandémie venait à se déclarer. Dans un environnement mondialisé où la circulation des biens et des personnes s'accélère constamment, les risques épidémiques sont quasiment permanents.

Selon les derniers chiffres de l'OMS (10 septembre 2007), 328 personnes dans le monde ont été infectées par le virus de la grippe aviaire, 200 en sont morts, soit un taux de létalité de 60,85%.

(1) Source : Service Economie, Statistiques et Prospective (SESP) du Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables


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