Une technique chirurgicale robotisée en cas de cancer du sein

Première mondiale : l’Institut Gustave Roussy vient de débuter un essai clinique visant à réaliser simultanément l’ablation d’un sein, puis sa reconstruction, sans laisser de cicatrice.

Une technique chirurgicale robotisée en cas de cancer du sein
© Fotolia.com

Une avancée esthétique. Deux patientes ont pour la première fois au monde été opérées du sein grâce à une technique chirurgicale innovante utilisant un robot. Son principal intérêt est de ne laisser aucune cicatrice sur le sein, contrairement à la chirurgie classique. L'utilisation du robot nécessite en effet une petite incision (5 cm) placée sous le bras, donc peu visible pour les patientes. "L'objectif est de proposer, dans le cadre réglementé et sécuritaire d'un essai clinique, une alternative chirurgicale, plus esthétique et moins traumatisante psychologiquement, aux femmes qui doivent subir une ablation du sein suivie d'une reconstruction immédiate", précise dans un communiqué de presse le Dr Benjamin Sarfati, chirurgien plasticien oncologue à Gustave Roussy, à l'origine de cette première.

A quoi sert le robot ? Alors que les techniques classiques sont mutilantes et sources de souffrances psychologiques pour les patientes, l'idée de dissimuler la cicatrice sous l'aisselle est apparue aux chirurgiens. Mais restait à résoudre une contrainte technique. En effet, les chirurgies classiques ne permettent pas d'avoir une vision et une amplitude de mouvement suffisantes pour pratiquer cette intervention dans de bonnes conditions. Grâce au robot, associé à une caméra et à des outils chirurgicaux, c'est possible. Le chirurgien, qui se trouve comme "plongé" dans le corps de la patiente, peut alors intervenir à distance et ainsi gagner en précision.

© Institut Gustave Roussy

Qui sont les deux femmes opérées ? La première patiente opérée dans le cadre de l'étude clinique qui a débuté à l'Institut Gustave Roussy est porteuse de la mutation BRCA1, et c'est donc de manière préventive qu'elle a décidé de se faire enlever les deux seins. La jeune femme interrogée dans le Parisien, connaissait bien l'hôpital pour "y avoir accompagné sa mère pendant huit ans et demi, avant son décès d'un cancer au printemps dernier." Elle n'a donc pas hésité lorsque le Dr Sarfati lui a proposé cette solution inédite. Non seulement, elle lui permettait de supprimer un risque énorme de développer un cancer du sein, mais surtout sans mutilation de la poitrine. Un mois et demi plus tard, elle n'a aucun regret. "Quand je me regarde dans la glace le matin, sauf à me contorsionner, je ne vois aucune trace de mutilation", confie-t-elle dans le quotidien. C'est aussi en raison d'une prédisposition génétique qu'une seconde patiente s'est portée volontaire pour rejoindre cette étude clinique qui devrait porter à terme sur 35 patientes. "Le diagnostic de mon cancer du sein est tombé il y a un an. Six mois après, j'ai dû subir l'ablation du premier sein avec une technique classique de chirurgie. On a découvert que j'avais une anomalie génétique prédisposante et j'ai donc décidé de faire une chirurgie préventive de mon second sein. Cette fois, j'ai eu la chance de pouvoir bénéficier de cette nouvelle technique assistée par le robot. J'ai eu beaucoup moins mal et je ne porte pas de marque visible sur la poitrine. Il n'y a aucune comparaison avec le premier sein", explique-t-elle.

Ce type d'opération concerne deux types de femmes : celles porteuses d'une mutation génétique les prédisposant au cancer du sein, qui choisissent une ablation préventive (mastectomie), et les patientes déjà atteintes d'un cancer, à un stade qui n'est pas trop avancé et où la tumeur ne se trouve pas trop près du mamelon.

Pas de complications ? Selon l'Institut Gustave Roussy, l'emplacement de cette cicatrice, qui ne se trouve alors plus au contact de la prothèse mammaire, devrait réduire le nombre de complications post-opératoires (risque infectieux, réouverture de la plaie, retrait de la prothèse…), même s'il est trop tôt pour l'affirmer. Ces bénéfices seront évalués dans le cadre de l'étude clinique prospective de faisabilité "MARCI", initiée en octobre 2015 à Gustave Roussy.