Le lien entre le virus Zika et Guillain-Barré est confirmé

L’Institut Pasteur confirme que l’infection par le virus Zika est bien à l’origine de l’augmentation des syndromes de Guillain-Barré, forme grave de paralysie des membres avec atteinte respiratoire, observée dans les pays où sévit l’épidémie.

Le lien entre le virus Zika et Guillain-Barré est confirmé
© Jarun Ontakrai - 123RF

La maladie à virus Zika est bénigne dans la plupart des cas. Mais, l'observation, dans les zones endémiques, de cas de syndromes de Guillain-Barré d'une part et de microcéphalies chez les nourrissons d'autre part, inquiète les autorités de santé internationales. Jusqu'à présent ces liens étaient fortement suspectés mais pas démontrés. Un travail mené avec la collaboration de plusieurs spécialistes (épidémiologistes, virologues, immunologistes…) et coordonné par l'Institut Pasteur confirme un lien de causalité entre le virus et les syndromes de Guillain-Barré. L'étude qui s'appuie sur les cas observés en Polynésie Française, est publiée dans la revue The Lancet du 29 février.

Quels sont les résultats de l'étude ? Les équipes de chercheurs (Institut Pasteur, Cnam, Institut Louis Malardé, Centre Hospitalier de Polynésie Française, AP-HP), ont confirmé la présence d'une infection récente par le virus Zika chez la totalité des patients atteints de syndrome de Guillain Barré, à l'époque de l'épidémie en Polynésie française. Les examens effectués au Centre Hospitalier de Polynésie française ont montré qu'il s'agissait d'une forme d'atteinte nerveuse, touchant directement le prolongement du neurone en direction des terminaisons nerveuses. Ces formes se différencient des atteintes plus classiquement observées en Europe.

Un patient sur deux a bien récupéré. L'Institut Pasteur précise dans un communiqué de presse que pour 38% des patients, un passage en réanimation a été nécessaire, mais qu'une fois le cap critique passé, les patients ont plutôt bien récupéré, la moitié d'entre eux étant capables de marcher sans assistance après trois mois. Par ailleurs, le risque de développer un syndrome de Guillain-Barré a été estimé à 2,4 pour 10 000 infections par le virus Zika, sachant que les deux tiers de la population de Polynésie française ont été infectés lors du passage de l'épidémie en 2013-2014. "Ce travail est important car il permet de confirmer le rôle de l'infection par le virus Zika à l'origine de ces complications neurologiques graves que sont les syndromes de Guillain-Barré. Cela signifie que les régions touchées par l'épidémie de Zika doivent s'attendre à une augmentation importante du nombre de patients atteints de troubles neurologiques graves, et anticiper l'accueil de ces patients en réanimation quand il est possible de le faire", explique Arnaud Fontanet, responsable de l'unité Epidémiologies des maladies émergentes à l'Institut Pasteur et coordonnateur de l'étude.

Le syndrome de Guillain-Barré est une affection où le système immunitaire attaque une partie du système nerveux. Les principaux symptômes sont une faiblesse musculaire et des picotements dans les bras et les jambes.