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Dossier
02/04/2007

Stéphane Kassab : "L'argent ne devrait pas être le seul critère de sélection"

Stéphane Kassab Comment savoir si l'on est prête à subir une telle opération, à qui s'adresser ? Stéphane Kassab, chirurgien plasticien à la clinique Elysée Montaigne à Paris, lève le voile sur la chirurgie des seins.
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A qui s'adresse la chirurgie des seins ?

Aux femmes de tous âges. La fourchette est large. Il nous arrive d'opérer des mineures de 16 ans, avec l'accord des parents bien sûr. Ce n'est pas courant, mais cela peut arriver si des soucis fonctionnels et/ou psychologiques sont avérés, quand il y a une réelle souffrance qui retentit sur l'état psychologique de la jeune fille. On relève parfois un mal-être profond, qui peut être source d'échec scolaire ou de problèmes relationnels. Parfois, il est évident que la nature ne peut rien faire, dans les cas d'agénésie ou d'hypogénésie par exemple (absence totale ou partielle de glande mammaire). Dans ce cas, lorsque ce n'est pas un simple caprice, on peut opérer. Il peut aussi s'agir de femmes plus âgées, qui, suite à des grossesses, ont subi des déformations mammaires. Nous n'intervenons que si l'état de santé le permet. J'ai par exemple opéré une femme de 70 ans qui avait encore des relations sentimentales et se souciait de son apparence. C'est rare mais pas étonnant. Mais la tranche moyenne reste les 20-50 ans.

Comment savoir si l'on est prête ?

Il faut avant tout que le mari ou le compagnon soit informé et accepte ce choix. Cela aide beaucoup psychologiquement. Même si le "problème" physique ressenti par la femme ne le gêne pas, le mari doit prendre en compte la gêne de celle-ci et l'accepter, la soutenir dans sa démarche. C'est généralement pour elle qu'elle le fait. Mais le plus souvent, lorsqu'elle a pris sa décision, elle est réfléchie, mûrie. Elle connaît déjà la question, en a parlé autour d'elle. Elle a besoin d'être rassurée mais, souvent, elle est déjà bien informée sur le sujet. On discute alors de questions concrètes : où disposer la cicatrice, l'implant. Mais, psychologiquement le pas est déjà passé quand elle consulte. Si je la sens hésitante, je lui dis de réfléchir vraiment. Elle est la seule à pouvoir prendre la décision. Si c'est parce qu'elle a peur et que je sais qu'elle en a besoin et qu'elle sera soulagée, je l'incite à le faire, je la rassure sur la sécurité d'une telle opération : l'anesthésie, le suivi, l'environnement. La sécurité est maximale.

Une fois la décision prise, quelles sont les démarches à suivre ?

Une fois que la décision est mûrie, il faut qu'elle s'adresse à un chirurgien plasticien qui lui donnera toutes les informations dont elle a besoin lors d'une première consultation. Elle peut faire appel à la Société française de chirurgie plastique, la société officielle de chirurgiens plasticiens, ou à l'Ordre national des médecins, seul habilité à reconnaître les qualifications professionnelles des médecins. Il lui communiquera alors une liste de chirurgiens et leurs coordonnées. Mais ce qui fonctionne le mieux reste le bouche à oreilles.

Comment savoir si l'on choisit le bon chirurgien ?

Si son nom vous a été communiqué par le Conseil national des médecins, cela signifie qu'il est compétent. Ensuite, comme pour toute relation humaine, il faut que le courant passe, que vous vous sentiez bien et en confiance. C'est une question de feeling. Il y a forcément un lien qui se crée. Si vous n'êtes pas convaincue au premier rendez-vous, n'hésitez pas à en consulter un autre.

Dans quels cas l'opération est-elle prise en charge par la sécurité sociale ?

