Utiliser un tensiomètre à domicile : pourquoi ? Comment ?

Un patient sur 3 est victime de l'effet blouse blanche, ce qui fait que la tension artérielle mesurée chez le médecin manque parfois de précision. C'est pourquoi il est préférable de prendre sa tension chez soi, au calme.

Utiliser un tensiomètre à domicile : pourquoi ? Comment ?
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"80 % des Français possèdent un pèse-personne à leur domicile. Il serait souhaitable qu'ils soient autant à disposer d'un tensiomètre pour mesurer leur tension artérielle"*, note le Pr Xavier Girerd, cardiologue à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris. Selon l'étude FLAHS 2012**, réalisée à la demande du Comité Français de la Lutte contre l'Hypertension artérielle (CFLHTA), la pratique de l'automesure à domicile a certes progressé (36% en 2010 ; 41% en 2012), mais elle demeure insuffisante. Et bien qu'un appareil d'automesure tensionnelle soit présent au domicile de 7 millions de personnes, son usage ne correspond pas aux recommandations médicales officielles. En particulier, on trouve davantage de tensiomètres de poignet que de tensiomètres de bras, alors que ces derniers sont plus faciles d'utilisation et en conséquence, plus fiables. Par ailleurs, près de la moitié des utilisateurs s'en servent "une fois de temps en temps" et 30 % déclarent "le poser dans un coin et ne plus l'utiliser". Enfin, seulement 1 % des possesseurs de tensiomètres prennent leur tension quand il faut, soit avant une visite chez le médecin.

En pratique : la règle des 3

Pour confirmer un diagnostic d'hypertension artérielle ou pour mettre en place ou apprécier l'efficacité d'un traitement chez un patient hypertendu, la réalisation d'un relevé d'auto-mesure de la tension artérielle par le patient peut actuellement être proposée par le médecin. C'est une démarche qui va prochainement devenir systématique. "On va dire au patient de prendre lui-même sa tension, c'est une vraie révolution dans la prise en charge de l'hypertension", souligne le Pr Jean-Jacques Mourad, chef de l'unité médecine interne-HTA au CHU Avicenne de Bobigny. Objectif : obtenir des informations plus précises et traiter les bons patients, ceux qui en ont vraiment besoin. "Une fois sur 2 en effet, le médecin n'obtient pas une mesure correcte de la pression artérielle pendant la consultation", note le Docteur Bernard Vaisse, Président du CFLHTA et cardiologue à l'hôpital de la Timone à Marseille. De fait, la tension artérielle d'une personne en bonne santé n'est pas stable. Elle fluctue notamment en fonction du stress et des émotions, c'est le fameux "effet blouse blanche". "1 patient sur 3 est concerné et voit ainsi sa tension artérielle augmenter lors de la consultation médicale", précise le Dr Vaisse. Et à l'inverse, la pression artérielle peut être normale au repos chez le médecin et s'élever quand le patient se retrouve dehors ou chez lui et qu'il est actif. Cette "hypertension artérielle masquée" concernerait environ 10 % à 15 % des hypertendus sous traitement selon le CFLHTA.
Alors en pratique, comment mesurer soi-même sa tension artérielle ? Pas besoin de prendre sa tension tous les jours, il suffit de faire un relevé de mesures quelques jours avant la consultation médicale. Pour que les résultats soient précis, il est important d'effectuer ce relevé au calme et en position assise. "Le patient applique alors la "règle des 3" : 3 mesures le matin, 3 mesures le soir, pendant 3 jours consécutifs, explique Bernard Vaisse. A chaque fois, on note les résultats et on les conserve afin d'en discuter avec son médecin lors de la consultation qui suit."
 

En savoir plus : le Comité Français de Lutte contre l'Hypertension communique la liste des appareils recommandés sur son site Internet.

Téléchargez la brochure "Hypertendus : suivez le guide !" du CFLHTA.

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*Propos recueillis à l'occasion de la conférence de presse " Hypertendus : suivez le guide ! ", le 11 décembre 2012. 

** Enquête FLAHS 2012, décembre 2012.