Moins de risque d'allergie chez l'enfant qui grandit à la ferme

Les allergies sont en constante progression en France, mais aussi à l’échelle de la planète. Pour expliquer cette véritable épidémie, des chercheurs s'intéressent à l'air que respirent les enfants qui vivent à la ferme.

Moins de risque d'allergie chez l'enfant qui grandit à la ferme
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Et si la solution à l’épidémie allergique se trouvait dans nos campagnes ? Selon une étude publiée dans la revue américaine Science du 3 septembre, l’exposition chronique aux poussières des fermes protègeraient du risque d’asthme et d’allergies.

L’équipe de chercheurs belges qui est arrivée à cette conclusion a d’abord mené des expériences sur des souris exposées à de la poussière prélevée dans des fermes allemandes et suisses. Les tests ont alors révélé que les souris étaient complètement protégées de l’allergie aux acariens, l’allergie la plus courante. Plus précisément, l'étude a montré que la poussière des fermes rendait "la muqueuse des voies respiratoires moins réactive aux allergènes comme les acariens" en raison d'une protéine baptisée A20. Partant du constat que le corps humain produit naturellement cette protéine quand il se trouve en contact avec la poussière d’une ferme, les chercheurs ont ensuite étudié un groupe de 2000 personnes qui avaient grandi à la ferme. Résultat : dans la grande majorité des cas, elles n’étaient ni allergiques, ni asthmatiques. Quand à celles qui l’étaient, les chercheurs ont découvert qu’elles souffraient justement d’une carence en protéine A20. "Nous avançons dans la bonne direction pour développer un vaccin contre l'asthme et des traitements contre les allergies (...) mais plusieurs années de recherche seront nécessaires avant qu'ils ne soient disponibles pour les patients", a avancé Hamida Hammad, également professeure à l'université de Ghent.

Hygiène et allergies. Pour expliquer la forte augmentation des allergies ces 30 dernières années, plusieurs théories sont avancées, parmi lesquelles la pollution et les changements climatiques, mais aussi l’excès d’hygiène. Selon les scientifiques, le fait que notre système immunitaire ne soit plus en contact avec les microbes et micro-organismes, comme il l'était il y a 50 ans, le rend moins efficace. De nombreuses études ont ainsi conforté l’idée que les enfants qui grandissent dans des fermes, davantage au contact de microbes, développent moins d'allergies que les petits citadins. Dans le cadre de l’étude Pature (Protection contre l'Allergie, étude du milieu rural et de son environnement) menée sur 1000 enfants de cinq pays européens vivant en milieu rural, les chercheurs étudient tous les microbes auxquels sont exposés ces enfants depuis leur naissance, mais également leur mode de vie (alimentation, vie à la campagne, etc.). Pour l'heure, le programme qui a fait l’objet de 18 publications internationales corrobore l’hypothèse que "naître et grandir à la ferme protège des allergies". 

40 % de la population présente des manifestations allergiques. L’OMS prévoit qu’en 2050, 1 personne sur 2 sera allergique dans le monde.