Le "viagra féminin" bientôt sur le marché ?

Un médicament stimulant le désir féminin, la Flibanserin, pourrait bientôt être commercialisé aux Etats-Unis. Mais son efficacité ne serait pas optimale, et les effets secondaires dangereux.

Le "viagra féminin" bientôt sur le marché ?
© Viacheslav Iakobchuk

Ce jeudi 4 juin 2015, un comité d’experts scientifiques a recommandé à l’Agence américaine des médicaments (FDA) d’autoriser la commercialisation d’un "viagra féminin", le Flibanserin. Celui-ci serait destiné aux femmes non ménopausées et souffrant de baisses de désir sexuel. Cette recommandation impose toutefois une condition : celle que le fabricant de ce médicament (Sprout Pharmaceuticals) mette en place des mesures pour que les utilisatrices aient connaissances des risques d’effets secondaires potentiels (somnolence, évanouissements, nausées, syncopes ou encore chute de tension artérielle).

Un rapport bénéfice/risque trop faible. La FDA avait, depuis la première présentation de ce médicament en 2010, déjà refusé sa commercialisation à deux reprises. La cause de ces refus : une rapport bénéfice/risque insuffisant en comparaison des médicaments placebo dans les essais préalables. Toutefois, rien n'est encore joué, car même si la FDA applique généralement les recommandations d'experts qu'elle reçoit, elle n'a pas l'obligation de s'y tenir. 

Non, le Flibanserin n'est pas le "Viagra des femmes". Rappelons que le terme de "viagra féminin" n'est pas du tout approprié. Et pour cause : un trouble du désir et un trouble de l'érection, sont deux choses très différentes ! Alors que le viagra masculin augmente le flux sanguin vers les organes génitaux par dilatation des vaissaux, le Flibanserin agit directement sur le cerveau, gestionnaire de notre libido. Ce médicament va donc augmenter les taux de dopamine et de noradrénaline, deux hormones favorisant le désir sexuel, et diminuer la quantité de sérotonine, molécule responsable des baisses de désir. Ces substances jouant aussi un rôle sur le sommeil, le stress, la digestion, le rythme cardiaque, la pression artérielle ou encore les humeurs, le fait de modifier leur quantité n’est pas anodin et représente un risque potentiel.

Des causes variées à la baisse de désir sexuel féminin. Parce que plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle sur le désir sexuel, soigner directement ces causes pourrait se révéler bien plus efficace, que de les combler par un médicament. Le manque de libido peut ainsi être lié à une carence hormonale, à des problèmes psychologiques (problèmes relationnels, stress, dépression…), à l'usage de drogues et de certains médicaments. Mais aussi  à certains blocages, voire pression de réussite de l’acte sexuel. En outre, la contraception peut également avoir des effets sur la libido. La consultation d’un gynécologue ou d'un médecin sexologue peut permettre d’identifier les causes de ce manque de désir et d’y remédier.