Prise de poids et idées reçues

Pourquoi l'alimentation est-elle si importante chez une femme enceinte ? Parce que dès le premier trimestre de grossesse, l'organisme met en réserve les nutriments (protéines, calcium, fer, etc.) qui lui permettront de faire face à la croissance particulièrement rapide de l'enfant au cours du troisième trimestre.
Tout d'abord, il faut mettre fin à deux idées reçues concernant le poids.

Ne pas manger deux fois plus !

Vous avez déjà peut-être entendu dire que lorsqu'on est enceinte, "il faut manger pour deux !". Cela n'est absolument pas vrai, il faut certes manger selon votre appétit mais il ne faut pas pour autant doubler les quantités. Si vous avez tout le temps faim, c'est probablement parce que vous ne mangez pas suffisamment aux repas pour couvrir vos besoins et ceux de bébé. Résultat : vous avez faim entre les repas et ne laissez pas de répit à ce petit pain au chocolat qui vous fait de l'œil. Des fringales trop fréquentes risquent de déséquilibrer votre alimentation et de favoriser une prise de poids trop importante. Pour éviter cela, tâcher d'agrémenter chaque repas d'un produit céréalier ou de légumes secs qui ont l'avantage de "caler".

Combien de kilos faut-il prendre ?

La règle des 10 kg a toujours été plus ou moins préconisée par le corps médical pour les femmes enceintes : les experts pensaient que la prise de 10 kg surnuméraires durant la grossesse permettait d'éviter que le bébé soit trop gros et ne cause trop de soucis lors de l'accouchement. D'autre part, ils pensaient que ces 10 kg surnuméraires évitaient au bébé d'être trop chétif à la naissance.
L'Etude sur les déterminants pré et postnatals du développement de la santé de l'enfant (Eden), menée sous l'égide de l'INSERM et publiée en 2007 remet en cause ce postulat en affirmant que ce n'est pas tant la prise de poids durant la grossesse qui influera sur le poids de naissance de l'enfant, mais que ce dernier est avant tout lié à l'indice de masse corporelle (IMC) de la mère AVANT le début de l'aventure.
Donc, que la mère prenne 12 ou 8 kg n'aura que peu de conséquences sur le poids de bébé. En revanche, au-delà de 12 kg, les risques sont réels pour la corpulence du fœtus.
Ce résultat, l'un des tous premiers de l'étude Eden, invite donc les gynécologues et obstétriciens à une meilleure surveillance du poids de la future mère avant la conception de l'enfant. L'IMC idéal doit être compris entre 18,5 et 25. Si celui de la future mère l'est, elle a toutes les chances de mettre au monde un nourrisson de poids adéquat.
Or, les enquêtes épidémiologiques sur le sujet dénotent une augmentation de la proportion de mères dont le poids est supérieur à 70 kg au moment de la grossesse : elles étaient 14% en 1995 et 21% en 2003. C'est là que la prévention doit se faire, en amont de la grossesse.