Interview
 
26/10/2007

Isabelle Severino : "Il faut persister, sinon on ne s'améliore jamais"

Gymnaste, artiste de cirque, championne d'aérobic, doublure cinéma... A 27 ans, Isabelle Severino est une sportive et une femme accomplie. Retour sur sa carrière, sa forme à toute épreuve et ses projets.
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Vous avez commencé votre carrière artistique et sportive dès l'âge de sept ans. Comment est née votre passion pour le sport ?

Comme beaucoup d'enfants, je courais, je sautais partout, tout le temps, j'avais besoin de dépenser de l'énergie. Mes parents m'ont donc mise au sport assez jeune. J'ai commencé par la danse et la gym. La gym me plaisait beaucoup, pour son côté ludique. Mais aux alentours de huit ans, alors que j'étais Petit rat de l'Opéra, il a fallu faire un choix. On m'a dit qu'avec la gym, j'allais devenir trop musclée pour une danseuse. J'ai choisi la gym.

Vous obtenez vos premiers titres très jeune également. Comment s'est passée cette ascension ?

J'ai très vite été propulsée sur la scène internationale. Je suis entrée à l'INSEP (Institut national du sport et de l'éducation physique) en 1993. J'étais en sport-études, c'était très intensif. La progression est rapide quand on s'entraîne autant. A 13 ans, je faisais partie de l'Equipe de France. J'ai obtenu mon premier titre, celui de championne d'Europe junior, à 14.

 
Isabelle Severino au sol, l'agrès qu'elle affectionne le plus
 

Comment avez-vous vécu cette période de votre vie ?

J'aimais beaucoup. J'étais en internat, un peu comme en colonie de vacances ! J'exagère mais c'est sympa d'être tout le temps avec ses copines, de rencontrer d'autres sportifs. Cela nous ouvre à d'autres disciplines, c'est enrichissant. J'y suis restée jusqu'en 1999. Je me suis blessée au genou cette année-là. C'était difficile de reprendre, j'avais pris du poids et c'était l'année du Bac. J'ai donc arrêté. Je voulais aussi faire le point. Ce que j'ai fait pendant six mois. Puis j'ai été contactée par le Cirque du Soleil et j'y suis allée pendant un an. C'était à Orlando, je suis partie seule. Cela m'a permis de ne pas arrêter totalement le sport. J'ai pu vivre un an aux Etats-Unis, me perfectionner en anglais. C'était une belle transition. J'ai aimé mettre mes compétences sportives au service d'une discipline plus artistique. Il y a moins de pression dans le spectacle que dans la compétition, ce côté-là m'a beaucoup plu. On se donne pour un public, le plus possible, mais si on fait une erreur, ce n'est pas très grave.

Vous n'avez fait qu'une saison. Pourquoi ?

Un an, c'est long. J'étais jeune, et seule aux Etats-Unis, loin de ma famille, de mes amis. Tout me manquait. Et puis je me suis lassée. C'est difficile d'évoluer au sein d'un cirque. Je faisais tous les jours le même spectacle, les mêmes exercices, les mêmes pas. J'aime trop bouger et changer. Et puis je n'avais pas beaucoup de centres d'intérêt à côté. A Orlando, à part Disney...

Comment rebondir après une telle expérience ?

Je suis rentrée en France en 2000 et j'ai décidé de monter mon agence de communication. Mon père travaillait dans le dessin industriel, il connaissait bien le métier. Il a pu m'aider, me soutenir. Je voulais faire quelque chose d'artistique, des arts graphiques, créer des supports de communication. Je m'en suis occupée toute seule jusqu'à ce que des amis me proposent de rejoindre l'Equipe de France d'aérobic. J'ai accepté. Je travaillais en trio avec deux jeunes garçons qui faisaient de la gym avant. Nous avons terminé champions de France en 2003, et vice-champions du monde. C'était dur mais très sympa, et surtout, cela m'a permis de me remettre en forme après deux ans d'inactivité. Le goût de la compétition est revenu également. Puis les JO sont arrivés. Je me suis rendu compte que j'avais envie d'y participer. Je me suis dit que cela ne coûtait rien d'essayer. J'avais beaucoup de choses à réapprendre mais envie de challenge, d'un peu de piment.

Comment cela s'est-il passé ?

La reprise a été très éprouvante. J'ai dû beaucoup travailler pour être qualifiée en Equipe de France. Je ne visais pas forcément la médaille, je savais que ce serait difficile après tant d'absence. Mais je voulais participer et cela a très bien fonctionné. Nous avons obtenu de bons résultats par équipe, c'était une expérience grandiose, je n'ai aucun regret.

"J'ai besoin de stress, d'adrénaline"

Une façon de terminer votre carrière de gymnaste en beauté ?

A la base, j'avais repris pour les Jeux, et uniquement pour les Jeux. Mais quand on s'est beaucoup entraîné comme je l'ai fait, c'est dommage d'arrêter. Je me suis dit, "allez, encore une année !" J'ai continué l'entraînement, j'ai progressé et fini championne d'Europe au sol en 2005. En 2006, en vue des championnats du monde, mon entraîneur voulait savoir si je continuais ou non. J'ai accepté mais l'année 2006 a été très difficile. Je continuais à mener de front le développement de mon agence et les entraînements. J'ai terminé l'année sur les rotules, surmenée, épuisée. J'étais plus ou moins prête pour la compétition. J'ai terminé 8ème aux barres asymétriques et au sol. On a décidé d'aller jusqu'aux JO 2008.

