Faut-il avoir peur de l'aspartame ? Searle, découvreuse fortuite de l'aspartame

c'est par hasard qu'un chercheur de chez searle a 'découvert' l'aspartame.
C'est par hasard qu'un chercheur de chez Searle a "découvert" l'aspartame. © KaYann - Fotolia.com

Comme beaucoup d'inventions du quotidien, l'aspartame n'aurait jamais vu le jour sans... Le hasard ! Eh oui : un chimiste de la société Searle travaillait en réalité à la fabrication d'un médicament contre les ulcères. Un jour, renversant un peu de la préparation sur sa main, il la lèche et réalise que le produit est très sucré et présente exactement le même goût que le sucre naturel. A une exception de taille près : ce produit est sans calories ! La compagnie ne tarde pas à réaliser la véritable aubaine commerciale que pourrait représenter l'aspartame.

Dès 1967, la Searle entreprend donc des études afin de prouver l'innocuité de l'aspartame pour pouvoir le commercialiser en tant que produit de l'alimentation. Sauf qu'il semble que cela ne soit pas si facile que cela. La journaliste Marie-Monique Robin s'est procuré des correspondances entre les responsables de la Searle et des scientifiques de la compagnie. Elle en publie des extraits dans son ouvrage "Notre poison quotidien", qui font un peu froid dans le dos.

"Nous devons anticiper sur les facteurs qui risquent de poser le plus de problèmes à la FDA en déterminant lequel d'entre eux en posera le moins. (...) Lors de notre rencontre avec les représentants de l'agence, notre philosophie et notre démarche de base doivent être de les amener à dire oui (...) en créant une atmosphère positive à notre égard.  (...) Ma première inquiétude concerne le DKP et le manque de données toxicologiques complètes à ce sujet. Je propose que nous leur présentions une série de postulats de manière informelle et qui ne nous engage pas, en essayant de les convaincre que ces postulats sont justes." Question éthique, on a déjà vu mieux !

Essor fulgurant

Quand il apprend que la Searle compte commercialiser un édulcorant contenant de l'acide aspartique, le scientifique John Olney fait part à la compagnie d'une étude qu'il avait réalisée concernant les méfaits de cette substance. Et teste l'aspartame sur des rats, observant les mêmes dégâts cérébraux qu'avec l'acide aspartique. C'est avec surprise qu'il découvre quelque temps plus tard, en 1974, que le produit est sur le point d'être approuvé pour être utilisé dans les produits secs.

Plusieurs chercheurs, dont John Olney, s'étranglent en apprenant cela. Un recours est déposé auprès de la FDA, obligeant l'agence à rendre ses données publiques. Parallèlement, l'organisme crée un groupe de travail spécial chargé d'étudier de plus près la validité des études fournies par la Searle. Le rapport de 500 pages est accablant. Mais après plusieurs années de tergiversations (voir le chapitre suivant), la commercialisation de l'aspartame aux Etats-Unis est finalement approuvée en 1982.

L'aspartame est officiellement né. Il va bientôt connaître un essor fulgurant. Aujourd'hui, il entre dans la composition de plus de 6 000 produits alimentaire et 500 médicaments. Pas moins de 200 millions de personnes en consomment régulièrement de par le monde.

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