Poursuivis en justice pour avoir refusé de faire vacciner leur fille

Le tribunal de grande instance d'Auxerre examinait ce jeudi le cas de deux parents opposés à la vaccination de leur enfant contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), relançant par la même occasion le débat sur l'utilité de la vaccination obligatoire.

Poursuivis en justice pour avoir refusé de faire vacciner leur fille
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Samia et Marc Laurèle comparaissaient jeudi devant le tribunal de grande instance d'Auxerre. Accusés de maltraitance, pour avoir refusé de faire vacciner leur fille de trois ans contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), ils risquent une peine très lourde. Selon le code de santé publique en effet, le refus de se soustraire à ses obligations légales "au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de son enfant" sont passibles de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.

Le DTPolio est le seul vaccin obligatoire en France. Quiconque refuse de vacciner ses enfants se retrouve dans l'impossibilité d'inscrire ses enfants à l'école, dans une crèche ou toute autre collectivité. Mais problème : celui-ci est proposé depuis 2008 sous forme combinée avec d'autres vaccins qui eux, ne sont pas obligatoires (coqueluche, haemophilus influenzae b et hépatite B). C'est ce qui explique que le couple se soit opposé à la vaccination de leur fille : il n'est aujourd'hui plus possible de ne faire que le vaccin obligatoire. Et selon eux, les risques d'effets secondaires sont trop grands, en particulier à cause de la présence d'adjuvants, tels que le mercure et l'aluminium.
D'après leur avocat, Me Ludot, les parents ne font pas dans "l'anti-vaccin primaire" et "n'appartiennent à aucune secte". Selon lui, "le droit à la santé, c'est aussi, par le biais d'un système un peu perverti, le droit ne pas se vacciner". "Est-ce que le droit de m'en affranchir est une liberté constitutionnelle ? Il y a un besoin impérieux d'avoir des éclaircissements à ce niveau-là", a-t-il plaidé devant le tribunal. "La question mérite d'être posée", a estimé de son côté le vice-procureur Gregory Leroy, favorable à la transmission à la Cour de cassation.

Interrogée jeudi sur i-Télé, la ministre de la Santé a insisté sur le caractère "fondamental" des vaccins pour éviter les maladies. "Il y a un mouvement qui me préoccupe en France de méfiance, de défiance même vis-à-vis des vaccins (...) La liberté s'arrête là où commence la santé publique et la sécurité de l'ensemble de la population", a-t-elle ajouté. Précisant par ailleurs qu'il n'y avait pas raison particulière "d'avoir des inquiétudes sur ce que l'on appelle les adjuvants, un produit que l'on ajoute dans le vaccin pour permettre son efficacité maximale".

L'obligation de vacciner fait débat. En France, la vaccination DTPolio est largement suivie mais ce procès illustre un mouvement qui remet en cause l'intérêt de la vaccination obligatoire. Début septembre, le Haut Conseil de la santé publique, avait dénoncé une politique vaccinale devenue illisible. Sans se prononcer, ni pour le pour, ni pour le contre, il avait estimé que le maintien ou non de "l'obligation vaccinale en population générale" relevait "d'un choix sociétal méritant un débat que les autorités de santé se doivent d'organiser". Il avait souligné que parmi les pays industrialisés, seules la France et l'Italie imposent encore des vaccins alors que les pays qui n'ont pas d'obligation vaccinale ont des couvertures vaccinales similaires, voire meilleures.