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Dossier
Février 2006

Elles ont appris à dire non, elles racontent...

Minées par leur incapacité à s'affirmer, quatre lectrices ont décidé de réagir. Aujourd'hui, elles osent dire non, elles racontent.

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SOMMAIRE

Dany, 59 ans : "Ma devise : résiste, prouve que tu existes"
"J'ai compris que je ne savais pas dire non lorsque je me suis rendue compte que je ressentais de l'angoisse et un grand mal-être après mes réponses affirmatives. Si j'acceptais une invitation malgré moi, j'étais malade à l'idée de devoir m'y rendre. Je ne savais pas dire non aux amis ou aux relations qui me demandaient un service, même si cela perturbait mes plans. Je n'osais pas dire non parce que j'avais peur de perdre cette personne, pensant que j'allais la blesser, et qu'elle ne me le pardonnerait pas. Ne pas savoir dire non, c'est nier sa propre existence aux yeux des autres.
J'ai appris à m'affirmer à 50 ans, après plusieurs psychothérapies de soutien au cours desquelles je faisais part de mes problèmes relationnels de la semaine écoulée. Le thérapeute m'enseignait que si l'on répond non à quelqu'un, ce n'est pas parce qu'on ne l'aime pas, c'est uniquement parce que l'on n'a pas la possibilité de faire ce qu'il demande. Si cette personne est intelligente, elle ne vous en tiendra pas rigueur et la relation continuera de façon saine. Le fait de savoir dire non a totalement changé ma vie : désormais les choses sont claires, il n'y a plus de rancoeur, de prise de tête, de regrets, de remords. Mes amis ne me trouvent plus timorée. J'ai pris ma place et j'agis d'égal à égal avec eux, ils me trouvent beaucoup plus adulte et ne me tiennent jamais rigueur de devoir parfois leur opposer un refus. A tous ceux qui n'osent pas dire non, je dis : affirmez vos opinions, vous êtes un être à part entière, vous existez au même titre que tout un chacun et si vous avez à dire non, nul ne dois vous en tenir rigueur. Ma devise : un refrain de Michel Berger à méditer : résiste, prouve que tu existes."

Clarisse, 26 ans : "Dire non, ce n'est plus subir sa vie mais la vivre"
"Depuis toujours, j'ai souffert d'un manque de confiance en moi. Je ne croyais pas en ce que j'étais ni en ce que j'étais capable de faire. Par crainte de déplaire, de décevoir et d'être rejetée par les autres, je préférais dire oui à tout, croyant ainsi parvenir à me faire accepter pour ma gentillesse. Au fil des années, j'ai compris que cette façon de m'effacer et de tout accepter ne faisait pas que l'on m'appréciait plus pour autant, bien au contraire, car au final on profitait de moi. Et pire, je perdais ma personnalité. Aujourd'hui, j'essaie au quotidien de m'affirmer, de refuser ce qui ne me convient pas, de prendre position et de défendre mes convictions. Cette démarche est importante pour moi car elle me permet de me retrouver, de définir les valeurs auxquelles je crois. Pour moi, "dire non" signifie s'affirmer et surtout se faire respecter. Il faut connaître ses propres besoins et savoir être égoïste pour se protéger. Je pense que mon entourage perçoit cette façon de m'affirmer comme une chose positive. Mes proches me sentent davantage en paix avec moi-même, car j'arrive de plus en plus à assumer ce que je suis et ce que je pense. Dire non, c'est ne plus subir sa vie mais la vivre. Si je peux donner un conseil à des lectrices qui voudraient s'affirmer, c'est surtout de croire en elles, en ce qu'elles sont, d'oser s'affirmer en se tenant prêtes à défendre leur position. Bien sûr, selon le contexte, il faut parfois user d'une certaine diplomatie pour faire passer ses idées, mais c'est avec la douceur et avec le sourire que l'on fait passer le plus de messages."

Eliane, 30 ans : "Je ne dis pas non à tout, mais je pose mes conditions"
"Je me suis rendue compte que je ne savais pas dire non quand j'ai compris que des décisions m'embarassaient. Je ne faisais pas les choses avec enthousiasme. Je sentais en plus que je me faisais marcher sur les pieds. J'avais besoin d'être reconnue par les autres, avec des amis mais essentiellement au travail. Je restais plus tard que prévu, je faisais des tâches qui ne m'incombaient pas. La peur de ne pas être appréciée par les autres et de ne pas être reconnue comme efficace m'empêchait de dire non. Avec le temps, j'ai appris à ne pas confondre les priorités et à ne plus me faire marcher dessus. Car j'ai souvent eu l'impression d'être prise pour la bonne poire. J'ai aussi changé grâce aux autres (amis, collègues) qui m'ont dit de ne pas accepter certaines conditions. Aujourd'hui, tout a changé dans mon quotidien : je me sens mieux, je suis plus libre de mes choix. Cela dit, je ne dis pas non à tout. Je pose des conditions qui me semblent utiles. Il faut savoir aussi négocier, bien sûr sans être obtue ! Certaines personnes réagissent mal, ne sont pas contentes, mais en général, on s'aperçoit que les gens acceptent notre non. Sauf bien sûr quelques rabat-joie qui vont dire que vous avez mauvais caractère, mais il faut savoir faire la part des choses et se faire confiance. Avoir confiance en soi, c'est très important. Il ne faut pas avoir peur de déplaire. Quel est le mal à dire non ? On nous fait souvent culpabiliser mais il ne faut pas se laisser faire !"

Maryse, 55 ans : "J'ai appris à penser d'abord à moi"
"Seule fille, et seconde enfant d'une fratrie de cinq, l'idée même de dire "non" lorsque les parents me sollicitaient pour m'occuper des petits ou partager les tâches ménagères, m'était inconcevable, malgré un sentiment d'injustice ! Plus tard dans ma vie professionnelle, je n'ai jamais refusé d'élargir mon champ d'action pour la bonne marche du service. Le fait de ne pas oser dire "non" provient probablement de mon éducation, considérant, à tort, que refuser un service était une sorte d'irrespect, voire de désobéissance. Inconsciemment, j'avais mis la main dans un engrenage qui étouffait ma personnalité, et la machine minait sérieusement ma santé : j'étais mal dans ma peau, à la limite dépressive. Pour me sortir de ce cercle vicieux, j'ai appris à penser d'abord à moi ! Ras-le-bol d'être corvéable, j'ai dit stop ! Je culpabilisais, au début, redoutant le "qu'en dira-t-on". J'ai expliqué mes revirements, je les ai assumés, sans chercher d'excuses vaseuses. Aujourd'hui, on m'accepte telle que je suis vraiment. Dans mon entourage élargi, au début certains ont grincé des dents, mais ils ont vite compris que je n'avais pas banni le oui de mon vocabulaire, simplement il n'était plus gagné d'avance ! Dire non, c'est éviter une sorte de déconsidération engendrée par un oui corvéable et néfaste. Il faut dire non en face, sans détour, ni téléphone, ni e-mail. On peut expliquer les raisons d'un refus pour se libérer du sentiment de culpabilité qu'on ressent au début. En revanche, on ne doit pas se laisser influencer, ni faire de sensiblerie, même si au début ça fait mal de refuser ! C'est le prix à payer pour retrouver une certaine liberté d'être soi-même."


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