Mélanie Doerflinger, la jeune française qui veut faire plier Tampax

Emue par le témoignage de Lauren Wasser, ce mannequin amputée de la jambe droite à la suite d’une infection provoquée par le port d’un tampon, une étudiante a décidé de réagir via une pétition dans laquelle elle interpelle le leader des tampons. Interview.

Mélanie Doerflinger, la jeune française qui veut faire plier Tampax
© Mélanie Doerflinger

Elle aura 20 ans dans quelques mois, mais cette jeune étudiante en histoire, actuellement en licence à la Sorbonne à Paris, est aussi une femme volontaire et tenace. Choquée par le témoignage du mannequin Lauren Wasser, qui a perdu sa jambe à la suite d'un Syndrome du Choc Toxique (SCT), une infection rare, causée par une bactérie, et liée à une mauvaise utilisation des tampons hygiéniques pendant les règles, elle a décidé d'en savoir plus. Dans une pétititon, consultable sur le site change.org et déjà soutenue par plus de 42 000 signatures, elle réclame à Procter&Gamble, la multinationale qui commercialise la marque Tampax, davantage de transparence quant à la composition des tampons. 

Aviez-vous déjà entendu parler du syndrome du choc toxique avant d'entendre parler du drame qui a touché le mannequin Lauren Wasser ?

Mélanie Doerflinger : Oui, j’en avais entendu parler mais sans y prêter vraiment attention. J’avais retenu que c’était un événement rare et surtout sans gravité, donc je ne m’inquiétais pas du tout. C’est donc seulement quand j’ai lu des articles sur cette histoire que cela s’est matérialisé. Le témoignage de Lauren Wasser m’a beaucoup touchée, je me suis dit "la pauvre, elle a perdu une jambe et manqué de perdre la vie…" !

Qu'est-ce qui vous a poussé à lancer la pétition ?

A force de lire des articles, je me suis dit "bouge-toi les fesses". L'idée de lancer une pétition est donc venue naturellement au mois d'août. Au début, cela a été très laborieux et puis suite à l'article paru dans Metro News, tout s'est accéléré. En l'espace de quelques jours, le nombre de signatures est monté en flèche, passant de 300 à 1 000. J'ai été très étonnée…

Que reprochez-vous à Tampax ?

D’abord, je précise que je m’adresse à la marque Tampax, parce que c’est la plus connue. Ma démarche est donc symbolique et non ciblée vers cette marque en particulier. Ensuite, j’ai été bouleversée par le témoignage de Lauren Wasser et je me suis dit que les femmes manquaient d’information sur les risques liés à de mauvaises conditions de port des tampons. Il y a un manque de pédagogie évident, en particulier, sur les deux principales causes, à savoir : le fait de porter trop longtemps un tampon et d’utiliser des types de protection mal adaptés aux flux. Et surtout, au-delà de ce manque d’information, je me suis très vite intéressée à la composition des tampons, mais ne trouvant pas de réponse sur les emballages des produits, j’ai décidé d’interpeller directement Tampax.

Pourquoi tenez-vous à connaître la composition des tampons ?

Etant donné les risques que courent les utilisatrices, je trouve anormal de ne pas avoir accès à la composition des protections hygiéniques. Certes ces produits appartiennent à l’industrie du papier –cela m’a d’ailleurs beaucoup choquée d’apprendre cela-, mais quand on achète des mouchoirs en papier, on peut lire sur les paquets leur composition. Alors, pourquoi cacher celle des tampons ? Actuellement c’est le flou total et ce n’est pas acceptable ! D’autant plus que d’autres problèmes, en plus du risque d’infection, pourraient être liés à la composition des tampons, je pense notamment aux allergies. Plusieurs jeunes filles m’ont contactée dans ce sens depuis que j’ai mis en ligne la pétition.

Et maintenant… ?

Je prends conscience du fort lobbying qui peut exister dans ce domaine. Mais en même temps, je suis révoltée et je ne peux plus reculer ! D’un côté, c’est impressionnant car je m’attaque à du "gros". Mais en même temps, de nombreuses personnes m'interpellent, m'encouragent et me remercient pour l'initiative. Une fois que j'aurai suffisamment de signatures, je compte interpeller directement la ministre de la Santé. Je n’arrêterai pas tant que je n’aurai pas de réponse à mes questions.