Après un cancer, la vie Les séquelles physiques ou le rappel permanent de la maladie

des moyens existent pour masquer les effets de la chimio après le traitement.
Des moyens existent pour masquer les effets de la chimio après le traitement. Beaucoup de femmes optent pour une perruque. © JPC-PROD - Fotolia.com

Certes, c'est accessoire, l'essentiel étant d'avoir la vie sauve. Mais les mutilations parfois engendrées par la chirurgie contre le cancer sont le rappel permanent de la maladie. Tout comme les effets secondaires des traitements. Perte des cheveux et de toute la pilosité corporelle, ongles qui tombent, parfois prise de poids : la chimiothérapie est agressive pour l'ensemble du corps.

Ces conséquences du traitement vont disparaître peu à peu, mais elles peuvent mener la vie dure, se souvient Brigitte : "Lorsque je suis sortie de l'hôpital, il faisait encore froid et j'ai pu cacher l'absence de cheveux par un bonnet ou un foulard savamment noué. Mais au printemps ou en été, à moins de mettre une perruque que j'avais beaucoup de mal à accepter, le problème est devenu plus difficile à vivre. Je n'avais pas la force d'imposer mon crâne chauve aux yeux des autres ou de supporter leur regard dans les lieux publics. J'aurais voulu pouvoir oublier ma maladie pour renouer sereinement avec le monde normal."

"J'aurais voulu pouvoir oublier ma maladie pour renouer sereinement avec le monde normal."

Pour mieux vivre cette période transitoire, de nombreuses solutions existent aujourd'hui. Une perruque naturelle et un maquillage bien fait peuvent permettre de sortir en toute sérénité en attendant que le fin duvet repousse. Petite consolation : il n'est pas rare que les cheveux qui repoussent après une chimiothérapie soient plus beaux, plus ondulés et plus soyeux qu'avant. Ne pas hésiter à demander au cancérologue où l'on peut s'adresser.


Chirurgie réparatrice

Les cicatrices et les dysfonctionnements resteront, à moins de faire de nouveau appel à la médecine. C'est souvent le cas pour les cancers du sein ou de la peau : la chirurgie réparatrice fait des miracles en la matière.
Yohann Derhy, chef de clinique en chirurgie réparatrice, regrette que les cancérologues soient encore dubitatifs devant cette option. "Il arrive même que des confrères médecins déconseillent à leurs patients de faire appel à nous, parce qu'ils en sont restés aux balbutiements de notre spécialité. C'est le cas de certains gynécologues, heureusement très rares, qui déconseillent de se faire reconstruire un sein, parce qu'ils ont vu des échecs chez certaines de leurs patientes. Aujourd'hui, même si l'on ne peut pas écarter le risque qu'une opération échoue, la plupart du temps ce sont des succès qui transforment la vie du patient et qui méritent le plus souvent de tenter l'aventure. Récemment, j'ai opéré un homme qui n'avait plus de nez, suite à un cancer. Il a mis plusieurs mois avant de consulter car on lui avait plutôt conseillé une prothèse. Pourtant, il ne pouvait s'y résoudre, celle-ci lui renvoyant au quotidien la souffrance de sa mutilation. Aujourd'hui, il a retrouvé un nez, il est satisfait et heureux."

Toutefois, cette décision doit être celle du patient, prise en toute conscience, souligne le Dr Dolbeault. "Je dirais qu'environ la moitié des femmes que je rencontre et qui ont été opérées d'un cancer du sein optent pour la chirurgie reconstructrice, estime-t-elle. Précisons que toutes les femmes n'ont pas la possibilité de faire reconstruire un sein, cela dépend des cas, de l'opération, du type de pathologie, etc. Et même quand c'est possible, certaines préfèrent rester ainsi, une façon d'assumer leur mastectomie. Alors que d'autre ne supportent pas de se voir avec un seul sein. Tout le monde réagit différemment. Encore une fois, l'essentiel est d'anticiper avec la personne, de bien lui expliquer avant l'opération toutes les solutions qui s'offrent à elle, dans son cas particulier."

Autre séquelle, moins visible mais très handicapante : la fatigue très particulière qui suit un traitement contre le cancer. Ainsi témoigne Andréa, de Ventabren : "Je suis fatiguée physiquement, les traitements ont laissé des traces indélébiles, douleurs dans les genoux, plus de force dans les bras, un estomac sensible, une ostéoporose importante, des fatigues inexpliquées." L'ennui, c'est que cette fatigue n'est pas vraiment visible, ni compréhensible. "Les proches ont tendance à vouloir aller trop vite, commente le Dr May-Levin. Ils veulent que le patient reprenne une vie normale tout de suite, alors que la fatigue et l'état dépressif peuvent durer plusieurs mois après la fin du traitement. Il ne faut pas s'inquiéter outre-mesure, tout cela va revenir à la normale progressivement."

Certaines opérations, si elles laissent peu de cicatrices visibles, endommagent notablement le fonctionnement du corps. C'est parfois le cas lorsqu'il s'agit d'un cancer de la prostate. Il n'est pas rare que le chirurgien ne puisse éviter de toucher les nerfs érectiles. S'ils sont endommagés, le patient ne pourra plus avoir d'érection naturelle, même une fois le traitement terminé. En outre, l'éjaculation devient souvent rétrograde (elle se fait dans la vessie), ce qui empêche évidemment la procréation. D'autres types de cancers, comme celui du larynx, sont également handicapants : le patient ne pourra plus parler normalement et devra réapprendre à prononcer, avec une voix métallique. Il ne faut surtout pas hésiter à discuter de ces aspects avec le cancérologue avant l'opération. Ainsi, il n'y aura pas de surprise à la fin du traitement et des solutions pourront être envisagées en amont.

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