Le premier "bébé médicament" fête ses 5 ans

Le premier "bébé médicament", conçu pour sauver sa grande sœur atteinte d'une maladie du sang, est né le 26 janvier 2011. C'est en prélevant les cellules souches du cordon ombilical que les médecins ont réussi cette prouesse scientifique.

Le premier "bébé médicament" fête ses 5 ans
© Fotolia

Conçu pour permettre de sauver son aînée de deux ans et atteinte d'une maladie du sang, le premier "bébé médicament" - aussi appelé "bébé sauveur" ou "bébé docteur" - est né le 26 janvier 2011 à l'hôpital Antoine Béclère à Clamart. C'est le professeur René Frydman, réputé pour avoir permis la naissance du premier "bébé éprouvette" français né en 1982 par procréation médicalement assisté, qui a une fois de plus mis au point cette prouesse scientifique. Le petit garçon prénommé Umut-Talha, qui signifie espoir en turc, avait été conçu par fécondation in vitro afin d'éviter que ses parents lui transmettent une maladie rare dont ils sont porteurs. Avant d'être implanté dans l'utérus de sa mère, l'embryon a subi un diagnostic génétique pré-implantatoire et les chercheurs ont vérifié qu'il était sain et compatible avec la petite Asya. 

Ainsi, c'est en prélevant des cellules souches présentes dans le cordon ombilical lors de l'accouchement puis en les greffant chez sa grande soeur que cette dernière a pu être sauvée. Les cellules saines provenant du cordon ombilical ont alors remplacé, en seulement quelques semaines, les cellules malades de la petite fille, qui suivait un traitement lourd nécessitant de nombreuses transfusions de sang. Désormais, Asya n'a plus besoin de se rendre à l'hôpital, excepté une fois par an pour une simple visite de contrôle.

Cette réussite scientifique reste néanmoins assez rare. Seuls cinq autres enfants médicaments sont nés en France depuis Ulmut et le taux de réussite n'est que de 10 % pour les parents qui tentent cette technique. De plus, cette pratique longue et coûteuse pour les généticiens semble être de moins en moins effectuée. "On met la priorité sur l'embryon plutôt que sur l'enfant malade. Pour cette raison, les laboratoires en France n'ont pas très envie de se lancer dans cette aventure", a déclaré le Dr Julie Staffan sur France Info. Les parents dont les enfants sont atteints d'une maladie peuvent par ailleurs se tourner vers les banques de cordons ombilicaux issus de dons. Certains se rendent même à l'étranger, notamment en Belgique ou en Espagne où la loi concernant la sélection d'embryon est moins restrictive qu'en France.