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Mars 2007

Dr Elia : "C'est l'âge, et non pas la ménopause, qui fait prendre du poids"

La ménopause n’est pas une étape anodine dans la vie des femmes. Parfois, elle s’accompagne même de symptômes désagréables comme les bouffées de chaleurs. Le Docteur Elia, gynécologue, a répondu à vos questions lors d’un chat en direct.
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Tout savoir sur la ménopause : dossier

Le dcteur Elia est gynécologue et il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la ménopause.

L'invité
  • Docteur Elia, gynécologue à Paris.

A partir de combien de mois d’absence de règles considère t-on que l’on est ménopausée ?
Docteur Elia : 12 mois environ, mais ceci ne peut être generalisé : il faut aussi compter avec les signes de la ménopause, l'âge, etc.

Existe-t-il un test pour confirmer la ménopause ?
Non, mais le dosage de la FSH dans le sang (>25 UI/l) est un signe biologique qui donne une orientation. Notez bien que ce taux hormonal en FSH peut être aussi élévé en préménopause, il n'est donc pas formel. Il est peu demandé en pratique.

J’ai 51 ans et toujours aucun signe de ménopause, suis-je une exception ?
La ménopause survient en moyenne vers 50 ans mais peut être retardée à 58/60 ans, rarement. Elle peut être aussi plus précoce.

Est-il normal de se sentir de mauvaise humeur pendant la ménopause alors que j’ai toujours été d’une nature très positive ?
Oui, rien que du normal car les hormones influent sur le caractère et si vous dormez moins bien, avez des bouffées de chaleur, une sécheresse vaginale, une perte de libido... c'est plus que compréhensible.

"Il est normal de se sentir de mauvaise humeur car les hormones influent sur le caractère"

Comment lutter contre les bouffées de chaleur sans prendre de traitement substitutif ?
Le traitement hormonal les résoud à plus de 95%, les phyto estrogènes de soja à environ 50%, ainsi qu'un nouveau produit à base de pollens (Serelys®). Certains antidépresseurs peuvent aussi faire l'affaire mais ne sont pas commercialisés dans cette indication.

Est-ce vrai que les traitements à base d'hormones provoquent des cancers du sein et des problèmes cardiaques ?
Cela dépend du traitement hormonal et de l'âge des femmes. Les études américaines auprès de femmes de 64 ans d'âge moyen n'ayant jamais pris de traitements hormonaux pour leur majorité (certaines avaient plus de 70 ans!) a montré une toute petite augmentation du risque cardiovasculaire (infarctus et accidents vasculaires cerbraux) et du risque de cancer du sein. Mais ces femmes étaient obèses et avec des artères "fatiguées". Les études Françaises (INSERM) montrent qu'avec la progestérone micronisée naturelle, le risque de cancer du sein n'est pas augmenté au delà de 5 ans. D'autres études américaines ont montré que les traitements hormonaux diminuaient le risque cardiovasculaire auprès de femmes de 50 à 60 ans, en fait la vraie cible des traitements. Enfin une molécule particuière (Livial®) est candidate aussi à ne pas augmenter le risque de cancer du sein : résultats fin 2007. On s'attend à des résultats excellents.

La ménopause est-elle toujours corrélée au risque d’ostéoporose ?
Non, car ce risque est déterminé à 70% par votre hérédité : la ménopause, le faible poids, la carence en calcium et en vitamine D, la sédentarité sont des facteurs de risque qui comptent mais loin derrière ce que vous avez hérité de papa et maman. Une bonne proportion de femmes ménopausées et non traitées ne développera pas cette maladie.

Combien de temps dure la période de pré-ménopause ?
Entre 3 et 5 ans : elle commence "en moyenne" vers 45/48 ans.

La prise de poids est-elle inévitable à la ménopause ?
C'est l'âge et non pas la ménopause qui fait gagner du poids : plus 10 kg entre 18 et 58 ans (étude personnelle). Par contre c'est vers 50 ans que vous entrez dans le surpoids en moyenne.

L’apparition des rides est-elle une conséquence directe de la ménopause ?
La peau est sensible au soleil, au tabagisme, et aux hormones. De plus, l'hérédité ici aussi joue un rôle majeur. Donc il ne faut pas généraliser : l'état de la peau sera le resultat de l'action de tous ces facteurs.

Quelles solutions pouvez-vous donner pour atténuer les bouffées de chaleur ?
Le traitement hormonal de la ménopause qui n'a pas besoin d'être très dosé pour les faire disparaître. Puis, en dehors des hormones : Serelys® et isoflavones de soja.

Conseillez-vous des cures de vitamines en période de pré-ménopause ? Pas vraiment car nous en manquons rarement dans un pays comme la France où on mange beaucoup et bien !

"Les conséquences de la ménopause chirurgicale sont souvent brutales"

Une amie m'a parlé la dernière fois de la ménopause chirurgicale. Qu'est-ce que c'est exactement ? Y a-t-il des répercussions au quotidien ?
C'est la ménopause qui est provoquée par l'ablation de l'utérus et des ovaires. Les conséquences sont souvent brutales avec le cortége immédiat des bouffées de chaleur, des douleurs articulaires, de la fatigue. De plus, la castration que réalise l'ablation des ovaires prive le corps de 50% des hormones mâles circulantes dans le sang : cela peut avoir des conséquences sur l'appétit sexuel, les fantasmes, la faculté d'obtenir des orgasmes. De plus la déficience en hormones mâles peut aussi provoquer de la fatigue, la perte de tonus, la perte de la mase musculaire. Mais les glandes surrénales compensent cette déficience et ces derniers symptômes n'existeront donc pas.

