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INTERVIEW
 
Septembre 2006

Dr Davin : "les problèmes de la prostate ne concernent pas que les hommes âgés"

Si les femmes sont bien informées quant aux examens de dépistage du cancer du sein, les hommes le sont beaucoup moins en ce qui concerne leur prostate. Il faut pourtant y penser, dès 50 ans.
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A l'occasion de la journée nationale de la prostate, le Dr Jean-Louis Davin vous explique comment et quand vous faire dépister. Le Dr Davin est urologue à la clinique de la Durance en Avignon, et est responsable du comité de cancérologie à l'Association Française d'Urologie (AFU).

Le cancer de la prostate est-il un cancer fréquent en France ?

Oui, le cancer de la prostate touche environ 40 000 nouveaux cas par an en France. C'est le cancer le plus fréquent de l'homme et la deuxième cause de mortalité par cancer après celui du poumon. Avec 10 000 décès chaque année, il est plus meurtrier que les accidents de la route ! Et plus on avance en âge, plus la maladie est fréquente.

Les hommes âgés sont-ils les seuls touchés ?

Il est clair que le cancer de la prostate augmente avec l'âge. Et comme l'espérance de vie ne fait que de se rallonger, de plus en plus d'hommes sont touchés. Ceci dit les hommes plus jeunes sont également concernés dans la mesure où ils doivent surveiller leur prostate régulièrement lors d'examens de dépistage. En effet, cette maladie évolue très lentement et ne se déclare qu'au bout de 10 ou 15 ans. Si on dépiste une tumeur chez un homme de 55 ans, on peut le traiter très précocement et éviter ainsi que la maladie n'apparaisse des années plus tard. Par contre, un homme de moins de 65 ans qui n'est pas dépisté et traité, mourra dans 75% des cas…

En dehors de l'âge, quels sont les autres facteurs de risque ?

Les antécédents familiaux de cancers de la prostate constituent un premier facteur de risque. Il existe également des facteurs environnementaux. On sait par exemple que les tumeurs de la prostate touchent en premier les hommes noirs et moins les hommes asiatiques. Concernant cette dernière population, une expérience très intéressante a été menée. Des familles asiatiques ayant immigré sur la côté ouest des Etats-Unis ont été suivies pendant de nombreuses années. Au bout de deux générations, la fréquence de tumeurs de la prostate avait rejoint celle des américains alors que les asiatiques semblaient au départ plus "protégés". En clair, il semblerait que l'environnement, le mode de vie ou le régime alimentaire aient joué un rôle.

Que pouvez-vous recommander en termes de prévention au quotidien ?

Certaines études sur des médicaments qui protégeraient des tumeurs sont en cours, mais à l'heure actuelle je ne peux donner aucun conseil ferme là-dessus.

"L'hygiène de vie, l'alimentation jouent un rôle préventif"

En revanche, il est certain que l'hygiène de vie et notamment l'alimentation jouent un rôle. Je conseillerais donc une alimentation variée, équilibrée et à base de fruits et légumes, particulièrement les tomates. De bonnes habitudes alimentaires sont d'autant plus importantes qu'elles protègent de la plupart des maladies, notamment des maladies cardiovasculaires.

Et pour les examens de dépistage, à partir de quel âge les hommes doivent-ils les effectuer ?

L'Académie de Médecine de 2002 et l'Association Française d'Urologie (AFU) recommandent aux hommes de se faire dépister régulièrement tous les ans, de 50 à 75 ans. Avec une nuance toutefois. Pour les hommes africains ou antillais, et ceux qui ont des antécédents familiaux de cancer de la prostate, le dépistage est conseillé dès 45 ans.

En quoi consiste cet examen ?

Le dépistage comporte deux volets. Une prise de sang et un examen clinique (toucher rectal). La prise de sang mesure le taux d'enzyme PSA et constitue un marqueur de l'activité de la prostate. Si ce taux augmente de façon importante c'est que la prostate est anormalement active et cela justifie des examens approfondis. Quant au toucher rectal, bien qu'il n'enthousiasme guère les hommes, il apporte des informations complémentaires importantes.

L'examen n'est pas agréable et en plus il est lié à la prostate donc à un symbole de virilité. N'est-ce pas difficile de convaincre un homme 50 ans de se faire dépister ?

Si bien sûr, à 50 ans, les hommes se trouvent généralement en très bonne santé et ils n'imaginent pas avoir d'anomalies de la prostate. Pour eux, cela ne

"Les hommes se sentent moins concernés par les examens que les femmes"

concerne que les personnes âgées… Par ailleurs, au contraire des femmes qui sont habituées à avoir un suivi gynécologique, les hommes se sentent moins concernés par les examens. Donc c'est clair, qu'il existe pas mal de tabous autour de cette pathologie. Il y a toute une culture à faire passer…

Mais les médecins eux-mêmes ne le proposent pas systématiquement…

Non, pour le moment il n'existe pas de dépistage de masse comme c'est le cas pour les mammographies. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas hésiter à parler de ce dépistage à son médecin traitant. Et il ne faut surtout pas attendre d'avoir des troubles urinaires pour consulter car si ces troubles sont en relation avec un cancer de la prostate, cela peut être trop tard pour le guérir. Au contraire, plus on dépiste une anomalie à un stade précoce, plus on peut la traiter efficacement. Et rappelez-vous qu'un dépistage très précoce aboutit à plus de 90% de guérison !

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