"La timidité n'est pas une fatalité"

La timidité peut être un frein au développement personnel, social et professionnel. Stéphane Roy, psychologue au Centre Hospitalier George Sand à Bourges, décrypte ce trait de caractère et souligne qu'il peut toujours être atténué.

Comment définit-on la timidité ?
La timidité c'est un trait de caractère, non pathologique, qui se définit par la gêne ressentie lorsque l'on est en présence des autres. Cette gêne se caractérise par la peur de ne pas être intégré, accepté.

Quelles sont les principales caractéristiques de la personne timide ? D'autres traits y sont-ils généralement associés ?
La personne timide a plutôt tendance à se tenir en retrait, à éviter de se mettre en avant ou de prendre des initiatives. Ce comportement d'inhibition sociale s'exprime surtout avec des inconnus. Lorsque l'interlocuteur est rassurant ou familier, les timides retrouvent leurs capacités et parlent avec plus d'aisance.
Chez certaines personnes, la timidité peut devenir pathologique, on parle alors de phobie sociale. Celle-ci est une forme extrême et très invalidante d'anxiété sociale qui se manifeste par une peur intense et incontrôlable, un sentiment de honte profond, tout cela déclenché par certaines situations (prendre la parole en public, rendez-vous amoureux, conversation banale avec son voisin de palier, dire non...). La personne phobique redoute ces situations et développe de nombreuses stratégies pour les éviter. Progressivement, il organise sa vie pour ne plus être confronté aux situations sociales angoissantes.

Est-ce que l'on naît timide ou le devient-on ?
C'est toujours très difficile de répondre à cette question. On fait l'hypothèse que c'est la convergence de multiples facteurs qui lui donnent naissance : 
  Une vulnérabilité génétique caractérisée par un tempérament d'inhibition et une certaine sensibilité au stress (ex : peur des inconnus, repli sur soi, réaction physique excessive, seuil d'anxiété bas, etc.).
 Un environnement familial et un style éducatif caractérisés par des difficultés ou craintes à verbaliser ses émotions, un manque d'estime de soi, peur de se mettre en avant, hyperprotection. 
 Des événements de vie : moquerie, différence avec la conformité sociale (maladie, origines sociales, problème physique), échec.

 

"A l'origine, le timide a souvent une mauvaise estime de soi"

Est-ce que ce trait de caractère influe sur d'autres traits (développement de complexes, sous-estime de soi, etc.) ?
C'est la question classique de l'œuf ou la poule. On va dire qu'à l'origine, le timide a souvent une mauvaise estime de soi à la base, qui va donc accentuer la timidité. La personne va ensuite se focaliser sur ses aspects négatifs (complexe physique, manque de culture...) qui vont contribuer à leur tour à altérer l'estime de soi. C'est un véritable cercle vicieux qui s'installe.

Reste-t-on timide tout sa vie ou est-ce que cela peut s'améliorer ?
La réponse est clairement non ! La timidité, n'est pas une fatalité. Peut-être qu'un timide en ressentira toujours un petit peu à minima même après l'avoir travaillée, mais il peut aussi largement améliorer les choses si elle lui gâche la vie.

Y a-t-il des petits exercices que l'on peut faire au quotidien pour se départir de son naturel (sans qu'il revienne au galop !) ?

Si la timidité n'est pas trop invalidante, il suffit de se lancer un peu en osant dire ou faire les choses. Personne n'est parfait, mais tout le monde est estimable. On constate souvent que les choses sont bien moins difficiles une fois faites que ce que l'on imaginait.

En revanche, si la timidité crée un véritable handicap comme l'est la phobie sociale, dans ce cas, la meilleure chose à faire est de consulter un spécialiste de la question (médecin ou psychologue). Les thérapies comportementales et cognitives sont particulièrement efficaces dans ce cas là. On peut trouver l'adresse de spécialistes à l'adresse suivante : http://www.aftcc.org/

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