Le nombre de médecins généralistes continue de chuter

Selon un rapport de l’Ordre des Médecins, les médecins français vieillissent, et la médecine générale perd en effectifs. Comment expliquer ces résultats ?

Le nombre de médecins généralistes continue de chuter
© Kzenon

La France va-t-elle devoir faire face à une pénurie de médecins généralistes ? Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a publié mardi 16 juin son édition 2015 de l’Atlas de la démographie médicale, recensant le nombre de médecins par spécialité sur l’ensemble du territoire. Résultat général de cette étude : les médecins français vieillissent, et la médecine générale intéresse peu les jeunes diplômés. Ces deux points vont dans le sens d’une même inquiétude depuis quelques années : celle de voir peu à peu disparaître le traditionnel médecin de famille.

Des médecins qui vieillissent… Globalement, le nombre total de médecin est en hausse, avec "281 087 médecins inscrits au tableau de l’Ordre en 2014" indique le CNOM. Ce nombre constitue le plus élevé jamais atteint, et l’augmentation en un an est proche de 25 % (ils n’étaient que 215 539 en activité en 2014). Mais parmi eux, 23 % sont retraités, et continuent d’exercer ! La population médicale est donc largement vieillissante, avec un âge moyen de 51,5 ans. Une des raisons de ce vieillissement des médecins, alors que le numerus clausus a pratiquement doublé ces dix dernières années : "pas moins de 25 % des médecins diplômes d’une faculté française décident de ne pas s’inscrire à l’Ordre pour exercer d’autres professions, dans le journalisme ou l’administration par exemple, au détriment du soin", révèle encore le CNOM.

… ou qui se spécialisent. Autre point traité par l’Atlas de la démographie médicale : les jeunes médecins préfèrent se spécialiser que de s’orienter vers la médecine générale : "on dénote une baisse constante depuis 2007 des effectifs en médecins générale (on est passé de 64 778 médecins généralistes en 2007 à 58 104 en 2015, soit une baisse 10,3%, et une baisse de 6,8% est à prévoir pour les années 2015-2020)". Pourquoi une telle préférence pour les spécialisations ? Plusieurs raisons peuvent être évoquées, comme le plafonnement des honoraires des médecins généralistes en application depuis 2013 ou encore le fait qu’il s’agisse, selon l’Observatoire de la sécurité des médecins, de la catégorie la plus sujette aux agressions de la part de patients.

Votre médecin généraliste sera plus certainement une femme. Toute spécialité confondue, "58 % des nouveaux inscrits sont des femmes".  Parmi les médecins généralistes, même tendance : "60 % des médecins généralistes libéraux mixtes âgés de moins de 40 ans sont des femmes" précise l’Atlas.

Repeupler les déserts médicaux. Le CNOM précise aussi que "certains territoires semblent […] de plus en plus manquer de médecins." De manière surprenante, les territoires ruraux ne sont pas les seuls à appartenir à la liste des "déserts médicaux". En effet, le CNOM y inscrit aussi les métropoles, dont Paris et les villes moyennes telles que Châteauroux : "sur la période 2007/2015, la région Île-de-France recense une diminution de 6 % des médecins en activité régulière, alors que la région des Pays-de-la-Loire comptabilise une hausse de 6 %." Pour contrer ce manque de médecins dans certaines régions et la difficulté d’accès aux soins qui en découle, le projet de loi Santé initié fin 2013 par la Ministre Marisol Touraine prévoit un plan d’action qui comprend notamment une formation des jeunes médecins à la médecine générale et une facilitation de leur installation dans les territoires les plus touchés.