Quelle que soit l'opération, la prise en charge est partielle seulement. Les critères de référence de la sécurité sociale définissent qu'une prise en charge est possible pour une hypertrophie mammaire (développement particulièrement important d'un tissu ou d'un organe, N.D.L.R.) supérieure ou égale à 300 grammes par côté. Sont donc exclues les petites hypertrophies. Pour ce qui est des augmentations mammaires et donc des cas d'hypotrophies, une prise en charge peut être envisagée s'il s'agit d'anégésie. Il faut alors parvenir à une entente préalable entre le médecin et la patiente qui n'est possible que dans des cas de troubles psychologiques, de pathologie. Si le trouble est avéré, le médecin remplit un formulaire que la patiente envoie à la sécurité sociale. Celle-ci étudie alors le dossier et lui donne une réponse dans les deux à trois semaines. Pour ce qui est de la ptose (descente ou placement anormalement bas de la glande mammaire, N.D.L.R.), la prise en charge est possible dans des cas bien particuliers, comme une perte de poids importante due à une gastroplastie (traitement chirurgical de l'obésité, consistant à réduire la capacité gastrique, N.D.L.R.). Quel que soit le cas, il reste à l'appréciation du médecin expert de la sécurité sociale.

Existe-t-il des différences de traitement entre hôpitaux et cliniques ?

Absolument. Ce qui explique les différences de coût également. La prise en charge humaine n'est pas la même. Ce genre d'opération nécessite des soins, une écoute particulière, plus adaptés à une petite structure où le personnel est moindre et plus disponible pour les patients. En hôpitaux, il y a davantage de barrières, moins de contact humain, plus d'anonymat.

Quel coût faut-il prévoir ?

Pour les structures privées, le coût dépend de la catégorie de l'établissement. Plus la prestation est de qualité, plus les coûts seront élevés. Cela dépend aussi du chirurgien, de sa notoriété, de son savoir-faire. Mais, avant de parler d'argent, il faut se renseigner sur le chirurgien, s'assurer que c'est un plasticien. L'argent ne devrait pas être le seul critère de sélection. Dans la mesure du possible, fiez-vous à la compétence du médecin. Si je devais donner une fourchette, je dirais entre 4 500 et 6 500 euros, selon ce qu'on veut faire.

Quels sont les effets secondaires ?

Sur le long terme, il faut savoir que la prothèse devra être changée au bout de 10 à 15 ans. Il n'existe pas encore d'implants à vie. Cela peut aussi être plus tard si on voit à la mammographie que l'implant se porte bien. Mais il est voué à s'user, et qui dit usure dit effraction de silicone. Il n'y a aucun risque, il s'agit d'un gel cohésif isolé. La seconde opération est moins lourde que la première. Quant aux effets secondaires immédiats, il s'agit des suites opératoires classiques, à savoir la cicatrisation et tout ce que cela suppose. Je recommande 15 jours d'inactivité physique. L'activité sociale et professionnelle, hors cas particluiers de professions demandant un effort physique, peut être quant à elle reprise dans les 3 à 4 jours qui suivent l'opération. L'hospitalisation dure 24 heures, du matin de l'opération au lendemain.

Quelles règles faut-il respecter après l'opération ?

Une hygiène de vie adaptée à l'opération que vous avez subie. Pour l'hypertrophie, veillez à ne pas reprendre de poids, ou alors peu et pas trop vite. Ensuite, attendez le temps de cicatrisation nécessaire. Je conseille à mes patientes d'attendre 8 jours avant de reprendre une douche. La cicatrisation finale est obtenue au bout de deux à trois semaines. On peut alors reprendre des bains, c'est le test. Après, pour avoir la forme et la souplesse attendue, il faut compter plusieurs semaines, deux à trois mois pour une meilleure souplesse dans le cas d'une augmentation mammaire, huit mois à un an pour que le sein prenne sa forme dans le cas d'une réduction. Pour les augmentations, la cicatrice est quasi invisible. Quant aux réductions, la cicatrice peut apparaître juste autour du mamelon et/ou à la verticale dans le sillon sous-mammaire quand l'hypertrophie est très importante.

Que doit-on faire si l'on ne se reconnaît pas dans ce nouveau corps ?

Dans la très grande majorité des cas, l'opération entraîne un soulagement. Vous ne voulez même plus voir votre silhouette d'avant. Il y a effectivement un corps étranger mais vous vous y habituez très vite. Si cela arrive qu'une femme ne s'accepte pas, c'est soit que l'opération a échoué, si le praticien a été mal choisi, soit qu'il s'agit d'éternelles insatisfaites, et c'est très rare. Généralement c'est un profil psychologique qu'il est possible de cerner en amont.

 

En savoir plus Le site de la clinique Elysée Montaigne

Le site de la Société française de chirurgie plastique

Le site de l'Ordre national des médecins


 

Marie Guerre, Journal des Femmes

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