Programme d'entraînement cérébral : faut-il y croire ? Lorsque le cerveau vieillit, les neurones répondent moins vite

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Il est primordial de bien stimuler les neurones dans les premières années de la vie. © Comstock/Thinkstock

Avec son programme d'entraînement cérébral sur la célèbre console de jeux DS, le Dr Kawashima (ce scientifique japonais n'est pas qu'un petit personnage de jeu, il existe pour de vrai) promet de faire rajeunir votre cerveau. Est-ce à dire qu'il devient moins performant en vieillissant ?

Hélas, comme l'ensemble de notre organisme, notre cerveau ne s'améliore pas en vieillissant. Rassurez-vous : la perte de mémoire n'est pas inéluctable, loin de là ! Par ailleurs, l'accumulation des connaissances permet souvent de compenser la perte en "élasticité" des neurones. Car c'est un peu ce qui se passe quand on vieillit. Dès l'âge de 25 ans, le nombre de neurones commence à diminuer inexorablement, car ceux qui meurent ne sont pas remplacés par des nouveaux, à l'inverse des autres cellules de notre organisme.

Même s'il n'y a pas de règle, beaucoup de gens apprennent donc moins facilement à l'âge adulte que lorsqu'ils étaient sur les bancs de l'école. Jugez plutôt à quel point les enfants qui ont appris une seconde langue jeunes ont plus de facilité à la parler, ainsi qu'à en assimiler d'autres ! "On apprend généralement plus vite à 20 ans, confirme Claire Paquet, neurologue et neuropathologiste au centre Mémoire de Paris Île de France et chercheuse à l'Inserm. On s'adapte plus facilement aux différentes situations, grâce à la plasticité neuronale."

"Le cerveau s'use seulement si on ne s'en sert pas"

Mais surtout, il semblerait que les connexions entre les neurones se créent essentiellement durant les premières années de la vie, lorsque nos cellules grises sont stimulées. C'est du moins ce que plusieurs expériences laissent entendre. "Des scientifiques ont mené une expérience très parlante sur des chatons, relate le professeur Lieury. Alors qu'ils venaient de naître et avaient donc les yeux fermés, ils ont empêché l'ouverture des yeux de certains d'entre eux, pendant trois semaines. Ils ont ensuite libéré les yeux des chatons qui, au départ, étaient tout à fait aptes à avoir. Ces chatons sont finalement restés aveugles, du fait que leur vue n'avait pas pu se développer à la naissance. Dans ce cas précis, il semble que cela s'explique par le fait que la lumière projetée sur la rétine permet à l'organisme de synthétiser une protéine, qui va donner le signal pour la production de neurones et de connexions synaptiques efficaces. Les trois premières semaines de la vie semblent, ici, critiques. Après, il est trop tard et les connexions ne se font pas."

Stimuler les premières années

Il est évidemment impossible de réaliser ce type d'expériences sur l'être humain mais certains éléments tendent à montrer qu'un processus similaire semble agir sur les facultés d'apprentissage et l'intelligence en général. Ainsi, on a remarqué que des enfants qui avaient vécu reclus, dans des conditions proches de l'internement, dans des pièces blanches, sans aucune stimulation sensorielle ou intellectuelle, avaient une intelligence bien moindre par rapport à la moyenne des enfants de leur âge. Malgré une stimulation importante par la suite, rares sont ceux qui parvenaient à gagner plus de 10 à 15 points de QI sur leur score initial.

Il faut donc que l'enfant soit suffisamment stimulé dans ses premières années (rassurez-vous, rien de particulier à faire, à part le laisser aller à l'école !) pour développer un "capital cerveau" adéquat. A l'âge adulte, pour éviter que les neurones ne disparaissent ou ne rouillent plus vite que de raison... Il suffit de s'en servir ! "Le cerveau s'use seulement si on ne s'en sert pas", plaisante sérieusement Alain Lieury.

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