Comment combattre la résistance aux antibiotiques ? Demain, des "antibiotiques vivants" en pharmacie ?

Devant la montée de ces résistances, de nouvelles méthodes pour combattre les infections bactériennes se développent. Antibiotiques vivants et greffe de selles : l'ingéniosité des chercheurs est à l'honneur ! 

Trouver des solutions alternatives pour contrer ce problème de santé publique, c’est aussi anticiper une éventuelle époque où les médecins devront avoir en main de nouveaux outils variés et fonctionnels pour guérir les infections bactériennes. Plusieurs solutions originales font déjà leur preuve. 

Les bactériophages sont des virus qui
s'attaquent aux bactéries.
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Des antibiotiques vivants. Les bactéries possèdent elles aussi leurs propres virus, appelés bactériophages. Ils présentent l’avantage d’être extrêmement spécifiques et vont donc détruire certaines espèces de bactéries en étant totalement inoffensifs pour d’autres. Le principe est donc le même que pour les antibiotiques traditionnels à spectre étroit. En administrant à un patient les bons bactériophages, ceux-ci s’attaqueront aux bactéries pathogènes, tout en restant inoffensifs pour le malade. La fabrication industrielle de mélanges de bactériophages est encore en cours d’amélioration, mais un essai de cette phagothérapie a été initié par le programme Santé du Ministère de la Défense en juin 2013 pour lutter contre deux bactéries (Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa) responsables d’infections cutanées chez des patients atteints de brûlures sévères.

Lutter contre les bactéries par d’autres bactéries. Une autre méthode non moins étonnante se développe peu à peu : celle de la greffe fécale, qui consiste à injecter des selles saines dans le tube digestif d’une personne malade. Mais pourquoi réaliser cette curieuse intervention ? Notre tube digestif contient naturellement plus de 100 000 milliards de bactéries qui contribuent au fonctionnement  du système digestif : c’est le microbiote intestinal, aussi appelé flore intestinale. Pourtant, lorsque l’intestin est colonisé par une bactérie pathogène, tout l’équilibre est perturbé et la digestion ne fonctionne plus bien. C’est le cas notamment des infections à Clostridium difficile. Le problème : cette bactérie responsable de diarrhées sévères pouvant conduire à des septicémies et des décès est multirésistante à quasiment tous les antibiotiques qui existent actuellement. En réinjectant un mélange équilibré de flore intestinale saine, Clostridium difficile peut être éliminée, perdant la compétition contre les autres bactéries saines. Réservée aux essais cliniques et aux cas les plus graves pour le moment, cette technique au succès quasi-total s’annonce très prometteuse. 

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