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Dossier
Mai 2006

"Il faut accepter d'être imparfait"

Education, pression des médias, environnement social... Psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne à Paris, Christophe André décrypte les causes de nos complexes pour nous aider à les surmonter.

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Qu'est-ce qu'un complexe ?
Christophe André C'est la focalisation sur une imperfection réelle ou supposée, physique ou psychologique. L'individu a alors tendance à commettre de petites erreurs. Tout d'abord, il pense que ce défaut est très visible, qu'il cache l'ensemble de sa personnalité, alors que les autres le voient globalement. Ensuite, il devient paranoïaque et explique tout ce qui lui arrive dans sa vie par ce défaut supposé. C'est un erreur de perspective et de regard su soi.

Quels sont les différents types de complexes ?
Il y a les complexes physiques : soit l'on est "trop" (trop grosse, trop gros nez...), soit l'on est "pas assez" (pas assez de poitrine, pas assez grand...). Le complexe d'infériorité par rapport aux autres est un complexe psychologique. On peut également souffrir d'un supposé manque d'intelligence, de culture, de vivacité d'esprit...

Est-ce normal d'être complexé ?
Bien sûr, dans la mesure où il est tout à fait normal d'avoir le sentiment d'être imparfait puisque personne n'est parfait. Ce qui varie selon les individus, c'est la stratégie mise en place pour vivre avec ces défauts. Elle peut être adaptée ou inadaptée.

Quelles sont ces stratégies ?
Un première stratégie consiste à obéir au complexe : on se cache tout entier pour dissimuler un petit détail, on fuit la vie, on ne montre pas son corps c'est à dire qu'on ne se met pas en maillot de bain ou en jupe. C'est la soumission au complexe, qui entraine frustration, dévalorisation ou dépression. Une autre réaction consiste à combattre ou compenser le complexe à tout prix. C'est alors la course à la perfection qui engendre stress, pression et fatigue. Enfin, la bonne stratégie, c'est la voie de l'acceptation : on accepte d'être imparfait. Cela ne signifie pas qu'on renonce à changer ses défauts, cela veut simplement dire qu'on le fait dans une ambiance sereine et amicale avec soi-même. L'acceptation est un préalable au changement tranquille.

D'où viennent ces complexes ?
D'une part, ils proviennent de pressions et d'erreurs de la part de l'environnement familial. Les complexes sont liés à l'estime de soi et l'estime de soi est liée à l'estime que les parents avaient d'eux mêmes. Donc tout dépend du modèle de vie et d'estime que l'on a reçu. Les parents exerçaient-ils une pression sur l'apparence ou la performance ? D'autre part, les complexes sont amplifiés par les environnements sociaux. La mode, la télévision, le luxe sont des milieux très complexogènes. La société survalorise l'apparence physique. A la télévision, on nous présente des animateurs factices, maquillés, avec des dents blanchies. Ce n'est pas la norme !

Etait-on moins complexé avant ?
Oui. Les complexes naissent de la comparaison. Autrefois, on se comparait à son frère, son voisin, son cousin. Il n'y avait pas de Claudia Shiffer dans les parages ! Aujourd'hui, avec la multiplication des images, des publicités, des magazines, les points de comparaison sont différents.

Hommes et femmes sont-ils égaux face aux complexes ?
Non, les femmes sont plus complexées car la pression est beaucoup plus forte, du moins en ce qui concerne le physique. Mais cela s'équilibre progressivement, les hommes se voient de plus en plus soumis à des modèles de corps parfaits. Disons qu'ils ont un demi-siècle de retard sur les femmes.

Comment vaincre ses complexes ?
Dans un premier temps, il faut accepter d'être imparfait, ne pas vivre avec l'obsession de plaire. Ensuite, il faut chercher à savoir d'où vient ce complexe. Il ne faut pas se replier sur soi, mais regarder les autres, leur parler, pour comprendre comment ils fonctionnent avec leurs imperfections. Une personne complexée est orgueilleuse : elle ne croit pas les avis extérieurs, est persuadée qu'elle a raison. Il faut changer d'attitude et écouter ce qu'on nous dit. Il faut également désobéir au complexe, s'habituer à l'affronter progressivement. Enfin, je recommande de travailler à l'estime de soi, et de se rappeler que les autres nous voient comme une personne globale. Ne confondons pas charme et beauté : le charme est lié à l'oubli de soi, à la spontanéité plus qu'à la beauté physique.

Et l'amour peut-il aider ?
Oui, à condition que ce complexe ne soit pas trop fort. Il faut accepter d'être aimé, accepter que l'autre accède à ses imperfections.

La chirurgie esthétique peut-elle soigner un complexe ?
La chirurgie esthétique guérit les défauts physiques, pas les complexes. Une fois le défaut "réparé", la personne se sent mieux dans son corps, ce qui améliore son estime de soi et la pousse à aller vers les autres. Dans ce cas, la chirurgie esthétique fonctionne comme une thérapie.

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