Pastilles rouges ou vertes sur les aliments : efficaces pour traquer les graisses cachées

Une étude a permis de mesurer l'impact sur les achats des consommateurs de différentes signalétiques nutritionnelles apposées sur la face avant des emballages alimentaire.

Pastilles rouges ou vertes sur les aliments : efficaces pour traquer les graisses cachées
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Alors que la loi Santé est actuellement discutée devant le Sénat, l'arrivée d'un code couleur sur les emballages alimentaires revient sur la table. L'idée étant d'aider les consommateurs à faire le tri parmi les différentes marques proposant un même type de produit. En somme, il s'agit de pouvoir repérer rapidement les aliments nutritionnellement "bons élèves", des "mauvais", en particulier trop gras ou trop sucrés. Car entre le sel caché des plats industriels préparés et les taux en sucre élevés de certains aliments courants, comme les céréales du petit déjeuner, les produits les plus équilibrés sur le plan nutritionnel ne sont souvent pas ceux que l'on croit. De fait, les étiquettes sont le plus fréquemment complexes, voire illisibles, les industriels ne facilitent pas la tâche des consommateurs.

Code à 5 couleurs, comment ça marche ? L'Assemblée nationale a déjà adopté un article de la loi Santé prévoyant une information nutritionnelle "plus simple, plus synthétique et plus accessible". Mais il restait encore à préciser quel code couleur sera effectivement retenu. Or, il semblerait qu'un logo déclinable en 5 couleurs soit le plus à même d'aider les consommateurs à faire de bons choix nutritionnels, selon une étude comparative menée sur 12 000 personnes et publiée mardi dans la revue spécialisée l'American Journal of Preventive Medicine (AJPM). Les aliments pastillés en vert, correspondent aux produits les plus équilibrés. A l'inverse, les pastilles rouges devraient apparaître sur les aliments trop gras ou trop sucrés. Et comme, tout n'est pas noir ou blanc, 3 niveaux intermédiaires seraient matérialisés par des pastilles jaune, orange et rose. 

Code à 5 couleurs/ Nutrinet-Santé

Quels effets sur le panier d'achat ? Dans cette étude Nutrinet-Santé, menée par le Pr Serge Hercberg, les participants ont été répartis en 5 groupes tirés au sort. Ils étaient invités à faire leurs achats d'une semaine dans un supermarché en ligne proposant 269 produits de marques ou de distributeurs. Les 4 premiers groupes ont testé 4 codes couleurs différents : le code à 5 couleurs, la coche verte utilisée par certains pays scandinaves et par les Pays-Bas, le code à trois couleurs (rouge, orange, vert) utilisé en Grande-Bretagne, et les Repères Nutritionnels Journaliers (GDA), déjà utilisés en France par certains industriels. Quant au dernier groupe, il n'avait aucun logo pour orienter ses achats virtuels. Résultat : l'ensemble des logos, exceptés les Repères nutritionnels journaliers, permettent de réduire la teneur en calories du panier d'achat comparé à la situation de référence sans logo. Mais c'est surtout le logo 5 couleurs qui a eu le plus fort impact sur la qualité nutritionnelle du panier d'achat avec des teneurs en graisses (lipides et acides gras saturés) et en sel plus faibles comparé à la situation sans logo, selon les auteurs, qui précisent qu'il a permis de diminuer d'un peu plus de 4% la quantité de graisses saturées dans les achats.

Les industriels voient rouge. L'étude est d'autant plus intéressante, qu'acteurs de santé publique et industriels s'affrontent actuellement sur le choix du code couleur qui sera choisi. D'un côté, le groupe d'experts emmenés par le Pr Serge Hercberg et soutenu par les sociétés savantes de santé publique, prône le code à 5 couleurs. De l'autre, les industriels de l'agroalimantaire sont réticents. En mars dernier, ils avaient proposé une toute autre version : un logo vert pour les produits que l'on peut manger tous les jours, du bleu pour ceux conseillés plusieurs fois par semaine et du violet pour ceux que l'on mange occasionnellement. En somme, les aliments trop gras ou trop sucrés étaient ainsi moins stigmatisés. 

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