Ce que l’on sait sur les décès suspects de deux grands prématurés

Après la contamination de quatre grands prématurés dont deux sont décédés, le lactarium d'Ile-de-France va rouvrir le 03 octobre prochain. Les enquêteurs poursuivent toutefois leurs investigations.

Ce que l’on sait sur les décès suspects de deux grands prématurés
© plepraisaeng

[Mis à jour le 30/09/2016] Après avoir été inspecté par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le lactarium de l'hôpital Necker va à nouveau distribuer du lait maternel à compter du 03 octobre prochain. La ministre de la Santé, Marisol Touraine avait annoncé au début du mois que la délivrance de lait maternel était suspendue "par précaution" après deux décès suspects de grands prématurés et la contamination d'un troisième depuis le 6 août dernier. Un quatrième nouveau-né contaminé est actuellement hospitalisé.

Le lait maternel hors de cause ? C'est dans un communiqué daté du 3 septembre, que l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait annoncé avoir eu connaissance de "trois cas de contamination de nouveau-nés grands prématurés dans deux de ses services de néonatalogie depuis le 6 août, par une bactérie appelée Bacillus Cereus". Selon Le Parisien, il s'agirait de ceux des hôpitaux de Port-Royal à Paris et Antoine-Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine). Ces trois grands prématurés, dont deux sont décédés, ont notamment "en commun d'avoir reçu, dans leur alimentation, du lait d'origine maternelle délivré par le lactarium d'Ile-de-France rattaché à l'hôpital Necker". Afin de déterminer s'il pouvait y avoir une origine commune à ces trois cas de contamination, les souches ayant contaminé les grands prématurés ont par ailleurs été analysées. Selon le communiqué du 16 septembre de l'AP-HP, "les analyses effectuées à l'Institut Pasteur ont montré la présence de deux souches [de lait, ndlr] identiques et d'une troisième souche distincte. Ces résultats sont confrontés à d'autres prélèvements effectués dans l'environnement et dans des biberons pour lesquels les investigations se poursuivent". Il semblerait toutefois après plusieurs enquêtes dans le lactarium, mais aussi dans les deux services de néonatalogie concernés, que le lait soit mis hors de cause. "A ce stade de l'enquête, les spécialistes sont presque certains que le lait n'est pas responsable du décès de deux bébés à l'hôpital Necker", affirme en effet Europe 1. Les maternités qui ne recevaient plus le lait traité par ce lactarium vont donc à nouveau pouvoir en recevoir, et ce dès le 03 octobre prochain, selon le communiqué du 30 septembre de l'AP-HP. Il n'empêche que les enquêteurs poursuivent tout de même leurs investigations. "Un proche du dossier a indiqué à Europe 1 qu'il pourrait en fait y avoir plusieurs sources de contamination différentes."

L'AP-HP avait par ailleurs révélé le 16 septembre dernier que la bactérie Bacillus cereus avait aussi été trouvée chez un quatrième nourrisson qui "avait été nourri par le lait de sa mère, pasteurisé au lactarium d'Ile-de-France et délivré avant la suspension de l'activité de délivrance de ce lactarium". Il est actuellement traité par antibiothérapie et se porte bien. La caractérisation de la souche est par ailleurs en cours.

Les lactariums, des "banques de lait". Chaque année, ce sont environ 70 000 litres de lait maternel qui sont collectés dans 36 lactariums répartis dans toute la France. Ce lait maternel est donné sur prescription médicale aux grands prématurés dont les mères n'ont pas de lait. "Grâce à ce lait, les grands prématurés ont moins de problèmes digestifs et d'infections, moins de complications liées à leur prématurité et un meilleur développement cognitif", a expliqué le Pr Picaud, président des lactariums de France, à l'AFP. Seuls les lactariums sont habilités à distribuer ces dons de lait maternel en France et ils ont "des procédures très strictes" pour traiter le lait collecté. Des contrôles bactériologiques sont ainsi réalisés avant et après pasteurisation et le lait est jeté au moindre doute. Environ 15% du lait recueilli en France n'est pas utilisé à cause de contaminations bactériennes, dues majoritairement au staphylocoque, a précisé le Pr Picaud.