"Il faut arrêter avec le régime Dukan"

La progression de l'obésité ralentit en France selon l'enquête nationale ObEpi, dévoilée la semaine dernière. Interrogé ce matin sur Europe 1, Pierre Dukan, le célèbre nutritionniste, a déclaré y avoir participé grandement. Anne-Sophie Joly, Présidente du collectif national des associations d'obèses (CNAO) réagit.

"Il faut arrêter avec le régime Dukan"
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Anne-Sophie Joly est présidente du Collectif national des associations d'obèses. © DR

Que pensez-vous de l'étude ObEpi, selon laquelle la progression de l'obésité se stabilise ?

Anne-Sophie Joly : au total, selon l'étude ObEpi, 47,3 % des Français sont soit obèses, soit en surpoids. C'est alarmant ! Mais c'est très bien que cette étude existe car cela confirme ce que l'on voit et ce que l'on sent sur le terrain, à savoir que le surpoids et l'obésité progressent.

Par ailleurs, même si ces chiffres sont intéressants, il faudrait aller plus loin et s'intéresser aussi à l'évolution des pathologies liées à l'obésité et au surpoids. On peut être en surpoids et ne pas être malade et être en surpoids et avoir des pathologies associées. Et ça aussi, il faudrait l'étudier et le quantifier.

Pensez-vous que l'obésité et le surpoids risquent de progresser dans les années à venir ?

Oui. Aujourd'hui, on a atteint un pallier mais il est évident que les prochains résultats qui seront donnés dans 3 ans seront moins bons. Dans le contexte actuel de crise économique et de licenciements, qui jouent sur le porte-monnaie mais aussi sur l'état psychologique, les Français mangent moins et moins bien.

Pierre Dukan a déclaré que si les chiffres de l'obésité se stabilisent c'est en grande partie grâce à lui. Qu'en pensez-vous ?

Pierre Dukan est responsable du surpoids d'une partie des Français et il n'a aucune crédibilité pour faire ce genre de commentaires. Il faut arrêter avec ce régime. On ne soigne pas une maladie avec un bouquin. C'est bien trop complexe et compliqué !

A votre avis, pourquoi malgré tout, est-il encore entendu ?

Il surfe financièrement sur la mésestime des patients en situation de surpoids, prêts à tout pour perdre du poids. Au final, ils se retrouvent avec un poids supérieur à leur poids initial. Avec en prime des carences et de gros dégats sur leur santé. Et le plus déplorable c'est qu'ils n'osent pas dire que ça n'a pas marché puisqu'ils pensent que c'est de leur faute. Le poids de la culpabilité...

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