"Aujourd'hui, je privilégie ceux qui me tiennent à cœur "

Des études exigeantes, un emploi du temps millimétré : Laura nous raconte comment sa vie est passé de surchargée à surmenée, avec les dégâts que cela a pu lui causer au passage.

Laura : "Le travail, ça me connaît : plus j'en fais et plus je cherche de nouvelles tâches... Trop perfectionniste et exigeante diront les uns, un vrai robot pour les autres.
J'ai tout pour être heureuse : un bon diplôme, un joli appartement, un conjoint aimant, des parents protecteurs. Mais le ressenti est parfois différent du paraître. Vétérinaire, je suis encore étudiante en formation spécialisée. Jusqu'en septembre dernier, je me levais à 5h30 pour finir de rédiger ma thèse de doctorat, allais aux cours à 8h30 et rentrais vers 21h ou 21h30... Restait encore à préparer le repas, faire le ménage, la lessive. Et le week-end c'était sensiblement la même chose. On en arrive vite à 5h ou 6h de sommeil, tout cela pour pouvoir faire le plus de choses possible, le mieux possible. Le sommeil semble inutile, presque du temps gâché. Bien sûr, on peut oublier la vie sociale dans ces conditions et la vie de couple en prend un sacré coup. Tout cela a duré près d'un an et demi et a laissé beaucoup de traces et de blessures, pas encore bien refermées.

Arrêter ? Facile à dire...

Avec l'épuisement, vient l'anxiété de ne pas pouvoir terminer toutes les choses que l'on s'est (ou que le patron a) fixées, alors qu'il suffirait juste de dire "non" ou "stop". Les crises de panique aussi. Cela paraît simple dans l'absolu, "Il suffit d'arrêter", "Pourquoi fais-tu tout ça?", "Pourquoi ne dis-tu jamais non ?". Dans la réalité, c'est plus compliqué.
On devient irritable, on devient de moins en moins disponible pour ses amis ou pour son conjoint et on finit par s'attirer des reproches de toutes parts, bien justifiés, mais qui semblent si mal venus, comme des blessures supplémentaires. Alors on se replie sur soi et c'est un cercle vicieux qui commence.
On se réfugie dans l'action pour ne pas avoir à faire face, pour oublier, pour montrer que l'on est fort. Cela peut être le travail au bureau, à la maison, du sport intensif, "je ne suis pas fatiguée"... On se sent fort, on est fier, on a l'impression de pouvoir contrôler les choses.
Mais dans mon cas, je me sentais seule, délaissée, c'était un mal-être constant, l'impression d'être inutile, en-dessous des autres. Je voulais prouver à tous ma valeur par mon travail et pourtant on n'est pas seulement ce que l'on fait.

Dépression et troubles alimentaires

La dépression, elle était bien là, sans vraiment se montrer. Je pleurais chaque jour, dès que je me réveillais, dès les rares rêves du sommeil terminés. On se dit que c'était juste un cauchemar, en fait, c'est la réalité, et on doit déjà se lever.
J'ai fini par tomber dans l'anorexie, de 56 kg pour 1,65 m, je suis passée à 42 kg en moins de 6 mois. Je n'étais plus qu'un esprit, pas de corps. C'est une certaine volonté de disparaître, de se faire mal car on croit toujours que la douleur physique est plus supportable que la douleur psychologique, de fuir aussi.
Les proches ne comprennent pas, "Mais pourquoi veux-tu être aussi maigre ? Pourquoi t'épuises-tu autant ?" Je ne le veux pas, je ne le veux plus, je le subis...

Tout cela pour toujours montrer que l'on est à la hauteur, même plus qu'à la hauteur. Mais contrairement à ce qu'on peut croire, on n'impressionne personne, on fait juste mal à ceux qu'on aime. Je m'en rendais bien compte, mais comme toute addiction, on n'est bien souvent que spectateur.
Face à la douleur de mes proches, j'ai fini par aller consulter un psychiatre, j'en ai essayé 3 avant de trouver le bon, celui qui voulait bien m'écouter sans me juger, m'aider tout simplement.

Juger la valeur des choses

A présent, les choses vont mieux, je suis sous antidépresseurs (moi qui m'étais toujours juré de ne jamais y toucher), je suis une thérapie (c'est long) et j'essaie de me réconcilier avec la nourriture. Face à mes efforts, ma famille s'est sentie plus proche de moi et je sens plus leur amour et leur soutien. J'essaie au maximum de juger la valeur des choses, de ne privilégier que celles qui me tiennent vraiment à cœur et de me détacher des autres. Je rentre maintenant vers 19h30 à la maison, je délègue et je laisse certaines choses en suspens. Je laisse la vie suivre son cours tout simplement.
Les choses ne sont pas faciles, loin de là, mais je vois au moins la lumière, je rebondis et j'en suis fière. J'ai repris un peu de poids, avec 47 kg, mais c'est encore très difficile. Je reste très critique face à mon corps et au jugement des autres... L'espoir, la tolérance et le recul restent mes meilleures armes, en attendant des jours meilleurs."

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