Les médicaments sous surveillance décryptés Isotrétinoïne (Contracne, Curacne, Procuta, Isotrétinoïne Teva) contre l'acné

chez l'adolescent, l'acné peut vite devenir problématique.
Chez l'adolescent, l'acné peut vite devenir problématique. © Soupstock / Fotolia.com

 Commercialisation : 2002, 2005 et 2008

 Ordonnance : oui

Indications

L'isotréitinoïne est le seul médicament pour traiter les formes sévères d'acné. Elle ne doit être prescrite qu'en cas d'échec des traitements classiques. Chaque année, environ 100 000 patients sont traités par ce type de médicaments. Le Roaccutane n'étant plus commercialisé depuis 2008, le médicament se présente aujourd'hui sous la forme de quatre génériques : Curacne, Procuta, Contracné et Isotrétinoïne Teva.

L'isotrétinoïne doit être "uniquement prescrite sous la surveillance de médecins ayant l'expérience de l'utilisation des rétinoïdes systémiques dans le traitement de l'acné sévère ainsi qu'une parfaite connaissance des risques de l'isotrétinoïne et de la surveillance qu'elle impose", note l'Afssaps.

Principe actif

Ce dérivé de la vitamine A diminue l'épaisseur de la couche cornée, élimine les comédons (points noirs) et diminue la sécrétion de sébum. Malgré ses effets indésirables (peau sèche, pertes de cheveux, réaction inflammatoire en début de traitement, etc.), le traitement est très efficace.

Motif de la surveillance renforcée 

Risque tératogène et risque potentiel de troubles psychiatriques.

 Le risque de malformations fœtales en cas de grossesses imprévues étant bien connu et depuis longtemps, ce médicament est très surveillé depuis plusieurs années. De même sa prescription est encadrée : "L'utilisation d'une contraception est obligatoire pendant le traitement, il faut faire un test de grossesse tous les mois et il faut avoir une ordonnance récente (moins de 3 mois) pour s'en faire délivrer à la pharmacie, énumère le Dr Lorette, dermatologue au CHU de Tours et membre de la Société française de dermatologie. Malgré toutes ces précautions, ce n'empêche pas les incidents chaque année".

 Mais, surtout, l'isotrétinoïne fait l'objet d'une surveillance sur le plan des effets psychiatriques et c'est la raison pour laquelle il est sous surveillance renforcée. Dépressions, changements d'humeur et pensées suicidaires ont régulièrement été rapportés chez des patients traités par isotrétinoïne. De plus, de 1986 à avril 2009, une vingtaine de cas de suicides ont été déclarés à l'Afssaps.

Reste qu'à ce jour, le lien entre la prise d'isotrétinoïne et la survenue de troubles psychiatriques n'est pas établie. Aussi les autorités sanitaires poursuivent-elles leur surveillance. L'Afssaps recommande notamment de porter une "attention particulière aux patients présentant des antécédents de dépression" et de bien informer les patients avant de débuter un traitement. Enfin, pendant et après l'arrêt du traitement, "les patients doivent informer leur médecin de tout changement d'humeur ou de comportement". 

Par ailleurs, il faut savoir que même si l'acné n'est pas grave, elle peut, dans sa forme sévère, constituer une atteinte à l'image de soi. "Les adolescents qui ont de l'acné souffrent souvent du regard des autres. Le ressenti psychologique est très important, surtout lorsque l'acné est sévère", note le Dr Lorette. Selon l'Afssaps, il a été montré que le taux de symptômes dépressifs est statistiquement significativement plus élevé chez les patients acnéiques garçons et filles que chez les non-acnéiques (20 % à 51 % versus 14 % à 20 %). Par ailleurs, l'isotrétinoïne est efficace et peut modifier la vie de certains patients dont la qualité de vie est considérablement altérée par leur problème de peau, affirme le Dr Lorette.

Autre fait indéniable, l'adolescence est un âge où les cas de dépression mais aussi de suicides sont nombreux. Le suicide représente la deuxième cause de mortalité après les accidents de la circulation.

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