Thérèse, 86 ans, zen

Thérèse a 86 ans et une forme à toute épreuve. Elle nous livre sa passion tardive pour la méditation qu'elle pratique quotidiennement, à sa façon, c'est-à-dire en chantant.

"J'ai commencé à participer à des séances de yoga vers 46 ans. J'étais très fatiguée et je souffrais de maux de dos, de sciatique à perpétuité, d'angines. J'avais eu 5 enfants (dont un bébé bleu décédé tout petit), en 1944, 1945, 1947, 1950 et 1956, dans des conditions, au moins pour les premiers, qui paraîtraient invraisemblables aujourd'hui... Enfin, ce petit monde avait grandi, les conditions de vie s'étaient améliorées, et je pouvais un peu m'occuper de moi."

"Je ne dirai jamais assez tout le bien que j'ai retiré du yoga à tous points de vue"

"Je ne dirai jamais assez tout le bien que j' ai retiré du yoga à tous points de vue. Je fais assez régulièrement des "asanas" (postures de yoga, NDLR). C'est à l'occasion de ces cours que j'ai entendu parler de méditation. A l'époque, c'était tout à fait nouveau."

"Tout de suite, j'ai trouvé cela épouvantable : rester sans bouger dans une posture qui m'était extrêmement pénible, pendant 20 minutes, ne rien faire ! Et penser à quoi ? A rien justement. Je regardais ma montre à la dérobée. Je continuais le yoga et supprimais la méditation."

"Depuis, bien sûr, j'ai lu pas mal de choses sur le sujet. J'ai même eu l'occasion de la pratiquer, dans toutes les règles, au Centre Dürkheim (lieu dédié à la vie spirituelle situé dans la Drôme, NDLR) à l'occasion d'un stage inoubliable avec Christiane Singer (femme de lettres française décédée en 2007 dont l'œuvre est centrée sur la quête spirituelle, NDLR). Dans un vrai dojo, installée de façon confortable (vu mon âge), oui, cela pouvait devenir quelque chose d'intéressant... Seule, chez moi, j'avais des difficultés pratiquement insurmontables pour arrêter le film incessant de la pensée. Laisser filer les idées ? Allons donc, une ou deux peut-être, et je file avec la troisième. Et cette chose que je dois faire de suite et que j'avais oubliée..."

La méditation chantée

"Ayant lu que l'on pouvait méditer en chantant, j'ai pensé que cela m'irait parfaitement"

"L'idée de chanter n'est pas pour moi une idée neuve. J'ai toujours chanté, toute ma vie, heureuse ou pas, et plus fort encore quand ça allait mal, avec ou sans paroles. C'est pourquoi, ayant lu que l'on pouvait méditer en chantant, j'ai pensé que cela m'irait parfaitement."

"Et j'ai fini par en faire une pratique quasi quotidienne. Vivant seule, je ne dérange personne, car il ne s'agit pas de chanter des airs connus, fussent-ils adaptés, mais de laisser sortir ce qui me passe par la tête, sans paroles, ou des syllabes qui ne veulent rien dire : "Minable aujourd'hui, on dirait des rondes pour enfants" ou "tiens, on dirait du Bach !" Par contre, je m'applique. Si un son ne sort pas bien, je reprends la phrase musicale. Tenir compte aussi de la respiration, l'allonger, ressentir les mouvements du ventre qui se contracte, les vibrations dans la tête... c'est gai... c'est triste... ça devient une danse... je l'esquisse. Et ça dure ce que ça dure, je ne mesure pas."

"Après cela, je reste un moment tranquille dans mon fauteuil, je peux ne penser à rien, m'étant vidée en quelque sorte."

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