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INTERVIEW
 
Mai 2007

Dr Marmouz : "Les pollens sont d'autant plus allergisants que la planète se réchauffe et que la pollution est forte"

Nez qui coule, démangeaisons, éternuements… Peut-être êtes-vous touché par une allergie aux pollens. Comment faire pour la soigner et pour éviter qu'elle ne s'aggrave ? Réponses du docteur Marmouz, allergologue.
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Le docteur Farid Marmouz est allergologue à Pontoise et Gisors, il est également conseiller auprès de l'association Asthme et Allergies.

Pourquoi devient-on allergique aux pollens, du jour au lendemain ?
Il faut deux conditions pour devenir allergique. La première, avoir une prédisposition génétique à l'allergie. La seconde, être en contact de l'allergène. Autrement dit, si une personne hérite d'un terrain allergique, elle ne développera de symptômes que si son environnement est chargé d'allergènes comme les pollens et/ou qu'elle est un peu affaiblie par une maladie ou un stress, donc davantage réceptive aux pollens.

Pourquoi les allergies aux pollens sont-elles en augmentation ?
Les pollens sont d'autant plus allergisants que la planète se réchauffe et que la pollution est forte. Ainsi lorsque le printemps est précoce et que le temps est chaud et sec, les végétaux libèrent plus tôt et plus fortement leurs pollens. Les allergies sont donc plus nombreuses et plus intenses. Par contre, et paradoxalement, les pollens peuvent être plus agressifs à la ville qu'à la campagne parce qu'ils sont plus pollués.

Comment reconnaître une allergie aux pollens ?
Le plus souvent, le rhume des foins se traduit par une rhinite : nez qui coule, nez bouché, éternuements. Autre symptôme, la conjonctivite, c'est-à-dire les yeux qui larmoient, rougissent et grattent. On remarque également souvent des démangeaisons du nez, et parfois du palais. Face à ces symptômes, il ne faut pas se dire que ça va passer, il faut consulter son médecin. Car si l'on attend, l'allergie risque de s'intensifier, et/ou de s'élargir à d'autres allergènes (aliments, animaux, acariens...).

Pour soulager ces symptômes, peut-on prendre des antihistaminiques pendant toute la saison ?
Oui, on peut les utiliser pendant toute la durée des symptômes, et en respectant bien sûr les posologies. Les comprimés classiques peuvent aussi être associés à des antihistaminiques locaux pour le nez ou les yeux.

"Il faut consulter un allergologue si les symptômes deviennent intenses, gênants au quotidien, ou récidivants"

Et quand faut-il consulter un allergologue ?
Il faut consulter un spécialiste allergologue si les symptômes deviennent intenses, gênants au quotidien et récidivants. Egalement lorsque les traitements classiques prescrits par le médecin traitant ne sont pas suffisants. Et aussi, lorsque l'on souhaite savoir précisément quel allergène est responsable de l'allergie. Grâce à un interrogatoire détaillé sur les symptômes du patient et sur son environnement (y a t-il un parc ou un bois à côté de chez lui ? A-t-il des plantes chez lui ?...), complété par des tests cutanés.

A quoi servent les tests d'allergie ?
Ils permettent de confirmer et de préciser le diagnostic. On sait ainsi de façon certaine quel allergène est la cause de nos symptômes, et ce que l'on peut faire pour l'éviter. Par exemple, les allergiques aux pollens de graminés éviteront la tonte des pelouses et les champs de céréale. Par ailleurs, connaître l'allergène est d'autant plus utile qu'il existe des allergies croisées. Ainsi un allergique aux pollens de bouleau, a plus de chances d'être aussi allergique à certains fruits comme les cerises ou la pomme.

"La désensibilisation commence avant la saison pollinique"

Mais c'est souvent difficile d'éviter les pollens, ils sont partout dans l'environnement…
Oui, et c'est justement lorsque l'on a identifié l'allergène responsable que l'on peut proposer une désensibilisation au patient. C'est le même principe que le vaccin : il s'agit d'administrer à l'organisme des doses de plus en plus importantes d'allergène (quelques gouttes sous la langue tous les matins à jeun), comme pour l'habituer à sa présence. La désensibilisation commence avant la saison pollinique et dure quelques mois pendant la saison. On peut la proposer dès l'âge de 5 ans.

Quels sont les bénéfices de la désensibilisation ?
Avec une désensibilisation, on a une amélioration significative (80% selon les études cliniques) et une baisse des symptômes au bout de 3 à 5 ans. Et ce que l'on sait moins c'est que la désensibilisation permet d'éviter que d'autres allergies apparaissent avec le temps. Cela peut être des allergies à d'autres pollens, des allergies aux acariens, des allergies aux poils de chat, des allergies alimentaires, etc. Enfin, elle diminue ainsi le risque d'asthme et d'eczéma.

L'allergie peut-elle évoluer en asthme ?
Oui. Par exemple, une allergie localisée aux yeux ou au nez au départ, peut progressivement toucher les voies hautes (otites, sinusites…) et même se

"10 à 30 % des allergiques aux pollens deviennent asthmatiques"

compliquer en asthme. C'est la raison pour laquelle il faut être particulièrement attentif à la toux, aux sifflements lors de la respiration, ou aux essoufflements respiratoires. On sait que 10 à 30 % des allergiques aux pollens deviennent asthmatiques.

Pour finir, quels conseils donneriez-vous pour moins souffrir des pollens au quotidien ?
Des conseils de bon sens : ne pas pique-niquer, ne pas faire de promenades dans la nature, ne pas s'allonger dans l'herbe ou alors penser à prendre une couverture suffisamment épaisse. Eviter aussi de faire du vélo car avec la vitesse, la concentration en pollen que l'on inspire est décuplée. Pour la même raison, ne pas ouvrir les vitres dans la voiture. Enfin, pour protéger les yeux, porter des lunettes. Mais le plus important, c'est de consulter son médecin dès l'apparition des symptômes.

En savoir plus : Dossier sur l'Internaute Santé, Et si c'était de l'asthme ?

Quiz : que savez-vous du rhume des foins ?

Le site de l'association Asthme et Allergies.

Rédaction JDF / Sante
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