Antibiotiques

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C'est notre réputation de par le monde : la France est une championne hors-pair en termes de prescription de médicaments, notamment d'antibiotiques. Là où les Anglais ou les Américains prescrivent de prendre son mal en patience pour éradiquer le rhume ou la grippe, les Français ressortent généralement de chez le médecin avec une ordonnance longue comme le bras.

 
La France a longtemps été la plus mauvais élève de l'Union européenne en terme de prescriptions d'antibiotiques. Elles ont beaucoup baissé dans les années 2000. ©  Images
 

On dénombre environ 80 millions de prescriptions d'antibiotiques par an : 80 % dans les cabinets en ville, 20 % à l'hôpital, estime un rapport du ministère de la Santé sur le plan antibiotiques 2001-2005.

Même si ces chiffres ont considérablement baissé en cinq ans (environ un quart de prescriptions en moins), la Direction générale de la Santé admet qu'ils restent encore beaucoup trop élevés : "Jusqu'au début des années 2000, la France était le pays européen qui consommait le plus d'antibiotiques. Désormais, elle se situe en deuxième position après la Grèce en termes de consommation d'antibiotiques en ambulatoire. A situation équivalente, les Européens du Nord consomment trois à quatre fois moins d'antibiotiques que nous. 16 millions de prescriptions annuelles d'antibiotiques en Hollande, par exemple, contre 80 millions en France." En 2003, quelque 34 pays européens se sont unis pour créer un réseau de surveillance, le European Surveillance of Antimicrobial Consumption, qui permet de centraliser ces données afin de mieux comparer d'un pays à l'autre, pour éventuellement s'inspirer des autres politiques de santé publique.

Prescriptions inutiles

Mais alors, à qui la "faute" ? Pourquoi sommes-nous accros aux antibiotiques ? "Ce n'est pas une question de faute, en tout cas, il ne faut pas tout rejeter sur le médecin qui prescrit, souligne Didier Guillemot. Il y a un aspect historique à tout cela, une croyance populaire selon laquelle si jamais les antibiotiques ne font pas de bien, ils ne peuvent pas non plus faire de mal. Evidemment, ça n'est pas vrai, mais l'idée est toujours dans les esprits, même si beaucoup moins qu'avant." La Direction générale de la Santé renchérit en soulignant "une tentation fréquente des médecins à céder à la pression évidente de la part des patients". Des patients qui, de leur côté, disposent de "connaissances très incomplètes sur les indications des antibiotiques, sur les effets négatifs au niveau individuel, sur les résistances". Et de souligner également le contexte "médico-judiciaire", qui peut inciter, parfois, à sur-prescrire pour éviter toute accusation de négligence.

"Ne pas jeter la pierre aux médecins"

Conséquence de taille : environ 30 % des prescriptions d'antibiotiques sont ainsi non seulement inutiles mais inappropriées puisque la maladie est virale. Ces erreurs de prescriptions se retrouvent surtout au niveau des maladies ORL, dont il est parfois difficile de définir l'origine.
Fatalement, toutes ces erreurs ou surprescriptions entraînent une résistance de plus en plus grande de la part des bactéries. "La résistance aux pneumocoques et aux staphylocoques dorés est notamment plus élevée en France qu'ailleurs en Europe", développe Didier Guillemot.


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