Dossier
Mai 2006
Elles ont vaincu leur complexe, elles racontent
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Parce que leurs complexes leur gâchaient la vie au quotidien, elles ont décidé de s'accepter telles qu'elles sont. Les témoignages de cinq lectrices décomplexées. |
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Emma, 35 ans : "Ne cherchez pas à camoufler vos complexes"
"Depuis l'adolescence, je trouve mon nez bossu. C'est vrai, j'ai hérité de ma grand mère d'un joli nez bourbon. Pas trop long, mais avec une bosse. Pourtant, mon nez est mon ami et pour rien au monde je n'en changerais. C'est même un sujet de plaisanterie récurrent avec mes amis et ma famille. Les gens qui me connaissent moins bien sont d'ailleurs étonnés de me voir me moquer de mon défaut ! A force d'observer mon nez sous toutes les coutures, il m'est devenu familier. J'ai pris le parti d'en rire et j'ai décidé de faire avec, puisqu'il fait partie intégrante de moi. Si à une époque j'ai imaginé le modifier, j'ai eu peur que ça ne change quelque chose en moi et avec les années, j'ai commencé à m'aimer un peu plus, toute entière avec mon nez.
Je pense que pour se débarrasser de ses complexes, il faut observer, apprivoiser, puis assumer ses défauts. Ne surtout pas chercher à les camoufler trop, mais développer d'autres qualités (humour, sourire ...) ou mettre en valeur des points forts du physique qui font oublier tout le reste."
Christine, 34 ans : "Les complexes nous font avoir parfois de drôles d'attitudes"
"Complexes, gêne, frustration, mal être, embarras, difficulté de s'exprimer : cela a longtemps fait partie de mon quotidien.
Depuis ma plus tendre enfance, je suis hors norme, différente, je suis "obèse".
Cette différence, je ne l'ai pas toujours bien vécue. Je me suis privée de beaucoup de choses. Par exemple en été, je n'allais jamais à la plage ni à la piscine car j'avais honte de mon corps et donc je ne voulais pas l'exposer ni l'imposer aux autres. Il m'est arrivé d'inventer des excuses pour pouvoir rester chez moi à l'abri.
Les complexes nous font avoir parfois de drôles d'attitudes.
Au fil du temps, je me suis rendue compte que mes complexes venaient surtout de l'interprétation négative que j'en faisais.
Certes la société dans laquelle nous vivons nous impose des images, des clichés à qui l'on se doit de ressembler mais tout cela n'est qu'apparence et je suis autre chose que mes kilos.
Depuis quelques années, j'ai pris la résolution de ne plus me gâcher la vie mais au contraire la vivre pleinement. Je suis l'heureuse maman d'un petit garçon de 4 ans. Je m'éclate dans mon boulot d'assistante de direction. Mes amis, mes collègues, ma famille m'apprécient pour ce que je suis et comme je suis. Ce ne sont pas quelques 30 petits kilos en trop qui vont venir gâcher tout ma vie. Aujourd'hui, je vais à la piscine avec mes collègues, je joue au foot avec mon fils, je fais du vélo. Les regards et les remarques je ne les considère plus comme négatives car, en plus de mes kilos, il m'arrive d'être souriante et charmante, donc
la vie est belle ! "
Marie-France : "On a tous quelque chose à mettre en valeur"
"Je suis complexée si je dois me montrer en maillot de
bain (mais j'évite !), ou en petite tenue. J'en ai souffert, mais depuis quelques années j'ai décidée
que j'étais moi, avec mes kilos en trop mais aussi ma personnalité. A mon âge,
je suis enfin bien dans ma peau ! A 20 ans, j'avais peut-être moins de kilos superflus, mais beaucoup plus de complexes ! Socialement, j'ai aussi un peu souffert du manque de considération que l'on
portait à mon métier : je suis aide-soignante. Une "sous-infirmière"
dans l'esprit de bien des gens. Maintenant, je suis fière de toutes les
aide-soignantes du monde qui apportent soins, réconfort et présence aux
personnes souffrantes. On a tous quelque chose que l'on peut mettre en valeur : un talent, une voix de velours, une superbe chevelure... Au lieu de raser les murs comme je l'ai fait, mieux vaut relever la tête,
regarder droit devant soi, et sourire aux autres. Et il faut se dire
que les autres vous aiment plus pour votre personnalité, pour votre
caractère, que pour vos beaux yeux, vos diplômes ou votre famille très
riche ! Et puis, on peut arrêter aussi de se regarder et regarder les autres, quelquefois aussi complexés que nous, les
pauvres, pour d'autres raisons."
Danielle, 44 ans : "Je préfère être naturelle"
"Je n'ai jamais eu un physique qui correspondait aux canons en vigueur. De plus, j'ai du caractère et j'ai toujours tenu à mon look. J'étais complexée quand j'étais plus jeune, je ne ne savais pas "fonctionner" comme les autres gens, qui donnent d'eux-même une image qui ne reflète pas seulement ce qu'ils sont réellement, mais qui est efficace et leur permet d'avoir avec les autres des relations simples à gérer. On me renvoyait que j'étais une personne à problèmes et j'en souffrais.
Mes proches me donnaient des avis contradictoires, certains me conseillaient de changer de boulot, de look, de vie... D'autres me disaient que j'étais très bien comme j'étais, que je n'avais rien à envier à tous ces gens qui se donnent des étiquettes ou en collent sur les autres. J'ai fini par suivre cette voie qui convient à ma personnalité. Dans mon travail, cette qualité m'a d'ailleurs beaucoup servi, puisque j'enseigne les arts plastiques à des jeunes en difficulté. M'appuyer sur mon activité professionnelle m'a valorisée, même si le regard des autres pouvait parfois me désapprouver par ailleurs. Aujourd'hui je préfère être naturelle. C'est ainsi mon être global qui se voit, et non pas une image factice, même si j'ai l'air d'avoir moins d'assurance que d'autres gens."
Pauline, 59 ans : "Prendre la parole en réunion m'était très difficile"
"A partir de 10 ans, âge des premières colonies de vacances et de l'entrée au collège, ma timidité a pointé le bout de son nez... Par peur que l'on se moque de moi, par ignorance du comportement à avoir, j'ai commencé à ne plus oser contredire.
Par la suite, ça n'a pas été un atout pour passer les oraux de mes examens.
Heureusement, mes connaissances professionnelles m'ont énormément aidées à m'affirmer car elles étaient un soutien tangible. Prendre la parole en réunion m'était très difficile.
A force de volonté constante, je suis arrivée à ne plus laisser de pouvoir à ma timidité. J'ai appris à regarder, étudier les réactions des autres face à une situation qui me paralysait. Puis j'ai essayé de faire pareil en me disant à moi que je vaux bien cette personne, même mieux ! Heureusement les choses ont changé et en bien.
C'est grâce à ma vie professionnelle que j'ai pu m'en sortir, et cela a rejailli sur ma vie tout court, pour mon plus grand bien et à tous les niveaux.
Je crois qu'aujourd'hui on apprécie ma "simplicité" dans le sens où je ne complique pas les choses, ce qui est reposant et agréable pour l'autre.
Maintenant je suis bien dans ma peau, ça se voit et ça se communique.
Bien sûr, si ma nature profonde n'avait pas été bienveillante, je ne sais pas ce que je serais devenue !"
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