La thérapie génique, un espoir immense pour les maladies rares ET fréquentes

Pour soigner une maladie génétique, quoi de mieux que d’aller corriger le problème à sa source? C’est ce que tentent de faire les spécialistes de la thérapie génique. Les premiers succès suscitent l’espoir des chercheurs et des personnes malades.

C’est un principe universel : pour traiter un symptôme, la méthode la plus efficace consiste à traiter la cause. Le symptôme devrait alors se résorber automatiquement de lui-même. Dans le cas d’une maladie d’origine génétique, l’idée serait donc d’aller directement réparer le gène malade : c’est la thérapie génique. En théorie, c’est presque simple. En pratique, bien sûr, les chercheurs se heurtent à de nombreux écueils, dont beaucoup ont déjà été surmontés à une vitesse impressionnante, notamment grâce aux recherches financées par les dons du Téléthon.

  • La première étape consiste bien sûr à identifier le gène responsable de la maladie. Il y a 25 ans, on connaissait à peine quelques gènes. Dans les années 1990, les chercheurs du Généthon ont établi les premières cartes du génome humain, une véritable cartographie de notre patrimoine génétique.

  • Reste ensuite à trouver comment « remplacer » le gène défectueux. Chacun de nos gènes sert à commander la fabrication d’une protéine. Lorsque le gène ne fonctionne pas normalement, la protéine est défectueuse. Il faut donc trouver un moyen de faire produire cette protéine défectueuse par l’organisme.

  • Il faut d’abord isoler une version fonctionnelle du gène : on parle de gène-médicament. Cela ne suffit pas : il va falloir l’associer une autre petite séquence d’ADN, un promoteur, qui va réguler l’expression de ce gène-médicament, afin qu’il ne s’exprime qu’au sein de certaines cellules ciblées (celles de la peau, du muscle, etc.).

  • Reste ensuite à introduire cet ensemble dans le noyau des cellules, au cœur du patrimoine génétique. Pour cela, on utilise un vecteur, souvent un virus désactivé qui, par définition, à la faculté de se multiplier dans l’organisme.

  • Si toutes ces étapes ont fonctionné, alors le gène-médicament va s’exprimer et permettre de produire une protéine qui fonctionne : le patient guérit.

 

Des succès considérables

On compte déjà plusieurs succès très prometteurs.

  • Vous avez probablement entendu parler des fameux bébés-bulles, ces enfants qui naissent sans défenses immunitaires et doivent évoluer dans un environnement stérile sous peine de contracter une infection mortelle dès les premiers mois de vie. Entre 70 et 80 anciens bébés-bulles mènent aujourd’hui des vies parfaitement normales. Les premiers enfants, traités il y a une douzaine d’années, se portent très bien, la thérapie génique a agi de façon durable.

  • Plus récemment, des chiens briards atteints d’une forme particulière de cécité, l’amaurose de Leber, ont retrouvé la vue grâce à la thérapie génique. Les premiers essais sur l’Homme sont en cours.

  • En 2009, deux enfants atteints d'une maladie génétique grave du cerveau, l'adrénoleucodystrophie, liée à l'X, ont été traités par thérapie génique. La maladie évolutive a ainsi pu être stoppée. Un résultat qui ouvre des perspectives pour de nombreuses maladies neurodégénératives.

  • En 2010, un jeune malade atteint d'une maladie sévère du sang, la β-thalassémie, retrouve une vie normale, sans recours à des transfusions sanguines mensuelles, grâce à une thérapie génique. Un espoir sans précédent pour des maladies génétiques parmi les plus répandues dans le monde.

 

L’espoir pour des maladies fréquentes

 Les applications de la thérapie génique ne se restreignent pas au champ des maladies génétiques rares, loin de là.

  • Même s’il est encore trop tôt pour être affirmatif, on pense que les premiers succès en thérapie génique dans l’amaurose de Leber pourraient bénéficier à la recherche sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) qui touche une large proportion de personnes âgées et provoque à long terme une cécité partielle.

  • De même, l'essai concernant l'édrénoleucodystrophie, maladie génétique neurodégénérative, pourrait aider à développer de nouveaux traitements pour les maladies de Parkinson ou d'Alzheimer. 

  • Plus impressionnant encore : l’idée a peu à peu germé de ne pas se contenter de remplacer un gène défectueux mais d’étendre considérablement les applications de la thérapie génique en inhibant ou stimulant l’expression de gènes pas nécessairement défectueux. Ainsi, pratiquement toutes les maladies sont susceptibles d’être un jour traitées par thérapie génique. Un exemple ô combien parlant : des chercheurs proposent d’introduire un « gène-suicide » dans les cellules cancéreuses, afin de les pousser à s’autodétruire. La vaccination par thérapie génique pourrait également constituer une autre application à grande échelle.

Crédits photos : AFM-Téléthon