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Septembre 2006

La France consommatrice n°1

La consommation d'antidépresseurs reste colossale en France. Sommes-nous plus déprimés que nos voisins ? Sommes-nous mieux pris en charge ? Le point pour mieux comprendre.
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Sommaire

Les médicaments psychotropes ont pour objectif de proposer une réponse chimique à un trouble psychiatrique identifié. Mais au vu des progrès réalisés ces dernières années, ils sont de mieux en mieux tolérés. Le risque c'est de tendre vers une banalisation de la consommation de ces médicament.

Etat des lieux de la consommation Française

Bien que les dernières statistiques de la Sécurité sociale (juillet 2006) indiquent une baisse de la vente d'antidépresseurs de 6% sur les six premiers mois de l'année 2006, la France reste le plus grand consommateur de médicaments psychotropes en Europe. Un rapport récent de l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (juin 2006) trace l'état des lieux de la consommation de ces médicaments en France. Il confirme la situation particulière de la France : "la consommation de ces médicaments, notamment celle des anxiolytiques et hypnotiques, est en moyenne deux fois plus élevée en France que dans les autres pays européens, l'écart étant particulièrement flagrant avec l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas".
Par ailleurs, le rapport souligne que toutes les tranches d'âges consomment des psychotropes : "les personnes âgées sont particulièrement exposées, avec un usage le plus souvent chronique. La consommation de médicaments psychotropes concerne moins de 5 % des enfants jusqu'à l'adolescence, et augmente nettement ensuite, avec plus d'une fille sur 4 et près d'un garçon sur 5 ayant consommé des médicaments psychotropes avant l'âge de 18 ans".
Enfin, d'après la dernière enquête de l'Office Français des Drogues et des Toxicomanies, les femmes quel que soit leur âge, consomment plus de psychotropes que les hommes.

Consommation de psychotropes en France au cours d'une année
  Hommes Femmes
Antidépresseurs 6% 12%
Anxiolytiques et Hypnotiques 12% 20%
Source : OFDT / 2002

Si cette situation n'est pas nouvelle, elle reste préoccupante dans la mesure où elle ne fait qu'empirer avec les années. Pour preuve, le montant remboursé par l'assurance maladie pour les médicaments psychotropes, d'environ un milliard d'euros en 2004, équivalait en 1980 à 300 millions d'euros. Sur les dix dernières années, c'est surtout la consommation d'antidépresseurs qui semble en augmentation du fait de la mise sur le marché de molécules mieux tolérées et plus coûteuses. Ils représentent aujourd'hui plus de 50% des ventes, contre 25% en 1980.

Pourquoi une telle consommation ?

Aux Pays-Bas, où la fréquence des troubles psychiatriques est sensiblement la même qu'en France, la consommation de psychotropes est l'une des plus faibles d'Europe. Alors qu'est-ce qui explique cette surconsommation de la France ?
Selon le rapport des parlementaires, "les facteurs explicatifs du niveau de consommation des médicaments psychotropes en France paraissent relever de la conjonction de multiples facteurs". Parmi eux, les pratiques de prescription jouent probablement un rôle. Et pour cause, dans 80% des cas, ce sont les généralistes et non le psychiatre spécialiste qui prescrit les médicaments psychotropes. Si les généraliste assurent en effet la prise en charge de troubles psychiatriques avérés, ils doivent également répondre aux demandes de leurs patients liées aux événements de la vie quotidienne, aux problèmes familiaux, professionnels etc. Résultat, vraies pathologies et légers troubles sont parfois mises sur le même plan.
Les prescriptions ne sont donc peut-être pas toujours adaptées aux troubles. Le rapport met en évidence ce paradoxe : "la moitié des personnes consommant des antidépresseurs et plus de deux tiers de celles ayant des anxiolytiques et hypnotiques ne présentent pas de troubles psychiatriques relevant d'une telle indication" alors que "moins d'une personne sur trois souffrant de dépression bénéficie d'un traitement approprié".
Qui plus est, les durées de prescription semblent peu respectées : "elles sont longues quand elles devraient être courtes, supérieures à 6 mois pour plus de trois quarts des usagers d'anxiolytiques, alors que la durée recommandée maximale est de 3 mois, et courtes quand elles devraient être longues, inférieures à un mois pour au moins une personne sur 4 traitée par antidépresseur, alors que ce traitement doit être poursuivi au moins 6 mois après la rémission de l'épisode dépressif".
Restent d'autres voies d'explication, telles que le manque de formation des médecins, ou un déficit de l'offre de soins en psychothérapies par exemple.

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