Dominique Bertinotti révèle qu'elle est atteinte d'un cancer du sein

Dans un entretien accordé au Monde, Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la Famille, révèle être atteinte par un cancer du sein depuis plusieurs mois.

Hormis François Hollande, personne ne le savait. Dominique Bertinotti aura caché son cancer du sein pendant plus de 8 mois, ne laissant rien paraître, ni la fatigue liée à la chimiothérapie, ni les inévitables transformations physiques, ni ses doutes, ni ses peurs.
Tout commence le vendredi 22 février avec une mammographie de routine qu'elle réussit à caser malgré un emploi du temps bien chargé, alors qu'elle est en pleine préparation du projet de loi sur le mariage pour tous. Les clichés font apparaître une grosseur. Tout s'enchaîne très vite : examens, ponctions, verdict... Puis ce sont les premiers traitements. Se pose alors les premières interrogations : "Est-ce que je vais pouvoir continuer à travailler ? Est-ce qu'en tant que personne publique, je vais pouvoir garder le silence ? Est-ce que ça ne va pas se voir ?". La ministre âgée de 59 ans, fait alors le choix de taire sa maladie. Ni le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ni Marisol Touraine, sa ministre de tutelle, n'en sont informés. Elle prévient seulement François Hollande : "J'ai un cancer. Je suis entrée dans une phase de traitement. Je souhaite que cela reste strictement entre nous", confie-t-elle au Monde, daté de samedi. 

Pour justifier son silence, elle évoque son rôle de femme politique, médiatique, au centre de tous les regards. "Serais-je restée silencieuse si je n'avais pas été une femme politique ? Je ne sais pas. Personne ne peut dire comment on va entrer dans la maladie. Instinctivement, je ne voulais pas mettre le cancer au centre. Je voulais bien être une ministre malade, pas une malade ministre. C'est un tel ébranlement de vous-même... Je ne me sentais pas assez forte pour gérer en plus le regard des autres." Entre débats houleux à l'Assemblée nationale et interventions sur les plateaux télévisés, Dominique Bertinotti va donc tout faire pour cacher la vérité. Sous sa perruque, la ministre continue d'assurer ses fonctions, organisant tout son agenda et usant de subterfuges pour ne pas être démasquée, y compris les "lendemains de chimio, où monter trois marches, c'est l'Everest", confie-t-elle au Monde. J'avais atteint mes limites physiques. Les yeux qui pleuraient. Je faisais de l'œdème", décrit-elle plus loin alors qu'elle évoque un discours, fin août, à La Rochelle

Aujourd'hui, la ministre a choisi de tout raconter. Pas pour susciter la compassion, pas pour en faire un instrument politique. Alors pourquoi et pourquoi maintenant, après 8 mois de silence, interroge Le Monde ? "Pour aider à faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène. Pour montrer qu'on peut avoir un cancer et continuer une vie au travail. Pour que les employeurs comprennent que la mise en congé longue maladie n'est pas forcément la meilleure des solutions."

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