Avec l'agence, quand prenez-vous le temps de vous entraîner ?

Mon père m'aide beaucoup, il prend la relève si besoin. Je suis ce qui se passe mais je suis moins impliquée. L'agence est à St Denis, mes entraînements dans le Bois de Vincennes. Ce n'est pas la porte à côté. Je m'entraîne six ou sept heures par jour, donc entre 25 et 30 heures par semaine. On s'est qualifié en septembre, ce qui n'était pas évident car je me suis faite opérer de l'épaule en février. On a obtenu de très bons résultats par équipe : 6èmes aux championnats du monde. En individuel, j'ai terminé 6e à la finale poutre, ce qui n'est déjà pas mal, vu le temps que j'ai eu pour m'entraîner.

Que vous apporte la gym ?

Beaucoup de plaisir. Elle m'a appris à avoir plus confiance en moi, à être plus structurée, plus passionnée. L'entraînement à haut niveau apprend à préparer les échéances, il faut être rigoureux, ponctuel, se prendre en mains. Cela m'a donc beaucoup appris dans ma vie en général, beaucoup de choses sur moi-même, sur mes limites. Le travail en groupe change aussi le rapport aux autres. Je travaille avec des jeunes filles, je suis vieille maintenant, c'est un échange permanent. J'avais plus l'habitude de travailler avec des gens plus âgés que moi. Elles m'apprennent pas mal de choses, des choses très pertinentes. Cela apprend aussi le respect de l'adversaire. C'est un sport très enrichissant.

Quel est votre agrès préféré ?

Je prends énormément de plaisir à la poutre et au sol. Au sol parce que c'est très chorégraphique, je peux m'exprimer artistiquement. Quant à la poutre, avant je détestais et j'aime de plus en plus. C'est très acrobatique. Avant je n'arrivais pas à me concentrer. J'ai aujourd'hui plus d'assurance.

Vous avez également enregistré un disque, et même expérimenté le métier de doublure ?

J'avais 17 ans. On a fait une maquette mais l'album n'est jamais vraiment sorti. Cela prend du temps, j'étais déjà très occupée. Et oui, j'ai doublé une actrice, Missy Peregrym (vue dans la série Heroes, N.D.L.R.) pour le film Stick It. Encore une bonne expérience. J'aurais préféré faire l'actrice, mais c'était déjà super. J'ai même dansé avec Jeff Bridges. C'est difficile quand il s'agit de rester la majeure partie du temps à ne rien faire, et tout à coup être prête pour tourner une séquence de quelques minutes. On ne peut pas faire de la gym au pied levé, sans échauffement. C'est intéressant de travailler de cette manière.

 
Isabelle Severino à la poutre
 

Comment faites-vous pour concilier toutes vos activités et votre vie de femme ?

J'y arrive mieux maintenant. J'habite près du lieu de mes entraînements, je ne perds plus de temps dans les transports. Les entraînements sont plus adaptés à ma condition, j'ai pu m'aménager des plages de récupération. Et surtout, tout le monde y met du sien pour m'aider. J'ai un petit ami mais on ne vit pas ensemble. On verra après les JO.

Justement, que va-t-il se passer après les JO ?

Je vais me consacrer à mon agence de communication. Mais on n'y est pas encore, on verra où le vent me porte. Deux mois avant de participer au film, je ne m'imaginais pas mettre les pieds à Hollywood. Alors maintenant j'évite de faire des plans sur le long terme. J'ai juste un peu peur de m'ennuyer. Il faudra que je trouve un palliatif : des cours de théâtre, la chanson, quelque chose où je dois me donner à fond. Je crois que j'ai besoin de stress, d'adrénaline.

Où trouvez-vous toute cette énergie ?

Dans le sport. C'est essentiel pour garder la pêche. Il faut en faire quotidiennement, au moins 10 ou 15 minutes par jour, plutôt qu'une heure une fois par semaine. De la marche, du vélo, peu importe tant qu'on se dépense. C'est la régularité qui fait qu'on peut progresser en durée et en quantité. Il ne faut pas se désespérer dès qu'on a une courbature, il faut persister, sinon on ne s'améliore jamais.

Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices ?

Il faut boire beaucoup d'eau, pour la récupération mais aussi pour le teint. Je prends aussi beaucoup de bains, pour me détendre. J'utilise des sels biologiques. A part ça, je n'ai pas trop le temps. Je me fais masser mais c'est juste essentiel quand on pratique du sport à ce niveau. Je pense aussi qu'il faut sortir, s'amuser, s'aérer l'esprit. C'est bien de travailler dur mais il faut s'accorder des temps de repos sinon, gare au surmenage ! Parfois, il suffit d'une journée de détente pour repartir. C'est essentiel d'après moi.

 

En savoir plus Son site www.isabelleseverino.com.

Son agence de communication www.artconception.fr.


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