Des perturbateurs endocriniens dans les produits cosmétiques

L'UFC-Que choisir révèle dans son numéro d'avril que de nombreux produits d'hygiène et de cosmétique contiennent des perturbateurs endocriniens.

Des perturbateurs endocriniens dans les produits cosmétiques
© Diego Cervo - Fotolia.com

Dans les jouets, dans les emballages alimentaires, dans les produits d'entretien... C'est au tour des produits cosmétiques d'être montrés du doigt par l'UFC-Que choisir. D'après les tests réalisés, des perturbateurs endocriniens sous forme de conservateurs, d'antibactériens, de filtres solaires ou encore d'émollients, ont été trouvés sur 66 produits de beauté et d'hygiène corporelle. Même à faible dose, les fabricants continuent d'en incorporer à leurs produits cosmétiques. "Sur le dentifrice Colgate Total nos mesures ont révélé une teneur en triclosan susceptible d'effet sur la thyroïde, note l'UFC-Que choisir dans son communiqué de presse. Quant au gel douche Nivea "Water lily & oil", nous y avons trouvé du propylparaben à une dose supérieure à la recommandation du Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC)."

Par ailleurs, l'association de consommateurs explique que même si les doses sont minimes, elles s'additionnent lorsqu'on utilise plusieurs produits comportant la même molécule. "C'est ce que nous avons constaté avec le triclosan pour lequel nous avons trouvé des teneurs acceptables sur les dentifrices et les déodorants pris isolément, mais qui atteignent un niveau de risque significatif pour une utilisation combinant les deux produits", est-il précisé. Quant au propylparaben, il a été retrouvé dans à peu près tous les produits que l'on utilise quotidiennement dans sa salle de bains : déodorant, shampoing, gel douche, lait corporel, font de teint, rouge à lèvres... Au total, 9 familles de cosmétiques et d'hygiène en contenaient. 

Effet cocktail

Qui plus est, l'effet cocktail n'est pas à exclure non plus. C'est-à-dire que deux molécules différentes peuvent également avoir des modes d'action similaires et donc additionner leurs effets. "C'est ainsi que nous avons mesuré des niveaux de risques significatifs pour les laits corporels et les crèmes solaires qui cumulent parfois plusieurs molécules différentes", note l'UFC-Que choisir. 

Face à ces résultats préoccupants, l'association demande un renforcement de la réglementation sur les perturbateurs endocriniens, en application du principe de précaution. Elle demande également plus de transparence sur l'étiquetage des produits et un retrait des produits contenant des molécules suspectes.

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques naturelles ou synthétiques, qui sont suspectées d'interférer avec le système hormonal humain, parfois même s'ils sont présents à très faibles doses. Ils auraient notamment un impact sur la fertilité et pourraient être liés à l'augmentation du nombre de cancers dits hormono-dépendants, principalement ceux du sein et de la prostate. En février dernier, un rapport de l'OMS alertait du possible impact que pourraient avoir les perturbateurs endocriniens sur la santé. D'après ce rapport, les perturbateurs endocriniens pourraient perturber une ou plusieurs fonctions du système endocrinien et ainsi accroître le risque de survenue de problèmes de santé. Les auteurs de l'étude préconisaient de mener davantage de recherches afin de bien comprendre les liens qui existent entre les perturbateurs endocriniens chimiques – présents dans de nombreux produits industriels et domestiques – et plusieurs maladies et troubles.

Sources : communiqué UFC-Que choisir, 2 avril 2013 / Rapport sur les effets pour l'homme de l'exposition aux perturbateurs endocriniens chimiques, OMS, février 2013.