Cancer du col de l'utérus : vacciner dès 9 ans ?

Vacciner les petites filles dès l'âge de 9 ans, c'est ce que propose l'Organisation mondiale de la santé dans ses dernières recommandations. Retour sur un vaccin polémique.

Cancer du col de l'utérus : vacciner dès 9 ans ?
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Depuis sa mise sur le marché, le vaccin contre les papillomavirus (virus HPV), à l'origine de 70 % des cancers du col de l'utérus, divise patients et médecins. Pourtant, depuis quelques mois,  les autorités de Santé semblent suivre le même objectif : vacciner plus, de plus en plus tôt, comme c'est déjà le cas aux Etats-Unis, où les campagnes de vaccination commencent dès 9 ans, y compris chez les garçons.

A l'occasion du congrès mondial de lutte contre le cancer qui se tenait à Melbourne début décembre, l'OMS a présenté de nouvelles recommandations concernant la vaccination contre le papillomavirus. D'abord, elle préconise de réduire les injections du vaccin de trois à deux doses (à 6 mois d'intervalle), comme c'est déjà le cas en France. L'idée étant de réaliser d'importantes économies et d'améliorer ainsi la vaccination dans les pays aux revenus les plus modestes. Ensuite, elle recommande d'abaisser l'âge de la vaccination : de 11 à 14 ans actuellement, on pourrait vacciner désormais les jeunes filles de 9 à 13 ans. Ainsi cela permettrait d'atteindre les jeunes filles avant qu'elles ne soient sexuellement actives justifie l'OMS.

Méfiance injustifiée envers la vaccination ? Les recommandations de l'OMS rejoignent ainsi celles du Haut Conseil de la santé publique, qui avait estimé en septembre dernier que le vaccin contre les papillomavirus devait être proposé à l'école, dès 9 ans, afin d'améliorer la couverture vaccinale contre ce virus. Il plaidait alors pour la mise en place d'un dépistage organisé du cancer du col de l'utérus sur l'ensemble du territoire. Et dénonçait alors la méfiance "injustifiée" des Français envers ce vaccin, alimentée par différentes plaintes à l'encontre du Gardasil et entretenue par certains médecins et par les médias. Ils déploraient par ailleurs, la faible couverture vaccinale en France : alors qu'en 2011, 27 % des jeunes filles de 16 ans avaient reçu une vaccination complète, elles n'étaient plus que 20 % en 2013.

Plus de 700 médecins ont signé une pétition. Si la vaccination contre les papillomavirus peut laisser perplexe, c'est parce qu'il existe un certain nombre de zone d'ombres autour de ce vaccin. En premier lieu, les preuves de son efficacité ne seraient pas suffisamment probantes. Ainsi, on manquerait de recul pour dire si le vaccin est réellement efficace pour diminuer le risque de cancer de l'utérus. C'est en tout cas, l'un des arguments pointés, en mars dernier, par un collectif de médecins signataires d'une pétition pour réclamer une "mission parlementaire sur l'opportunité de la vaccination" contre ce cancer. Au total, plus de 700 médecins, connus pour leur indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique, remettent en cause la vaccination contre le cancer de l'utérus. Autre argument pointé par Philippe Chazournes, le médecin à l'origine de cette nouvelle fronde, le vaccin aurait été testé contre un placebo contenant des adjuvants (sels d'aluminium), faussant ainsi les études préalables à sa mise sur le marché.

Le frottis, une stratégie efficace et peu coûteuse. Autre point de discussion, le Gardasil est un vaccin onéreux (369 euros les trois injections) et remboursé à 65 %, donc source d'une dépense lourde pour l'Assurance maladie. En octobre 2012, la Cour des comptes évoquait dans un rapport un vaccin "inapproprié", avant de conclure que "la priorité devrait être donnée à l'organisation du dépistage par frottis". Sur ce point, les autorités de santé ne cessent de le répéter : vaccination et dépistage sont complémentaires. Le frottis permet en effet de détecter les lésions précancéreuses et cancéreuses du col afin de les traiter le plus tôt possible. Et comme le rappelle l'Inca, "en 20 ans, ce dépistage a montré une réduction de moitié du nombre de cas et de la mortalité liée à ce cancer". Un dépistage systématique et organisé pourrait permettre d'atteindre "en quelques années une couverture de dépistage de 80 % des femmes et ainsi de réduire de plus de 20 % le nombre de décès". 

En France, depuis la fin 2013, une dizaine de jeunes filles atteintes de troubles qu'elles attribuent aux injections, ont déposé plainte contre X au pénal.

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