Il paraît que la ménopause chirurgicale entraîne une baisse de libido. Est-ce vrai ? Si oui, existe-t-il des solutions pour pallier cette baisse ?
Oui c'est vrai comme expliqué plus haut. Les solutions hormonales existent : donner d'abord des crèmes aux estrogènes locales, puis si c'est inefficace donner un traitement classique d'estrogènes qui suffira dans certains cas. Enfin si c'est encore inefficace, il faut tenter d'ajouter des hormones males (sous forme de patch cutané (intrinsa®) au traitement hormonal classique : il rétablit alors la libido des femmes carencées en hormones males. Enfin, s'interroger sur les causes non hormonales telles que mésentente du couple, problèmes avec les enfants, soucis de tous ordres... qui peuvent aussi expliquer une baisse voire une perte de la libido.

Je fais des cystites à répétition depuis 1 ans, pensez-vous que la ménopause soit responsable ?
Oui, la ménopause avec sa carence en estrogènes peut expliquer votre vulnérabilité urinaire : les estrogènes sont essentiels à la bonne resistance aux germes de la vessie.

Combien de temps une femme doit-elle subir les bouffées de chaleur ?
C'est tres variable de 1 an à plus de 30 ans ! Mais cela diminue avec l'âge. Par exemple à 50 ans, 80% des femmes ont des bouffées de chaleur ou des suées. A 65 ans elles sont encore 25%.

Est-ce vrai que les THS peuvent augmenter le risque de maladie d’Alzheimer ?
Non, ils ne le peuvent pas, sauf à les commencer à un âge très tardif, vers 70 ans par exemple : en déteriorant les artéres déjà tres "fatiguées" à cet âge les hormones peuvent augmenter le développement de cette maladie. Mais commencés à un âge "normal" (50 à 60 ans), ils seraient susceptibles au contraire d'en diminuer le rique.

"10 à 15% des femmes ne rencontrent aucuns symptômes"

Je me porte à merveille depuis que je suis ménopausée, combien de femmes ne rencontrent comme moi, aucuns symptômes ?
10 à 15% des femmes, cela existe donc : BRAVO !

Est-il exact que l'âge de la ménopause de la fille se calque sur celui de la mère ?
Non c'est faux.

Phytothérapie et aromathérapie sont-elles efficaces contre les sécheresses vaginales ?
Non pas du tout (à mon avis).

Les produits à base de soja sont-ils efficaces contre les désagréments de la ménopause ?
Seulement contre les bouffées de chaleur et les suées. Succès : environ 50% des femmes.

Qu'est-ce que la THS exactement : de quels composants est-elle constituée ?
Le THS est le "traitement hormonal subsitutif de la ménopause". Il comprend une association d'estrogènes et de progestérone pour les femmes ayant leur utérus et seulement d'estrogènes pour celles qui sont hystéréctomisées (ablation de l'utérus). Le Livial® est une molécule originale qui a en gros les mêmes effets que le THS avec en plus une note positive pour la sexualité.

Combien de temps max peut-on prendre des THS en l’absence de facteurs de risque (cancers du sein ou cardio) ?
L' AFSSAPS (agence du médicament) vous répond simplement :"tant que les symptômes gênants durent".

Comment résoudre les problèmes de sommeil ? Je ne trouve aucune solution...
Essayez les traitements hormonaux et si inefficaces reportez-vous alors sur les médicaments classiques qui induisent le sommeil.

Comment savoir si l'on est ménauposée lorsqu'on a subi une hystérectomie conservatoire des ovaires (plus de règles apparentes).
Grâce à un ensemble de signes : ceux de la ménopause sont-ils présents et depuis de nombreux mois ? Les seins autrefois douloureux cycliquement ne le sont ils plus jamais ? La FSH (cf plus haut ) est elle élevée à plusieurs mois d'intevalle ? Bref, c'est sur ce faisceaux de présomptions que l'on peut faire le diagnostic.

L'homéopathie est-elle efficace pour soulager les bouffées de chaleur ?
Je n'en ai aucune pratique. Cela pourrait marcher pour certains medecins et patientes "convaincus".

Le fait d’avoir de l’ostéoporose est-il une indication pour prendre des THS ?
Oui car le THS est le seul traitement qui ait démontré son efficacité à reduire le nombre de fractures chez des femmes n'ayant pas de facteurs de risque particulier. S'il y a des symptômes de ménopause et des risques d'ostéoporose le THS est le meilleur traitement préventif. En l'absence de symptômes, on peut discuter le recours au ranélate de strontium (Protelos), aux bis phosphonates (Actonel®, Fosamax®, Fosavance®, Bonviva®) ou enfin au raloxiféne (Evista®).

En savoir plus : les témoignages des lectrices sur la ménopause.

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