Hernie inguinale (étranglée) : symptômes, quelle opération ?

La hernie inguinale se caractérise par une grosseur se formant sous la peau au niveau de l'aine. Elle est "étranglée" lorsqu'elle est douloureuse et irréductible. Comment la détecter chez la femme et chez l'homme ? Quels sont les traitements et dans quels cas envisager une opération ?

Hernie inguinale (étranglée) : symptômes, quelle opération ?
© orawanpat

L'hernie inguinale ou "hernie étranglée" peut toucher l'homme et la femme, au niveau de l'aine. Si elle est souvent indolore, elle peut entraîner des symptômes comme des douleurs intestinales. Une des principales cause d'hernie inguinale est liée à l'obésité. Qu'est-ce qu'une hernie inguinale ? Quels sont les mouvements à éviter pendant la convalescence ? Quels sont les traitements ? L'opération ? Qu'en est-il des séquelles post-opératoires ?

Définition : qu'est-ce qu'une hernie inguinale ?

"L'abdomen est une enceinte naturelle qui abrite la plupart des organes digestifs (estomac, intestins, foie, vésicule biliaire, pancréas). Il possède des orifices naturellement étanches", explique le Pr Denis Collet, chirurgien et responsable de l'unité de chirurgie œsogastrique et endocrinienne au CHU de Bordeaux. Mais ces orifices peuvent perdre leur étanchéité et un organe peut passer à travers : c'est ce qu'on appelle une hernie.

Comment se manifeste la hernie inguinale chez l'homme et chez la femme ?

"L'orifice inguinal est situé au pli de l'aine et laisse passer le cordon spermatique chez l'homme, et le ligament rond de l'utérus chez la femme", précise le Pr Collet. Quand une partie des organes digestifs s'engouffre à travers cet orifice, on parle d'hernie inguinale." La hernie inguinale indirecte est une hernie congénitale, observée surtout chez des patients jeunes. On la reconnaît à son trajet, qui suit le cordon spermatique". La hernie directe, quant à elle, désigne une hernie acquise, liée à une faiblesse musculaire, observée surtout chez des patients âgés. 

Hernie inguinale chez l'homme © Maryna Melnyk - 123RF

Quelles sont les causes d'une hernie inguinale ?

L'hernie inguinale peut être favorisée par une anomalie congénitale du canal inguinal. "La principale cause, c'est l'augmentation de la pression intra-abdominale", précise le Pr Collet. Celle-ci touche particulièrement les personnes atteintes d'obésité. Elle peut également survenir en cas de toux chronique, de constipation, d'une anomalie de la prostate entraînant des pressions sur l'abdomen pour réussir à uriner, ou de port d'objet lourds.

Quels sont les symptômes d'une hernie inguinale ? 

"La hernie inguinale est une tuméfaction de l'aine non douloureuse. Elle provoque l'apparition d'une petite boule réductible c'est-à-dire que l'on peut la rentrer en appuyant dessus. Elle est impulsive : elle augmente de volume à la toux et expansive : elle augmente de volume lors d'efforts physiques. En cas d'hernie "étranglée", la boule devient douloureuse et non réductible" explique le Dr Romain Ducoudray, chirurgien viscéral, digestif et gynécologique.

Quel examen détecte une hernie inguinale ?

Le diagnostic est établi après un examen clinique. On retrouve la masse à la palpation, localisée au niveau de la région inguinale. Les caractéristiques de la hernie à l'examen permettent de préciser son caractère étranglé ou non et de préciser le caractère urgent ou non de l'intervention.

Comment traiter une hernie inguinale ?

"Il n'existe qu'une seule solution : opérer. Il n'y a pas de médicament pour atténuer le gonflement et les bandages de contention ne sont pas efficaces", explique le Pr Collet. Il s'agit alors de replacer le contenu viscéral dans l'abdomen, puis de renforcer la paroi abdominale, si besoin à l'aide d'une prothèse. L'intervention, d'une durée maximale de 30 minutes, s'effectue en général sous anesthésie générale. Deux techniques chirurgicales différentes peuvent être employées selon le type de hernie : la cœlioscopie et la laparotomie est une incision plus large de l'abdomen. 

► La cœlioscopie consiste à opérer à travers de toutes petites incisions dans la paroi abdominale, à l'aide d'une mini-caméra. Elle permet d'explorer l'abdomen, tout en limitant l'ouverture de la paroi abdominale afin de diminuer la taille des cicatrices et les effets secondaires qui pourraient être provoqués par une intervention chirurgicale plus lourde. C'est la première méthode envisagée, car les suites opératoires sont simples, et le rétablissement assez rapide. L'intervention s'effectue après l'injection d'air dans l'abdomen. Le praticien introduit un tube en fibre optique et ses instruments à travers 2 ou 3 orifices. La coelioscopie permet de reprendre une vie normale très rapidement et évite de trop grosses cicatrices sources de complications. Cette intervention s'effectue le plus souvent en ambulatoire (entrée le matin, sortie le soir). 

► Lorsque la hernie est trop volumineuse ou que l'étranglement trop important, c'est plutôt une laparotomie, c'est-à-dire une incision plus large de l'abdomen, qui est envisagée. L'intervention consiste à réduire et réintégrer la hernie ou l'éventration puis dans un second temps à obstruer l'orifice de la hernie ou de l'éventration avec une prothèse. La prothèse, bien tolérée le plus souvent, permet de renforcer la paroi inguinale. Cette intervention s'effectue le plus souvent en ambulatoire. 

Quand reprendre le sport après l'opération ?

"Après l'opération, il est nécessaire de maintenir une activité physique modérée pendant un mois", détaille le Pr Collet. Il est en effet recommandé d'éviter de solliciter les muscles de la région jusqu'à cicatrisation complète, afin de réduire le risque de douleurs et de récidive ultérieure.

Quelles sont les complications d'une hernie inguinale ?

"L'évolution naturelle d'une hernie non traitée est l'augmentation de volume, associée au risque d'étranglement". Il est donc impératif d'opérer toutes les hernies pour prévenir les risques. Par ailleurs, une occlusion intestinale peut ensuite apparaître lorsqu'une partie de l'intestin est étranglé complètement

Merci au Pr Denis Collet, chirurgien et responsable de l'unité de chirurgie œsogastrique et endocrinienne au CHU de Bordeaux et au Dr Romain Ducoudray chirurgien viscéral, digestif et gynécologique. à la clinique de Clamart.