VIVRE AVEC
Octobre 2006
Quelle intimité après un cancer du sein ?
Avec 42 000 nouveaux cas par an, le cancer du sein est le premier cancer en France. Il touche une femme sur neuf dans les pays occidentaux et peut survenir à tout âge. En effet, près de la moitié des femmes ont entre 50 et 69 ans, 10% ont moins de 40 ans et 5% ont moins de 35 ans. Si son incidence a doublé les vingt dernières années, le cancer du sein est aussi de mieux en mieux dépisté et traité. Mais un versant de cette maladie reste aujourd'hui peu considéré. Quelles sont ses conséquences sur la vie intime, la féminité, et la sexualité ? Entre les réticences des patientes à aborder une question moins médicale et a priori plus légère, et le manque de formation des médecins, le sujet n'est guère pris en charge aujourd'hui. Féminité perturbée, intimité affectée Dans ce contexte, l'Institut Curie a initié en 2005 et en partenariat avec la société Simone Pérèle une étude auprès de femmes ayant été traitées pour un cancer du sein. Objectif : étudier l'impact des traitements sur la qualité de vie, sur la sexualité et sur les relations au sein du couple. Après un cancer du sein, il est très difficile d'assumer son nouveau corps (perte des cheveux, parfois ablation d'un sein), l'image corporelle est ébranlée. Et au-delà de ces modifications physiques, les femmes subissent en plus des dysfonctionnements liés aux traitements : fatigue, nausées, douleurs... On comprend dès lors que l'intimité et la sexualité avec le partenaire soient affectées. De plus, en perturbant l'équilibre hormonal, la chimiothérapie peut provoquer une ménopause précoce. C'est à dire une baisse de la libido, une sécheresse vaginale, l'arrêt des règles et surtout une stérilité. Il va sans dire que c'est une remise en question complète de la femme par rapport à sa féminité. Enfin, la maladie est source de troubles psychologiques, d'angoisses, d'anxiété et parfois aussi d'un état dépressif. Cela ne facilite pas les relations au sein du couple, et notamment les relations intimes qui passent alors au second plan. Vers la mise en place d'une consultation spécialisée A l'issue des entretiens et questionnaires auxquels ont répondu vingt femmes, le docteur Sylvie Dolbeault a d'ores et déjà communiqué les premiers résultats. » Tout d'abord, les femmes interrogées font état d'un décalage entre d'un côté la masse d'information disponible sur le cancer du sein, et de l'autre celles dont elle disposent sur les conséquences possibles des traitements sur leur intimité et leur sexualité. » De plus, elles sont généralement dans un état d'anxiété global en raison du choc psychologique lié à la maladie, ainsi que de l'incertitude quant au risque de récidive. Envahies par cette anxiété, leur intimité est contrariée. » Elles se sentent également atteintes dans leur féminité car elles perçoivent un changement de leur image corporelle, elles se plaignent d'un manque d'attention de leur partenaire, d'une baisse générale de leur libido et ont parfois peur d'être abandonnées. » Face à ces difficultés, les femmes soulèvent enfin l'importance de la communication au sein du couple. En effet, le fait de confier ses doutes et ses angoisses à son partenaire permet de se rassurer, de se sentir entourée et de surmonter plus facilement l'épreuve. L'étude va se poursuivre début octobre grâce à une étude quantitative auprès de 300 femmes. L'institut Curie espère que cette étude aboutira à la mise en place d'une consultation spécialisée pour les femmes exprimant des problèmes intimes et sexuels. A suivre. En savoir plus sur le cancer du sein : le site de l'Institut Curie Sur la rubrique santé : Dossier sur le cancer
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