Pesticides : un vrai danger pour les agriculteurs

Une exposition professionnelle aux pesticides pourrait provoquer maladies neurologiques, cancers et troubles sexuels tandis qu'une exposition précoce entraînerait des risques pour le développement de l'enfant.

Pesticides : un vrai danger pour les agriculteurs

Cela ne surprend plus lorsque la liste des effets néfastes des pesticides sur la santé vient à s'allonger. Utilisés massivement en agriculture, ils ont récemment fait l'objet d'un bilan au travers de la littérature scientifique publiée ces 30 dernières années, initiative de la Direction Générale de Santé (DGS) conduite par l'Inserm. Le but : prouver qu'il existe des risques sanitaires associés à une exposition professionnelle dans le secteur agricole, ou précoce chez le fœtus et les jeunes enfants.
Les pesticides englobent près de 1 000 substances sur le marché qui visent à détruire, contrôler ou repousser divers organismes (plantes, insectes, vers, bactéries...). Dans le secteur agricole, la peau est la voie principale d'exposition (80 %). L'expertise collective a ainsi déterminé qu'une telle exposition pouvait conduire à développer divers cancers (hématopoïétique, prostate, testicule, mélanomes, tumeurs cérébrales). Les agriculteurs, les ouvriers d'usines de production de pesticides et les personnes vivant dans un environnement rural sont particulièrement exposés. L'enquête s'est également penchée sur le cas de maladies neurodégénératives. Les adultes exposés aux insecticides et herbicides présenteraient ainsi un plus grand risque de développer une maladie de Parkinson. Mais ce n'est pas tout, de nombreuses études épidémiologiques évoquent une relation entre exposition prénatale aux pesticides et développement de l'enfant. Ces dernières suggèrent une augmentation significative du risque de fausses-couches ainsi qu'un risque de malformations congénitales lors d'une exposition professionnelle maternelle aux pesticides. Leucémie, tumeurs cérébrales, atteinte de la motricité fine, de l'acuité visuelle ou de la mémoire peuvent également intervenir au cours du développement de l'enfant. Les experts indiquent que les mécanismes cellulaires et moléculaires mis en jeu dans ces pathologies potentielles n'ont pas clairement été identifiés mais ils tiennent à rappeler que "ne pas être en mesure de conclure ne veut pas dire obligatoirement qu'il n'y a pas de risque".
La France étant le premier pays agricole de l'Union Européenne en termes de surface agricole, 15% de la population seraient concernés.

Source : communiqué de l'Inserm, juin 2013.