Cœur artificiel : le premier greffé est décédé

L'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) a annoncé hier soir le décès du malade qui avait bénéficié en décembre dernier de la première implantation du cœur artificiel bioprothétique.

Cœur artificiel : le premier greffé est décédé
© Carmat

Le premier transplanté de cœur artificiel Carmat est décédé 75 jours après l'intervention chirurgicale. Même si les causes de la mort du patient âgé de 75 ans ne sont pas encore connues, les spécialistes évoquent quoi qu'il en soit une avancée pour la transplantation cardiaque. L'homme qui souffrait d'une insuffisance cardiaque terminale avait été greffé en décembre dernier à l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP). Pour remplacer son cœur déficient, il avait reçu une prothèse cardiaque artificielle bioprothétique conçue par la société Carmat. L'intervention qui avait duré une dizaine d'heures avait été réalisée par les professeurs Christian Latrémouille et Daniel Duveau dans le service du Pr Jean-Noël Fabiani, sous la direction du Pr Alain Carpentier, concepteur du projet. La société Carmat avait reçu en septembre dernier le feu vert des autorités françaises pour réaliser les premières implantations de son cœur artificiel sur quatre patients en France. L'hôpital a rendu, hier soir, hommage à ce patient en fin de vie qui "pleinement conscient de l'enjeu, a, par sa confiance, son courage et sa volonté, apporté une contribution mémorable aux efforts engagés par les médecins pour lutter contre une maladie en pleine évolution".

Les prothèses cardiaques offrent de grandes perspectives pour les patients insuffisants cardiaques. Elles pourraient à l'avenir présenter une alternative pour pallier le manque de greffons mais aussi pour apporter une alternative aux contre-indications de transplantations de cœurs humains.
D'autres cœurs artificiels ont déjà été implantés dans le monde, mais toujours temporairement, en attendant une greffe cardiaque. La prothèse Carmat avait quant à elle vocation à remplacer totalement et définitivement le cœur biologique. En outre, jusqu'à présent la mise en place de coeurs artificiels devait être accompagnée de traitements anti-coagulation lourds, ce qui avait pour gros inconvénient d'accroître fortement les risques d'hémorragies. L'espoir avec cette prothèse est précisément de se passer de tels traitements.
Malgré cet échec relatif, l'hôpital européen Georges-Pompidou souligne "l'importance des premiers enseignements" que les médecins impliqués ont pu tirer de cette expérience "concernant la sélection du malade, le suivi postopératoire, le traitement et la prévention des difficultés rencontrées".
Rappelons que depuis ses prémices, l'histoire de la transplantation cardiaque, le plus symbolique des organes, a toujours été ponctuée d'expériences folles par ses pionniers. En 1967, Christiaan Barnard, un chirurgien sud-africain avait réalisé la première transplantation cardiaque. Le patient était décédé 18 jours plus tard. Ce n'est que dans les années 80, avec la découverte de la ciclosporine qui a révolutionné les traitements anti-rejets, que les transplantations cardiaques ont pu devenir une réalité.