La chirurgie ne doit s'envisager qu'en dernier recours en cas d'obésité chez l'enfant

Constatant que les opérations chirurgicales chez l'enfant obèse se multiplient, la HAS rappelle que celles-ci ne doivent pas se faire avant 15 ans et surtout pas en première intention.

La chirurgie ne doit s'envisager qu'en dernier recours en cas d'obésité chez l'enfant
© Kwanchai Chai-udom - 123 RF

Avec près de 50 000 interventions par an, la chirurgie de l'obésité se développe très rapidement en France. Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'elle progresse aussi chez les moins de 18 ans. Selon un communiqué de presse de la Haute autorité de santé (HAS), "ces opérations se multiplient en dehors du cadre des recommandations officielles." Dans le détail, 495 mineurs, âgés de 8 à 15 ans, ont subi une chirurgie de l'obésité entre 2009 et 2013, dont 114 opérations en 2013, d'après les derniers chiffres fournis par l'Assurance maladie. Dans près de la moitié des cas, les enfants opérés en 2013 se sont vus poser un anneau gastrique. Les autres ont eu une sleeve (38%) ou un by-pass (14%).

Pourtant, selon les dernières recommandations de la HAS datant de 2011, la chirurgie n'est pas indiquée chez l'enfant. Constatant une évolution des pratiques, en particulier depuis 2011, la HAS a donc souhaité fixer un cadre strict et rappeler les bonnes pratiques médicales.

Pas de chirurgie avant 15 ans. En France, 18% des 3-17 ans sont en surpoids, dont 3,5% sont obèses. Certes, à cet âge, l'obésité a des effets délétères sur la puberté, le développement osseux mais aussi sur l'image de soi et le développement psycho-affectif. Néanmoins, la chirurgie bariatrique n'est pas sans conséquence chez l'enfant, affirme la HAS. Et pour cause : il s'agit d'une "chirurgie lourde qui peut entraîner des complications graves et des difficultés au quotidien, même plusieurs années après l'intervention", précise-t-elle. Aussi, elle n'est pas recommandée avant l'âge de 15 ans.

Dernier recours. En outre, il ne s'agit pas d'une solution "miracle" pour les enfants obèses. Loin de là. En l'absence de conseils nutritionnels et de programme d'activité physique, elle ne sert à rien. Selon la HAS, elle ne peut donc être envisagée chez le mineur qu'en dernier recours, après l'échec d'une prise en charge pluri professionnelle bien suivie, régulière et adaptée. Et remplir certains critères :

  • Avoir au moins 15 ans (au cas par cas entre 13 et 15 ans),
  • Avoir atteint un stade de croissance osseuse et de puberté suffisant,
  • Présenter un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 35 kg/m2 (et un trouble associé : diabète, apnées du sommeil, etc.) ou supérieur à 40 kg/m2 avec une altération majeure de la qualité de vie.
  • Enfin, l'enfant doit être suffisamment mature psychiquement afin de bien appréhender les enjeux d'une telle chirurgie et les efforts qu'elle implique en terme de changement de mode de vie.

L'opération – qui requiert une expertise chirurgicale importante – sera réalisée au sein d'un centre spécialisé obésité (CSO) à compétence pédiatrique ou en lien étroit avec celui-ci, précise encore la HAS. Quant à la technique chirurgicale à utiliser, aucune ne peut être pour l'heure privilégiée par rapport à l'autre, en raison d'un manque de recul et d'argument formel.

Comment prendre en charge l'obésité chez l'enfant ? La HAS rappelle que le traitement de l'obésité chez l'enfant repose sur une prise en charge multi-disciplinaire comprenant une éducation diététique, des conseils sur l'activité physique ainsi qu'un accompagnement psychologique. L'idée n'est pas de "guérir" l'obésité et donc forcément de faire perdre du poids à l'enfant, mais de ralentir la progression de la courbe de corpulence tout en améliorant la qualité de vie physique, mentale et sociale. En en prévenant les complications. Ce suivi doit se faire sur le long terme et de façon régulière, si possible au sein ou en lien avec un CSO.

En savoir plus sur les étapes de la prise en charge : questions/réponses sur le site de la HAS.

Consulter la liste de 37 CSO en France : voir