Le plan de surveillance du moustique tigre lancé

Afin d'éviter la propagation du virus transmis par le moustique tigre et vecteur de la dengue et du chikungunya, l'InVS renouvelle son "plan anti-dissémination".

Le plan de surveillance du moustique tigre lancé
© demarfa

Un nombre croissant de départements sont colonisés par Aedes albopictus, le moustique tigre vecteur de la dengue et du chikungunya. Aperçu pour la première fois en 2004 dans les Alpes-Maritimes, il est désormais présent dans 18 départements du sud de la France. Originaire d’Asie du Sud-Est, le moustique tigre, appelé ainsi en raison de son abdomen rayé, est aujourd’hui présent sur tous les continents. Cette espèce serait très certainement arrivée en Europe sous forme d’œufs pondus dans des pneus usagés qui ont ensuite éclos. Les moustiques se reproduisent dans des petites réserves d'eau douce (seaux, citernes, vases...).

Epidémie sans précédent dans les Antilles. Dans l’éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS), Jean-Claude Desenclos, directeur scientifique à l’InVS, affirme qu’avec "l’intense circulation internationale des personnes et l'implantation croissante d'Aedes albopictus en zone tempérée, le risque de dengue et de chikungunya est maintenant globalisé et ne fera que croître avec la progression de l'implantation du moustique tigre". Selon l’InVS, 2 327 cas de chikungunya et 953 cas de dengue ont été recensés en 2014 en métropole. Il s'agissait de cas importés, à la suite de l'épidémie qui avait massivement frappé les Antilles l'année passée. Les cas "autochtones", c'est-à-dire véhiculés par des moustiques tigres directement en métropole, avaient également été plus nombreux l'été 2014 que les années passées, avec quatre cas de dengue en Paca et douze cas de chikungunya dans la région de Montpellier.

Plan national anti-dissémination. Selon l’InVS, il est tout à fait possible que dans des conditions climatiques et écologiques favorables pour le moustique, "une épidémie de plus grande ampleur" survienne. Les scientifiques estiment que cela justifie le renforcement de la sensibilisation des voyageurs qui se rendent dans des pays où circulent ces virus, même si pour l’instant le risque sanitaire reste assez faible. Ils considèrent par ailleurs que d’autres virus transmis par Aedes albopictus, comme le virus Zika, seront à prendre en compte à l’avenir. Le BEH indique par ailleurs que "depuis 2006, un plan national "anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole" a été établi et reconduit depuis, chaque année". Il consiste à une surveillance et à des mesures de prévention et de contrôle de ces deux maladies.

Disparition progressive des symptômes. Même si le virus du chikungunya est responsable de symptômes handicapants (atteintes articulaires, maux de tête, fièvre, douleur musculaire, éruptions cutanées...), il est rarement grave pour les individus en bonne santé. Les personnes avec des antécédents médicaux ou des maladies chroniques sont en revanche plus fragiles : le chikungunya peut aggraver leur état de santé, voire provoquer leur décès indirectement. De même, les personnes aux âges extrêmes de la vie, personnes âgées et nouveau-nés, ainsi que les femmes enceintes, doivent être surveillées attentivement en cas d'infection.

La fièvre et les éruptions disparaissent en quelques jours tandis que les douleurs articulaires perdurent jusqu'à plusieurs semaines. Des traitements anti-douleurs et anti-inflammatoires sont généralement prescrits aux personnes infectées. La dengue est quant à elle responsable de symptômes semblables à ceux du chikungunya. Après une brève rémission, ils s'intensifient avant de s'atténuer à nouveau au bout d'une semaine. A ce jour, il n'existe aucun traitement spécifique ni de vaccin pour lutter contre cette maladie.

Penser à se protéger. Pour éviter toute infection par ces deux virus, il faut penser à se protéger. Les individus doivent ainsi limiter l'exposition à ces insectes en portant des vêtements longs, en utilisant des insecticides sur les vêtements et les moustiquaires ainsi qu'en appliquant des répulsifs cutanés. Les gîtes larvaires potentiels tels que divers récipients, les pots de fleur, les déchets encombrants, les pneus usagés, etc., doivent être par ailleurs éliminés.