Le terme vous dit forcément quelque chose. Il est au cur des préoccupations
des autorités sanitaires depuis déjà plusieurs années
: certaines bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques,
qui n'arrivent plus à les détruire. Heureusement, le plus souvent,
elles ne sont résistantes qu'à une famille d'antibiotiques et peuvent
être détruites grâce à une autre. Mais depuis quelque
temps, des bactéries multi-résistantes à plusieurs familles
d'antibiotiques se sont développées.
Une bactérie peut devenir résistante du jour au lendemain. Pour
ce faire, elle dispose de plusieurs moyens, explique Josette Midrecourt, de l'Ordre
des pharmaciens : "Elle peut bloquer l'antibiotique et l'empêcher
de pénétrer dans sa structure, elle peut excréter cet antibiotique
qui avait réussi à entrer mais était resté inactif.
Elle est également capable de modifier la cible que cherchait à
atteindre l'antibiotique ou encore de digérer les enzymes qui étaient
destinés à la détruire." Avec à chaque fois le
même résultat : l'antibiotique devient inopérant. A noter
que la résistance peut être transmise à d'autres bactéries
qui ne l'étaient pas jusqu'alors. D'où un risque de dissémination
rapide très élevé.
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Pour éviter de développer la résistance
des bactéries, on peut réaliser un antibiogramme afin de déterminer
quelle potion sera la plus efficace. © Images
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» Le staphylocoque doré est sans
doute le plus coriace aujourd'hui. "Il est devenu résistant à
la pénicilline il y a déjà longtemps, précise Didier
Guillemot, de l'Institut Pasteur. Aujourd'hui, seuls un ou deux antibiotiques
en viennent à bout." Le staphylocoque résistant est particulièrement
redouté des hôpitaux. Il y est responsable de nombre d'infections
nosocomiales, certaines entraînant des septicémies fatales.
» E-coli, la bactérie responsable de
certaines gastros et troubles intestinaux donne elle aussi du fil à retordre,
dans une moindre mesure.
» Les pneumocoques sont également parfois
récalcitrants.
» "On rencontre également des difficultés
pour traiter certains cas de tuberculose, souligne Didier Guillemot. Mais en France
ce phénomène n'est pas encore trop développé."
Oui, la résistance des bactéries est clairement liée
à la consommation d'antibiotiques. Mais pas forcément de la
façon dont on imagine. "Ce n'est pas à cause des antibiotiques
mais à cause de leur exposition aux antibiotiques que les bactéries
deviennent résistantes, rectifie Didier Guillemot. Les antibiotiques éliminent
les bactéries qui ne savent pas résister, du coup, les résistantes
se retrouvent proportionnellement plus nombreuses et ce sont elles qui se multiplient
et prolifèrent." En somme, une véritable sélection naturelle.
Règles d'hygiène
Ce phénomène est inévitablement amplifié par le
fait que les antibiotiques sont utilisés en masse. D'où l'importance
de réduire leur consommation au strict nécessaire. Plusieurs mesures
sont préconisées de par le monde pour lutter contre cette résistance
:
» Eviter les prescriptions inutiles d'antibiotiques,
qui ont parfois lieu lorsqu'on ne sait pas bien si l'infection est virale ou bactérienne.
Cela représenterait 30 millions de prescriptions chaque année
en France, estime-t-on à l'Ordre des pharmaciens. Or, "la prise d'antibiotiques
n'est jamais anodine, rappelle Josette Midrecourt. Chaque nouvelle prescription
d'antibiotiques contribue à réduire les possibilités de traitements
futurs."
» Eviter également la prescription
d'antibiotiques à spectre large, c'est-à-dire capables de lutter
contre diverses bactéries. On les donne généralement quand
on ne sait pas trop à quoi on a à faire, pour être sûr
de ne pas manquer sa cible. Souvent, réaliser un antibiogramme (tester
la réaction des bactéries à diverses antibios) permet de
mieux cibler et de donner l'antibiotique qui attaquera précisément
la bactérie incriminée.
» Prendre scrupuleusement ses médicaments
jusqu'au bout, même si on ne s'estime plus malade.
» "Mais aussi, respecter les règles
d'hygiène de base, comme se laver régulièrement les mains
par exemple, souligne Didier Guillemot. La meilleure façon de lutter contre
les bactéries, c'est encore d'éviter qu'elles se développent,
non ?"