Des blouses bleues pour diminuer la violence à l'hôpital

Confronté à la violence de certains patients envers son personnel soignant, le CHU de Limoges a décidé de distinguer les étudiants des médecins. Explications.

Des blouses bleues pour diminuer la violence à l'hôpital
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La fin des traditionnelles blouses blanches ? Afin d'assurer davantage de sérénité dans les services et surtout baisser le niveau des violences, le CHU de Limoges a eu une idée toute simple : faire porter des blouses bleues aux externes. "Au cours de nos discussions entre médecins, infirmières, cadres et membres de la direction, il est apparu que de nombreuses tensions naissaient d'une méconnaissance des patients du fonctionnement d'un service comme les urgences", explique à l'AFP Stéphane Cibert, cadre de santé à l'hôpital de Limoges. Dans ce CHU, où 12 externes travaillent en rotation dans le service des urgences, il n'est pas toujours facile de faire face à l'exaspération des patients. Car ce qu'ils ne savent pas toujours, c'est que les externes sont en stage et "n'ont le droit ni d'examiner les patients, ni de prendre des décisions". Et "tout ce que voit le patient, qui est stressé, angoissé et qui souvent souffre physiquement, c'est une brochette de blouses blanches qui restent là, assises, sans l'ausculter ! Alors il perd son calme, quand ce n'est pas la famille !" résume-t-il. D'où la mise en place début septembre d'un dispositif simple de différenciation par la couleur des blouses afin de "montrer très concrètement aux patients que tout ce qui est vêtu de bleu n'a pas le pouvoir de décider", précise Maïté Belacel, du service de communication de l'hôpital. 
Cours de self-defense pour les soignants. Le CHU n'en est pas à sa première expérience : dès 1995, l'établissement avait été parmi les premiers en France à proposer des cours de "self-defense" à son personnel médical. Le même CHU est aussi depuis un an le promoteur d'une campagne de sensibilisation par affichage dans les zones d'attente et de passages "qui montrent des situations habituelles d'attente aux urgences pour expliquer aux gens que ça n'est pas parce que le médecin n'est pas auprès d'eux qu'il n'est pas en train de les soigner", explique Maïté Belacel.
Et qu'en pensent les futurs médecins ? Quelques semaines après la mise en place du dispositif, il est trop tôt pour dire s'il est efficace ou pas. Quant aux externes privés de blouse blanche, ne craignent-ils pas de perdre leur armure symbolique et de se sentir moins crédible ? Joris, étudiant en cinquième année et jeune externe désormais paré de bleu, semble plutôt satisfait : "Sur le coup j'ai trouvé que c'était très stigmatisant de créer une espèce de catégorie pour nous, mais le fait est qu'à l'usage cela crée beaucoup de complicité avec le patient qui, du coup, est très compréhensif et amusé quand il voit une blouse bleue". Selon lui, la discussion avec les patients "s'engage plus facilement". 

Avec AFP