Guérisseurs, médecins, médicaments : méfiez-vous des imitations Faux médecin : Jean-Claude Romand, le cas d'école

Janvier 1993. La femme, les deux enfants, les parents et le chien de Jean-Claude Romand sont retrouvés assassinés à leurs domiciles respectifs. C'est l'épilogue douloureux d'un mensonge de près de 20 ans.

Tout commence le jour où Jean-Claude Romand, brillant élève de la région lyonnaise, oublie de se rendre à un examen de médecine (son réveil n'aurait pas sonné), pour valider sa deuxième année. Il est donc recalé et ne se présente au rattrapage de septembre. Au lieu de redoubler, il va laisser croire à tout le monde qu'il passe en troisième année avec brio et se réinscrire, douze années de suite, en seconde année de médecine. En fait, il suivra les cours de sa promotion d'origine, mais sans jamais passer les examens, puisqu'il n'est pas inscrit pour cette année d'études. Seul un chef de service finira par s'apercevoir de la supercherie, contraignant ainsi Jean-Claude Romand à disparaître une première fois. Il annonce à ses parents qu'il est successivement reçu au concours de l'internat de Paris et qu'il se voit proposer un poste de chercheur à l'Inserm. Plus tard, c'est supposément à l'Organisation mondiale pour la santé, à Genève, qu'il est nommé.

Au cours de ses études, Jean-Claude Romand s'était soi-disant découvert un lymphome, maladie "pratique" puisque capricieuse : elle peut apparaître et disparaître au fil des années. Il s'en sert donc chaque fois qu'il a besoin d'apitoyer sur son sort.

Il allait être démasqué
Mais de tels mensonges coûtent cher. Comme il n'en est plus à un près, Jean-Claude Romand invente des placements avantageux qui lui sont facilités grâce à son poste à l'OMS. Il incite donc les membres de sa famille à lui confier leurs économies, ce qu'ils font de bonne grâce. Ces économies, il s'en sert pour financer son train de vie de médecin. C'est vraisemblablement au moment où sa femme allait découvrir le pot-au-rose que Jean-Claude Romand a trouvé une solution radicale pour mettre un terme à cette histoire : le 9 janvier 1993, il tue d'abord sa femme, ses deux enfants et son chien. Puis il se rend pour déjeuner chez ses parents, à qui il ôte également la vie. Avant d'essayer de se suicider... avec des barbituriques périmés. En juillet 1996, Jean-Claude Romand est condamné à la prison à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans.

Pour horrible qu'elle soit, cette histoire n'a heureusement pas engagé la vie d'éventuels patients. Jamais Jean-Claude Romand n'a réellement exercé en tant que médecin. Officiellement chercheur à l'Inserm puis à l'OMS, il n'était donc pas censé être à la pointe de ce qui se faisait en matière de soins et avait choisi pour spécialité l'artériosclérose.

A l'inverse, chaque année, plusieurs faux médecins sont traînés devant le tribunal pénal pour "exercice illégal de la médecine". Ainsi, en 2006, un vrai-faux médecin installé depuis trois ans à Périgueux, fort apprécié de sa clientèle, a été condamné : il n'avait jamais obtenu son diplôme de fin d'études. Même chose quelques jours plus tard, quelques kilomètres plus au sud, à Toulouse. Un "médecin" diplômé de la Faculté libre de France, qui n'a aucune existence légale, faisait des consultations de psychanalyse par téléphone et par minitel. Il écopera de dix-huit mois de prison avec sursis. Les cas d'exercice illégal de la médecine existent en France mais sont mal recensés : ils ne relèvent pas de la juridiction du Conseil de l'Ordre national des médecins puisque, par définition, ils ne sont pas inscrits. C'est donc auprès du tribunal pénal de leur lieu de résidence qu'ils doivent répondre de leurs actes. 

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